Voilà des mois que « Ben Claude » a disparu du monde des chineurs et nul ne sait ce qu'il est devenu après avoir vendu sa bicoque, acquise grâce à la revente d'un tableau de Monet payé 754 francs (frais compris) lors d'une vente courante à Drouot en février 1995 et revendu en juin de la même année pour un million de francs chez Sotheby's à Londres. Ayant empoché la bagatelle de 820 000 francs pour ce coup réalisé au nez et à la barbe des habitués de Drouot, « Ben Claude » avait quitté son gourbis de la Sonacotra à Montreuil pour s'acheter une petite maison à Gagny mais depuis lors, il s'était endormi sur ses lauriers comme paralysé par la portée de sa découverte. Dès lors, il ne trouva plus rien de valable et mangea progressivement ses économies pour finalement décider de revendre sa modeste demeure en février dernier.
« Ben Claude » qui avait gagné son surnom grâce à Claude Monet, ne manquait pas de venir chaque jour à l'hôtel des ventes où il avait l'habitude de bavasser avec d'autres chineurs. Mais un beau jour, il s'est volatilisé après avoir cherché en vain à emprunter de l'argent dans l'attente de recevoir les quelque 450 000 FF de la vente de sa maison. La dernière personne à l'avoir vu a rapporté qu'il semblait aussi démuni qu'un clochard, ce qui semble indiquer qu'il aurait eu alors honte de se montrer du côté de la rue Drouot. Il se pourrait aussi qu'il ait décidé de retourner à l'Île de la Réunion où il est né avant de venir en France durant les années 1970. En attendant, sa disparition fait poser beaucoup de questions à de nombreux chineurs.
Week-end triste à Saint-Ouen avec un lundi férié qui a incité de nombreux Parisiens a fuir la capitale pour profiter du soleil sur la côte normande ou à la campagne.
Les marchands se sont pour la plupart morfondus au fond de leurs boutiques en espérant faire une vente miracle. Comme cela fait plusieurs mois que les affaires sont gelées certains d'entre eux sont maintenant aux abois et dans l'incapacité de faire face à leurs charges.
Au marché Dauphine par exemple, les loyers ont été baissés d'environ 15% pour éviter une hécatombe de départs forcés mais de nombreux locataires ont encore plusieurs mois d'arriérés au compteur. Pour les forcer à payer ce qu'ils doivent, la gérance a dû employer des moyens inhabituels comme couper l'électricité de leurs stands, ce qui les empêchent de travailler puisqu'ils ne peuvent plus actionner la commande de leurs rideaux de fer. Voilà de quoi leur faire maudire le progrès et regretter les bonnes vieilles manivelles...