Mercredi 7 juillet 2004, visite au monastère de Sainte Catherine, adossé au Mont Moïse en plein cœur du Sinaï, le seul endroit au monde qui ait échappé aux pillages, aux destructions et autres actes iconoclastes qui ont émaillé l'histoire de l'humanité. C'est là qu'est conservée une grande partie des manuscrits et ouvrages les plus anciens d'Orient et d'Occident ainsi que les plus vieilles icônes d'inspiration byzantine qui soient connues, certaines remontant au début du VIe siècle.
La préservation du monastère tient moins du miracle que de l'intelligence des moines qui surent négocier avec à-propos un traité de non-agression avec Mahomet lui-même et évitèrent de ce fait que cet accord fût rompu en construisant une mosquée dans son enceinte pour en faire un sanctuaire inviolable et ce, depuis quinze siècles.
Sous une chaleur écrasante, des centaines de touristes se pressent dans le monastère ou au pied du Mont Moïse au sommet duquel les amateurs de sensations mystiques se gavent d'un lever de soleil plus que divin.
En cette période de l'été, l'Egypte semble cuire sous cet astre brûlant qui tanne la peau des hommes et étouffe les femmes, de plus en plus condamnées à être vêtues de la tête aux pieds au nom d'une religion appliquée à une sauce moyennâgeuse qui fait d'elles des épouses soumises.
Le voile de l'islamisation s'étend ainsi du Caire à la frontière soudanaise jusqu'à obscurcir progressivement l'avenir de ce pays qui semble inéluctablement voué à voir s'écrouler ses derniers pans de liberté.
Au moment où le président Moubarak disparaîtra, l'Egypte risquera grandement de basculer dans l'obscurantisme religieux, ce qui aura pour effet de conduire à l'instauration d'un régime islamique et aussi de tarir par ricochet la manne du tourisme dès lors que les étrangères en bikini ou autres tenues olé-olé seront regardées d'un sale œil par les autochtones et donc priées de se rhabiller.
« Avec plus de 70 millions d'habitants, dont les deux tiers vivent en état de pauvreté, l'Egypte semble désormais condamnée à devenir un Iran bis à court terme car l'emprise des intégristes musulmans sur la société est de plus en plus forte », m'a dit d'une voix remplie d'inquiétude un Copte en villégiature à Sharm El Cheikh, l'un des seuls endroits du pays qui donne aux touristes l'illusion de se croire dans une station balnéaire du style d'Ibiza.
On peut frémir à l'idée que l'Egypte devienne une république islamiste dans quatre ou cinq ans avec le risque de voir les intégristes refuser l'accès de ses trésors archéologiques aux étrangers ou pire, de se comporter comme les Talibans d'Afghanistan en les décrétant comme impies et en menaçant de les détruire. L'après Moubarak sera en attendant plein d'incertitudes et de dangers…