Le 25 juin prochain, le groupe Tajan propose à la vente une œuvre de Jean-Dominique Ingres représentant la tête de Jeanne d'Arc en extase qui devrait normalement être adjugée pour plus de 160 000 euros. L'histoire de cette peinture sur toile et papier mesurant 36 x 28 cm est quelque peu foldingue car peu d'habitués de l'Hôtel Drouot savent qu'en réalité, elle avait été acquise par un membre du Club des Rêveurs Anonymes de Drouot (CRAD) pour à peine 60 euros lors d'une vente courante en juin 1997 et ce, au nez et à la barbe des chineurs futés qui hantent chaque jour l'hôtel des ventes dans le but de faire de gros coups. L'heureux acheteur d'alors commit toutefois la bêtise de ne pas prendre tout son temps pour chercher à faire authentifier sa trouvaille et la revendit rapidement pour trois fois rien à un rêveur plus déterminé qui lui joua à sa façon la fable du corbeau et du renard avant de parvenir à obtenir de son côté un certificat d'authenticité pour finalement la céder à son tour, cette fois-ci pour quelque 90 000 euros. Pour conclure cette petite histoire, on peut remarquer qu'il existe deux races de rêveurs, celle des candides qui ont la tête en l'air et celle des malins qui savent transformer le plomb en or. Pour le reste, j'en connais un qui se mord les doigts jusqu'au sang pour avoir ainsi laissé passé sa chance.
Week-end plus que maussade au marché aux Puces de Saint-Ouen noyé sous la pluie samedi et quasiment vide dimanche. En ce mois de mai, pourri par les ponts et les grèves, la sinistrose a gagné du terrain parmi les marchands mais le mal est en fait général car il n'existe pas un seul secteur de l'économie qui soit vraiment florissant actuellement. Au train où vont les choses, les faillites vont faire des ravages dans les rangs des brocanteurs…