Vendredi 20 octobre, toujours rien de valable aux Puces où les chineurs se lamentent depuis la rentrée des vacances. Mais où est donc passée la bonne marchandise ? On pourrait croire qu'elle transite essentiellement à Drouot mais cela ne semble pas vraiment le cas puisque la plupart des salles ne proposent que de la «drouille» pour le moment. Le rythme des grandes ventes n'est pas encore au rendez-vous.
A neuf heures, je me retrouve nez à nez avec Chester qui me salue en souriant.
Le bougre ne manque pas de culot et je ne puis m'empêcher de faire la gueule en lui répondant ironiquement : «Bonjour Ernest l'Atomique»… Ma réplique, lâchée en référence au dessin d'Ernest Meissonier qu'il a osé vendre à un tiers alors qu'il m'en avait réservé la primeur, lui fait arborer un rictus de gamin pris en faute.
«Je t'avoue que je n'ai pas pu dormir de la nuit après t'avoir vexé de la sorte», me dit-il d'un ton mal assuré.
- Vexé n'est pas le mot, disons écœuré. Ton attitude était indigne d'un ami d'autant plus que lorsqu'on réserve un truc pour quelqu'un, personne d'autre n'a le droit de mettre la main dessus tant que celui-ci manifeste son intérêt.
- Je le sais fort bien et je m'en suis terriblement voulu. C'est pourquoi j'ai demandé au marchand de reprendre son chèque et de me rendre le dessin. Je te le rapporte donc…
Surprise ! Je retire, ou plutôt corrige d'emblée, ce que j'ai osé dire et écrire sur Chester qui, vivement critiqué par deux autres de ses copains chineurs, s'est dit qu'une amitié ne pouvait pas être brisée à la suite de ce moment d'égarement. Son honneur est sauf et tout finit bien en somme. L'incident est clos...