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Archives des News

EDITORIAL - DECEMBRE 2000 : RIDEAU !
01 Décembre 2000


Cet article se compose de 2 pages.
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Plus de 88,000 dollars pour une mouche en plastique et métal de Tom Friedman et plus de 1,6 millions dollars un simple rideau de perles en plastique de l'artiste cubain Felix Gonzales-Torres, mort du Sida à 37 ans en janvier 1996. On peut croire que les ventes d'art contemporain organisées par Christie's au début du mois de novembre 2000 ont vraiment flirté avec le surnaturel sinon l'indécence.

La mouche de Friedman, un artiste qui vient tout juste d'émerger sur le marché, peut se trouver dans n'importe quelle boutique de farces et attrapes pour moins de 15 francs. Promue au rang d'objet d'art grâce à un savant battage médiatique de la part des stratèges du marketing de chez Christie's, elle s'est «envolée» dans la stratosphère d'un marché devenu fou. Quant au rideau de Gonzales-Torres, il ne vaudrait pas plus de 200 francs dans une quelconque droguerie de n'importe quel pays du sud de l'Europe. A plus de 12 millions francs, il a de quoi donner un coup de chaleur à son acquéreur.

On n'ignorait pas que les artistes contemporains tournaient quelque peu en rond depuis une dizaine d'années et que les maisons de vente s'acharnaient à trouver de nouveaux filons en exploitant des veines surtout médiatiques mais à présent, le marché semble sombrer dans une dangereuse folie.

Il conviendrait d'y remettre de l'ordre pour éviter de fichus désagréments à ceux qui ont misé sur des artistes ou des photographes, dont les œuvres sont considérées comme des œuvres d'art, présentés maintenant comme les héritiers de Picasso, Warhol, Basquiat, de Kooning, Jasper Johns, Jackson Pollock ou Mark Rothko.

Mais le problème est avant tout de savoir où résident les responsabilités. Concernant ces manipulations inquiétantes, les maisons de vente ne sont pas innocentes car elles n'hésitent pas à faire un battage médiatique monstrueux autour d'artistes qui sont loin d'avoir fait la preuve de leur génie créatif.

Toutefois, les maisons de vente ne sont pas les seules à mettre en cause car pour participer à ce jeu, il y a nécessairement des complices très actifs qui se trouvent parmi ces nouveaux collectionneurs ayant fait fortune à la bourse mais qui ne connaissent pratiquement rien à l'art.

Résultat : ces derniers ne misent que sur artistes qui risquent de ne plus rien valoir d'ici vingt ans.

L'appauvrissement du réservoir de tableaux modernes de qualité représente également un facteur à prendre en compte, tout comme le fait que des peintres comme de Kooning, Jasper Johns et Warhol soient devenus inabordables.
En conséquence de quoi, il existe une zone d'achats entre 100,000 et 3 millions de dollars qui attire tous ces nouveaux collectionneurs lesquels se jettent comme des affamés sur des œuvres discutables et des photographies présentées abusivement comme des œuvres d'art.

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