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Une oeuvre accompagnée d'un certificat d'authenticité vaut de l'or. Sans certificat, elle ne vaut rien...
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Biographies
Artcult vous propose une sélection de biographies de grands maîtres. Sélection par Adrian Darmon.
Francisco GOYA Y LUCIENTES
Date naissance/Mort : 1746-1828 Nationalité : Espagnole Activité : Peintre et Graveur Fourchette de prix : Entre 300 000 et 4 millions d'euros |
Cet article se compose de 3 pages.
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Goya fut d'abord marqué par la peinture de Vélasquez qu'il découvrit en 1778 lorsqu'il grava « Les Ménines » puis par celles de Van Dyck, Rubens, Titien ou Rembrandt qu'il admira dans les collections royales puis en 1788, il produisit des peintures religieuses dans lesquelles il mêla la vie quotidienne au surnaturel.
Il y eut ensuite la mise à l'écart de plusieurs de ses protecteurs comme Jovellanos, Floridablanca, Cean Bermudez ou Cabarrus lorsque la reine Marie-Louise et son amant Godoy instaurèrent la corruption au sein de la cour où Goya s'était au préalable comporté comme un coq au milieu d'une basse-cour en séduisant nombre d'épouses d'aristocrates, ce qui l'amena à subir des tracas de la part de maris jaloux ainsi que de l'Inquisition.
En 1790, il s'attira de nouveaux ennuis en ne cachant pas ses sympathies pour la révolution française tout en soutenant ses amis libéraux et en méprisant ouvertement l'inquisition.
En 1791, de nouvelles aventures galantes au sein de la cour l'obligèrent à s'éloigner de Madrid durant une année.
LE GRAND TOURNANT DE 1792
Revenant de Cadix en 1792, Goya devint brutalement sourd à la suite de malaises qui lui firent perdre l'équilibre et l'aveuglèrent d'hallucinations. Ce handicap brutal fit surgir chez lui un flot d'angoisses alors qu'il se sentit coupé du monde dans lequel il avait jusque là évolué pratiquement à son aise.
Perdant ainsi ses anciens repères, il donna alors libre cours à son imagination, à sa rage et ses hallucinations en se révoltant contre la vie facile. Ses petites toiles dites de cabinet ou ses gravures réalisées à partir de 1793 et titrées « Caprichos » (Caprices) dans lesquels il dénonça l'ivrognerie et les vices mais aussi la nature inconstante des femmes s'inscrivirent ainsi comme des critiques de la société et de la perversion des hommes.
L'œuvre de Goya, dont le style devint plus fougueux et sa palette plus sombre, se peupla alors de monstres, de personnages grotesques et de scènes de supplices qui firent de lui un visionnaire considérant le monde comme un enfer et un peintre révolutionnaire appliquant les premiers principes de l'Impressionnisme comme dans « La procession des Flagellants », « La Maison des fous » ou « La Scène d'Inquisition ».
Il produisit plus tard des gravures sur la tauromachie et sur les malheurs de la guerre durant l'intervention des troupes napoléoniennes après avoir échappé de peu aux griffes de l'Inquisition qui avait envisagé de le poursuivre après la parution des « Caprices » à partir de 1796.
Profitant du retour en grâce de Jovellanos en 1797, Goya obtint des commandes officielles, notamment pour les fresques de l'église de San Antonio de la Florida alors qu'ili avait déjà entamé son évolution vers une peinture plus noire et plus violente.
Le pinceau de Goya devint plus cruel et plus acerbe comme dans le portrait de groupe de la famille de Charles IV en montrant le roi sous un jour peu avantageux, la reine vieillissante et moche, l'héritier du trône Ferdinand quelque peu niais, l'infante Maria Josefa avec un visage plutôt horrible et l'infant Don Antonio avec un air d'idiot.
Marqué par la mort de la duchesse d'Albe en 1802, Goya devint un temps moins prolifique tout en manifestant une nouvelle fois son génie en peignant les deux Majas nue et vêtue et des portraits jusqu'à l'intervention des troupes de Napoléon en Espagne qui provoqua l'effondrement de la monarchie en 1808 et par ricochet une révolte populaire. Goya eut à cet égard un comportement mitigé, partagé qu'il était entre ses idées en faveur de la Révolution française et son horreur de la guerre.
Il réalisa ainsi entre 1810 et 1814 les « Désastres de la guerre » en dénonçant la férocité des hommes et les malheurs de la guerre comme Jacques Callot l'avait fait avant lui.
Ses chefs d'œuvres « Dos de Mayo » et « Tres de Mayo » peints en 1814 mirent le petit peuple et ses malheurs sur le devant de la scène en matière de peinture et furent annonciateurs des changements qu'allaient opérer les peintres romantiques et Delacroix en particulier.
Toujours plus angoissé, Goya peignit à la fin des années 1810 des tableaux religieux avec une liberté de pinceau encore plus accrue et dans un style foncièrement expressionniste en représentant des foules hystériques, des scènes sataniques, érotiques, d'horreur ou de sorcellerie, notamment dans sa maison de campagne de la Quinta del Sordo où il se retira un temps après 1816.
Il va sans dire que ces œuvres reflétaient l'état psychique dans lequel se trouvait Goya à cette époque où le désespoir l'avait de plus en plus envahi depuis l'apparition de sa maladie.
Ayant perdu sa femme en 1812, Goya ne reçut plus de commandes de la part des aristocrates et concentra son travail sur la vie du peuple et la tauromachie à partir de 1816.
La restauration de Ferdinand VI ne changea apparemment rien à sa situation privilégiée mais il rencontra de plus en plus l'opposition des milieux réactionnaires au point qu'il finit par devenir suspect.
En 1823, Goya sollicita un congé et trouva refuge à Bordeaux, où il mourut en 1828. Durant son séjour en France, il conserva une soif inextinguible d'apprendre en revenant à la couleur et en s'initiant à la lithographie. Il alla même à Paris où il visita des musées et des monuments et se rendit dans des foires avant de retourner à Madrid régler ses affaires en 1826. Vite revenu à Bordeaux, il peignit alors « La laitière de Bordeaux » dans un style annonciateur de l'Impressionnisme.
Tour à tour jovial, irascible, cynique, désemparé ou sûr de lui, partagé entre ses doutes et ses certitudes, entre la comédie et la tragédie, son plaisir de vivre et sa compassion vis-à-vis du peuple espagnol, Goya manifesta son génie tout au long d'une carrière qui suivit étroitement les courbes d'une vie intense et aventureuse.
Goya a été un peintre plutôt difficile à cerner du fait de sa profonde ambivalence au niveau de son comportement et de son parcours artistique. En tant qu'homme, il a été d'une part un sempiternel et audacieux séducteur et d'autre part, d'un naturel bagarreur, braillard et peu porté sur les convenances il a dû longtemps se plier, avec réticence certes, à l'étiquette de la cour.
Souvent menacé par l'Inquisition, il a dû composer et rentrer souvent dans sa coquille jusqu'au moment où il a été frappé de surdité. A partir de 1792, en proie à d'intolérables douleurs et à de terribles hallucinations, Goya est devenu un homme brisé par la maladie en étant forcé de tourner le dos à une existence pour le moins insouciante jusque là. Dès lors, se sentant peut-être victime d'une justice divine ou d'une malédiction, il a porté un regard miséricordieux sur le peuple espagnol en s'attachant à décrire la vie et les souffrances des gens humbles tout en dénonçant les vices, l'injustice et les turpitudes des hommes. Il va sans dire que son changement d'attitude n'a pas manqué au fil des ans de fragiliser sa position au sein de la cour jusqu'à rendre celle-ci intenable.
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Francisco Goya figure parmi les plus grands artistes espagnols, non seulement par rapport à son peuple mais aussi à travers l'évolution de sa carrière prodigieuse qui suivit les bouleversements de son temps.
Observateur de la société espagnole, il fut également un témoin féroce des désastres de la guerre qui mirent son pays à feu et à sang au début du XIXe siècle en réalisant des œuvres poignantes qui éveillèrent les consciences en Espagne plus d'un siècle avant Picasso et son fameux tableau intitulé « Guernica »
Goya fut probablement le peintre qui évolua le plus au plan du style et des thèmes puisqu'à ses débuts, il fut par excellence un artiste du XVIIIe siècle et de ses frivolités avant de devenir un peintre révolutionnaire du XIXe qui vit la naissance brutale du monde moderne.
Passé d'un univers où régnait l'insouciance, Goya traduisit alors la vision d'un monde éclaté où l'homme était confronté aux ténèbres en créant un nouveau mode d'expression, violent et terrifiant à la fois, pour devenir en quelque sorte le pionnier de l'art moderne.
Né à Fuendetodos au sein d'une famille modeste, Francisco de Paula Goya y Lucientes eut une jeunesse assez difficile en ne parvenant pas à être admis d'emblée à l'académie San Fernando de Madrid entre 1763 et 1766. S'étant formé au contact de Raphaël Mengs, il put néanmoins trouver un protecteur en la personne de Florido Blanca, un des ministres du roi Charles III, mais il ne tarda pas à se mêler violemment à des bagarres opposant les membres de diverses confréries si bien qu'un matin, on le retrouva grièvement blessé avec un couteau entre les épaules.
Rétabli, il eut affaire à l'Inquisition après avoir tenu des propos irrévérencieux à l'égard de la religion. Pourchassé, il dut se cacher et s'engagea dans la Cuadrilla d'un toréador qui quittait Madrid pour se rendre en Italie.
Goya alla donc en Italie mais dut aussi se contenter d'une deuxième place au concours de l'Académie de Parme en 1770. Lors de son séjour en Italie, il fit le portrait du pape Benoît XIV à Rome où il observa les œuvres des grands maîtres sans toutefois les copier. Ne pouvant s'empêcher cependant de manifester son penchant invétéré pour les femmes, l'artiste devint amoureux d' une religieuse et tenta de l'enlever de son couvent. Encourant la peine de mort, il dut son salut à une intervention de l'ambassadeur d'Espagne et à sa promesse de quitter l'Italie immédiatement.
De retour en Espagne, il décora le petit chœur de la cathédrale del Pilar à Saragosse ainsi que la chartreuse de l'Aula Dei, le palais Sobédial et l'église de Rémolinos. Ayant produisit des peintures religieuses dans un style proche du Baroque, il revint à Madrid en 1773 où il peignit des œuvres d'un superbe réalisme avant de bénéficier de l'appui de Mengs et de son beau-frère Francisco Bayeu pour réaliser des cartons de tapisseries à la manufacture royale de Santa Barbara.
Goya exprima alors dans ses cartons les influences des peintres français et flamands en réalisant aussi des huiles représentant des scènes galantes, de genre, de chasse ou de la vie madrilène telles « Le Jeu du Colin-Maillard », « L'Ombrelle », « Les Vendanges » ou « La Foire de Madrid », aujourd'hui au Prado, ainsi que de nombreuses œuvres décoratives pour la propriété de campagne du duc d'Osuna en 1787, telles « L'Escarpolette » ou « La Prairie de Saint-Isidore», des toiles reflétant l'existence insouciante de ses compatriotes huppés.
Ayant épousé en 1775 Josefa Bayeu, la sœur de son condisciple, Goya eut d'elle 20 enfants presque tous morts en bas âge. Infidèle et violent, il rendit cette dernière malheureuse et finit par se brouiller avec son beau-frère.
A partir de 1775, Goya sut être bien en cour auprès des nobles espagnols et du roi Charles III, ce qui lui valut en 1786 d'être nommé peintre du roi et ensuite peintre de la chambre du nouveau souverain Charles IV. Il devint alors un portraitiste très recherché des aristocrates en s'imposant comme le digne héritier de Vélasquez avec ses portraits de Charles III, Charles IV et de leurs familles.
Durant plus d'une quinzaine d'années, Goya ne peignit que des œuvres marquées par un académisme de bon aloi avec le talent en plus tout en réalisant des peintures annonciatrices de son attitude vis-à-vis de la misère du peuple espagnol alors que des événements imprévus allaient bouleverser le cours de son existence.
Goya fut d'abord marqué par la peinture de Vélasquez qu'il découvrit en 1778 lorsqu'il grava « Les Ménines » puis par celles de Van Dyck, Rubens, Titien ou Rembrandt qu'il admira dans les collections royales puis en 1788, il produisit des peintures religieuses dans lesquelles il mêla la vie quotidienne au surnaturel.
Il y eut ensuite la mise à l'écart de plusieurs de ses protecteurs comme Jovellanos, Floridablanca, Cean Bermudez ou Cabarrus lorsque la reine Marie-Louise et son amant Godoy instaurèrent la corruption au sein de la cour où Goya s'était au préalable comporté comme un coq au milieu d'une basse-cour en séduisant nombre d'épouses d'aristocrates, ce qui l'amena à subir des tracas de la part de maris jaloux ainsi que de l'Inquisition.
En 1790, il s'attira de nouveaux ennuis en ne cachant pas ses sympathies pour la révolution française tout en soutenant ses amis libéraux et en méprisant ouvertement l'inquisition.
En 1791, de nouvelles aventures galantes au sein de la cour l'obligèrent à s'éloigner de Madrid durant une année.
LE GRAND TOURNANT DE 1792
Revenant de Cadix en 1792, Goya devint brutalement sourd à la suite de malaises qui lui firent perdre l'équilibre et l'aveuglèrent d'hallucinations. Ce handicap brutal fit surgir chez lui un flot d'angoisses alors qu'il se sentit coupé du monde dans lequel il avait jusque là évolué pratiquement à son aise.
Perdant ainsi ses anciens repères, il donna alors libre cours à son imagination, à sa rage et ses hallucinations en se révoltant contre la vie facile. Ses petites toiles dites de cabinet ou ses gravures réalisées à partir de 1793 et titrées « Caprichos » (Caprices) dans lesquels il dénonça l'ivrognerie et les vices mais aussi la nature inconstante des femmes s'inscrivirent ainsi comme des critiques de la société et de la perversion des hommes.
L'œuvre de Goya, dont le style devint plus fougueux et sa palette plus sombre, se peupla alors de monstres, de personnages grotesques et de scènes de supplices qui firent de lui un visionnaire considérant le monde comme un enfer et un peintre révolutionnaire appliquant les premiers principes de l'Impressionnisme comme dans « La procession des Flagellants », « La Maison des fous » ou « La Scène d'Inquisition ».
Il produisit plus tard des gravures sur la tauromachie et sur les malheurs de la guerre durant l'intervention des troupes napoléoniennes après avoir échappé de peu aux griffes de l'Inquisition qui avait envisagé de le poursuivre après la parution des « Caprices » à partir de 1796.
Profitant du retour en grâce de Jovellanos en 1797, Goya obtint des commandes officielles, notamment pour les fresques de l'église de San Antonio de la Florida alors qu'ili avait déjà entamé son évolution vers une peinture plus noire et plus violente.
Le pinceau de Goya devint plus cruel et plus acerbe comme dans le portrait de groupe de la famille de Charles IV en montrant le roi sous un jour peu avantageux, la reine vieillissante et moche, l'héritier du trône Ferdinand quelque peu niais, l'infante Maria Josefa avec un visage plutôt horrible et l'infant Don Antonio avec un air d'idiot.
Marqué par la mort de la duchesse d'Albe en 1802, Goya devint un temps moins prolifique tout en manifestant une nouvelle fois son génie en peignant les deux Majas nue et vêtue et des portraits jusqu'à l'intervention des troupes de Napoléon en Espagne qui provoqua l'effondrement de la monarchie en 1808 et par ricochet une révolte populaire. Goya eut à cet égard un comportement mitigé, partagé qu'il était entre ses idées en faveur de la Révolution française et son horreur de la guerre.
Il réalisa ainsi entre 1810 et 1814 les « Désastres de la guerre » en dénonçant la férocité des hommes et les malheurs de la guerre comme Jacques Callot l'avait fait avant lui.
Ses chefs d'œuvres « Dos de Mayo » et « Tres de Mayo » peints en 1814 mirent le petit peuple et ses malheurs sur le devant de la scène en matière de peinture et furent annonciateurs des changements qu'allaient opérer les peintres romantiques et Delacroix en particulier.
Toujours plus angoissé, Goya peignit à la fin des années 1810 des tableaux religieux avec une liberté de pinceau encore plus accrue et dans un style foncièrement expressionniste en représentant des foules hystériques, des scènes sataniques, érotiques, d'horreur ou de sorcellerie, notamment dans sa maison de campagne de la Quinta del Sordo où il se retira un temps après 1816.
Il va sans dire que ces œuvres reflétaient l'état psychique dans lequel se trouvait Goya à cette époque où le désespoir l'avait de plus en plus envahi depuis l'apparition de sa maladie.
Ayant perdu sa femme en 1812, Goya ne reçut plus de commandes de la part des aristocrates et concentra son travail sur la vie du peuple et la tauromachie à partir de 1816.
La restauration de Ferdinand VI ne changea apparemment rien à sa situation privilégiée mais il rencontra de plus en plus l'opposition des milieux réactionnaires au point qu'il finit par devenir suspect.
En 1823, Goya sollicita un congé et trouva refuge à Bordeaux, où il mourut en 1828. Durant son séjour en France, il conserva une soif inextinguible d'apprendre en revenant à la couleur et en s'initiant à la lithographie. Il alla même à Paris où il visita des musées et des monuments et se rendit dans des foires avant de retourner à Madrid régler ses affaires en 1826. Vite revenu à Bordeaux, il peignit alors « La laitière de Bordeaux » dans un style annonciateur de l'Impressionnisme.
Tour à tour jovial, irascible, cynique, désemparé ou sûr de lui, partagé entre ses doutes et ses certitudes, entre la comédie et la tragédie, son plaisir de vivre et sa compassion vis-à-vis du peuple espagnol, Goya manifesta son génie tout au long d'une carrière qui suivit étroitement les courbes d'une vie intense et aventureuse.
Goya a été un peintre plutôt difficile à cerner du fait de sa profonde ambivalence au niveau de son comportement et de son parcours artistique. En tant qu'homme, il a été d'une part un sempiternel et audacieux séducteur et d'autre part, d'un naturel bagarreur, braillard et peu porté sur les convenances il a dû longtemps se plier, avec réticence certes, à l'étiquette de la cour.
Souvent menacé par l'Inquisition, il a dû composer et rentrer souvent dans sa coquille jusqu'au moment où il a été frappé de surdité. A partir de 1792, en proie à d'intolérables douleurs et à de terribles hallucinations, Goya est devenu un homme brisé par la maladie en étant forcé de tourner le dos à une existence pour le moins insouciante jusque là. Dès lors, se sentant peut-être victime d'une justice divine ou d'une malédiction, il a porté un regard miséricordieux sur le peuple espagnol en s'attachant à décrire la vie et les souffrances des gens humbles tout en dénonçant les vices, l'injustice et les turpitudes des hommes. Il va sans dire que son changement d'attitude n'a pas manqué au fil des ans de fragiliser sa position au sein de la cour jusqu'à rendre celle-ci intenable.
Sa surdité et les événements survenus en Espagne dès la fin du XVIIIe siècle ont donc influé considérablement sur son style au point d'en faire un peintre hors du commun et la tentation pourrait paraître grande de dresser un parallèle avec ce genre d'infirmité qui frappa Beethoven et amplifia le génie de ce musicien hors pair.
Académique à ses débuts, il a donc été le peintre de la vie quelque peu frivole de la haute société espagnole durant plus d'une vingtaine d'années avant d'effectuer un virage complet tant au plan de la technique que de celui des thèmes. A partir de 1793, Goya est devenu un peintre adulé du peuple tout autant par ailleurs qu'un pionnier dans la représentation picturale des souffrances des hommes en exprimant, comme personne ne l'avait fait avant lui, une totale liberté sur la toile. Qui plus est, il a permis d'ouvrir la voie à d'autre expressions en peinture comme plus tard l'Impressionnisme et à imposer une nouvelle approche dans le choix de thèmes jugés inconcevables au cours du XVIIIe siècle.
La particularité de Goya a été qu'il n'a guère accepté les interdits dès son plus jeune âge. D'un naturel rebelle, ce personnage n'ayant pas souvent eu froid aux yeux a été de fait un militant de la liberté et du droit de penser dont la surdité a accru à l'extrême son désir d'indépendance et sa compassion vis-à-vis de son peuple. Il est patent que son infirmé l'a profondément rapproché de ce dernier ne serait-ce que par les affres, les angoisses et la rage qu'elle a provoquées en lui.
Réduit au silence, son cri est venu alors de l'intérieur en exprimant sa haine d'une caste qui ne voulait plus entendre les voix d'un peuple brimé par l'injustice, écrasé par la pauvreté et sacrifié sur l'autel de la guerre. Héritier du Caravage de par son comportement querelleur, Goya a été également celui de Dante avant de devenir une sorte de Soljenitsine avant la lettre en dénonçant dans ses oeuvres les souffrances des hommes avec une férocité démentielle qui a marqué les esprits et influencé nombre d'artistes tout au long du XIXe siècle.
Adrian Darmon
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