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Le journal d'un fou d'art

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XXVIème Chapitre
DES TABLEAUX SPOLIES PAR LES NAZIS ENFIN RETROUVES
03 Juin 2007

Ce 1er juin 2007, le journal allemand « Süd-deutsche Zeitung » a révélé qu'une fabuleuse collection de tableaux de maîtres volés à des familles juives par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale a été retrouvée dans le coffre d'une banque zurichoise loué par Bruno Lohse, un marchand d'art qui avait pillé nombre d'œuvres d'art pour le compte du maréchal Goering.

 

Mort à 95 ans en mars 2007, Lohse n'avait été condamné après la guerre qu'à une légère peine de prison malgré l'ampleur des pillages qu'il avait orchestrés pour le compte des dignitaires nazis à travers l'Europe, et particulièrement en France dans le cadre de son sale travail au sein de l'Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) d'Alfred Rosenberg, une agence spécialement créée pour mettre la main sur les collections juives. Ce fut d'ailleurs lui qui avait organisé une visite privée pour Goering au musée du Jeu de Paume à Paris où étaient entreposées les œuvres majeures pillées en France afin de permettre à ce dernier de choisir ce qui l'intéressait, en général des œuvres exceptionnelles de maîtres anciens.

 

Goering n'était pas vraiment friand d'œuvres modernes et Lohse profita probablement de  son détachement à leur égard pour se servir lui-même et se retrouver après la guerre en possession de plusieurs tableaux pris à de riches familles juives, des oeuvres impressionnistes et cubistes pour la plupart. Libre de ses mouvements à sa sortie de prison, il se remit au commerce de l'art et créa plus tard une fondation appelée la Schoenart. Toutefois, il dut probablement éprouver des inquiétudes au milieu des années 1970 quand la traque pour retrouver les œuvres spoliées par les nazis commença enfin à s'intensifier. N'étant pas sans savoir que le système bancaire suisse lui garantissait le secret le plus total, Lohse se décida ainsi en 1978 à mettre à l'abri nombre de tableaux volés dans un coffre à la Banque cantonale de Zurich nonobstant le fait que ceux-ci avaient été vraisemblablement pris le chemin de la Suisse bien avant son arrestation à la fin de la guerre.

 

Lohse dut néanmoins se creuser longtemps la tête au sujet de son encombrant butin afin de pouvoir en tirer parti tout en prenant la précaution de ne pas tomber dans les mailles d'Interpol. Pour ce faire, il n'eut probablement pas d'autre solution que de se faire aider par des comparses pour mener sa folle entreprise à bien. Bref,  14 œuvres signées Pissarro, Monet, Dürer, Renoir ou Sisley ont été retrouvées dans le coffre de la Banque cantonale suite à deux enquêtes distinctes diligentées en Allemagne et au Liechtenstein à partir du mois de janvier 2007 lesquelles ont débouché sur l'interpellation d'un marchand d'art de Munich. 

 

Accompagné d'un autre individu, ce dernier avait contacté à Zurich la petite-fille du fondateur des éditions allemandes Fischer pour lui proposer de lui restituer un tableau de Camille Pissarro, « Le Quai Malaquais, Printemps » volé par les nazis après que les Fischer eurent fui l'Allemagne en 1938.

 

Décédé en 1995 en Italie, l'éditeur Samuel Fischer avait sans cesse espéré retrouver cette toile de Pissarro à laquelle il attachait une grande valeur affective et voilà qu'un beau jour, sa petite-fille finit par être contactée par deux inconnus venus lui proposer de lui rendre cette oeuvre, achetée selon eux à Lhose durant les années 1950, en échange d'une commission de 18% de sa valeur estimée.

 

L'héritière de la famille Fischer prit note de cette proposition mais croyant à un coup monté ou à un chantage, elle alerta la police qui procéda alors à une enquête sur Lohse. Bizarrement, au même moment, la justice du Liechtenstein mit en branle des investigations suite à une dénonciation concernant l'ex-conseiller de Goering, ce qui conduisit les enquêteurs à éplucher les inventaires de la Schoenart dans lesquels ils découvrirent les listes de plusieurs œuvres volées à des familles juives durant la guerre.

 

Les enquêteurs éprouveront peut-être des difficultés à retracer le parcours des tableaux volés puisque Lohse n'est plus là pour être entendu. Toutefois, le galeriste de Munich qu'ils ont interpellé après la plainte déposée par l'héritière de la famille Fischer pourrait les éclairer un peu plus au sujet de l'ancien marchand d'art nazi puisqu'il détenait une procuration pour avoir accès au coffre de ce dernier, apparemment comme il le voulait. 

 

Il reste désormais à déterminer l'origine des treize autres toiles dont certaines pourraient avoir été dérobées en France, un pays que Lohse avait grandement écumé en pillant au passage quelques grandes collections dont les pièces majeures  étaient destinées au Musée du IIIe Reich qu'Hitler comptait ouvrir à Linz, ainsi qu'à Goering, qui ne se privait pas de prélever sa part du butin issu de l'énorme pillage, et à d'autres dignitaires nazis amateurs d'art. Il faudra donc mener un long travail pour retrouver les héritiers des propriétaires de ces tableaux qui plus de 60 ans après la guerre ne sont probablement plus de ce monde.

 

Il reste aussi de nombreuses questions à se poser sur cette affaire et notamment pourquoi Lohse ne fit pas l'objet d'une enquête approfondie, non seulement au moment de son arrestation mais aussi après sa sortie de prison. En raison de son rôle très actif au sein de l'ERR, la police allemande aurait eu intérêt à le mettre sous étroite surveillance à partir du moment où il reprit ses activités de marchand car en ne le lâchant pas d'une semelle, il aurait été susceptible de la mener sur la piste de nombreux tableaux volés par les nazis, ce que les faits ont finalement prouvé.

 

Malheureusement, Lohse a pu mener une existence tranquille jusqu'à un âge canonique sans avoir eu à rendre de comptes, ce qui laisse supposer qu'il bénéficia de protections à l'instar d'autres dignitaires nazis qui purent fuir à l'étranger grâce à l'aide de certaines organisations religieuses, voire le CICR qui permit notamment au sinistre Eichmann de trouver refuge en Amérique du Sud. Il est aussi malheureux de constater que le secret bancaire institué par des pays comme le Liechtenstein ou la Suisse n'a pas manqué de servir les intérêts de nombreux criminels et en premier lieu des chefs nazis qui surent de la sorte escamoter leurs butins d'Allemagne avant même la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Si ces deux pays avaient accepté de lever ce fameux secret durant seulement une année entre 1945 et 1946, les victimes du nazisme où leurs héritiers auraient ainsi pu récupérer leurs biens sans attendre des décennies. D'ailleurs, on ne saura peut-être jamais combien de tableaux et d'objets d'art volés restent encore planqués dans leurs banques indépendamment du fait qu'on ne serait pas surpris d'apprendre que Lohse ou certains de ses amis y avaient loué d'autres coffres.

 

 

 

 

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