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Le faux n'a jamais fait défaut
01 Août 2005



Cet article se compose de 5 pages.
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L'art du plagiat a connu un développement spectaculaire à partir du moment où le marché de l'art a pris son véritable essor à la fin des années 1970. Jusque là, il était plutôt resté limité tandis que Paris occupait la première place au plan des ventes aux enchères. Les choses changèrent progressivement lorsque les maisons de vente anglo-saxonnes adoptèrent des méthodes modernes de marketing pour attirer de nouveaux clients. L'expansion économique des Etats-Unis fit le reste et permit l'apparition de nouveaux riches acheteurs avides de se constituer des collections.

Les Etats-Unis devinrent le terrain idéal des faussaires quand les cotes de peintres impressionnistes et modernes se mirent à grimper allègrement. Des galeries se mirent à fleurir à New York, Chicago, Los Angeles, Dallas ou San Francisco pour satisfaire de nombreux amateurs. L'ennui était que les experts des peintres recherchés n'étaient pas des Américains mais des Français pour la plupart et que les amateurs, peu soucieux au départ de vérifier les certificats qui accompagnaient les œuvres qu'on leur proposait ne prirent pas souvent la peine de s'entourer des précautions les plus élémentaires pour s'assurer de leur validité. D'autres avaient acheté des œuvres certifiées par des experts qui n'avaient aucune autorité sur les artistes qui étaient censés les avoir produites et d'autres encore acquirent des toiles sans certificats.

De nombreux propriétaires de petites galeries n'hésitèrent pas à vendre des œuvres douteuses en délivrant eux-mêmes des certificats qui n'avaient aucune valeur. Dans ce contexte, Legros avait vite compris le parti qu'il pouvait tirer de cette situation pour écouler ainsi des centaines de faux aux Etats-Unis.

Il serait cependant injuste de jeter exclusivement la pierre aux Américains car des décennies plus tôt, le célèbre collectionneur parisien Duret fut à la fin de sa vie la proie de nombreux escrocs. A sa mort, ses héritiers constatèrent avec stupeur que sa belle collection de tableaux impressionnistes et autres comprenait de nombreux faux.

Ayant atteint sa pleine maturité, le marché de l'art fit donc face à deux plaies inévitables, les vols et les faux qui se multiplièrent à l'envi à travers le monde occidental. Il ne fallut pas longtemps à des petits malins basés dans les pays du bloc communiste à comprendre l'intérêt de fabriquer des faux se rapportant à des artistes recherchés en Europe et aux Etats-Unis. Ils se mirent donc à l'ouvrage dès les années 1970 pour produire des œuvres de jeunesse de peintres qui avaient émigré à l'Ouest, tels Chagall et Lissitsky ou des toiles suprématistes ou constructivistes de nombreux artistes russes réputés. Avant même la chute du Mur de Berlin, il y eut ainsi un trafic juteux de faux Malévitch, Gontcharova, Suetin ou Popova.

L'augmentation sensible de peintres cotés sur le marché a entraîné une prolifération de faux tout autant que le succès des grandes marques de vêtements et de parfums qui a débouché sur une véritable industrie de la contrefaçon à travers la planète. Le succès de Botero en Colombie s'est ainsi accompagné d'une myriade de plagiats concernant ses toiles et ses sculptures. D'autres artistes ont été victimes de plagiats qui ont inondé le marché américain où on trouve une quantité incroyable de fausses sculptures de Erté, Henry Moore, Rodin, Archipenko ou Matisse vendues à des prix défiant toute concurrence. Le phénomène s'est amplifié avec l'émergence de l'Internet et le succès d'un site comme E-Bay sur lequel sont proposés chaque semaine des centaines de copies ou de faux présentés astucieusement sous le terme « attribué à » par des vendeurs qui ne manquent pas d'ingéniosité, comme des dessins ou des toiles de Picasso, Matisse, Popova, Diego Rivera, Frida Kahlo, Botero, Dali, Renoir, Pissarro, Modigliani, Moore, Rodin, Gontcharova, Laurens, Childe Hassam, Corot, Monet, Franz Marc, August Macke, Tamara de Lempicka et autres. Une véritable épidémie pour le marché déjà soumis à rude épreuve par la crise économique mondiale.

Toute demande qui est devenue appuyée sur un peintre entraîne souvent l'apparition de plagiats, cela a été le cas pour Michel-Ange, Rembrandt, Watteau et plus tard Vlaminck, Derain, de Chirico, Foujita, Warhol, Basquiat, Pollock et maintenant Combas et d'autres artistes contemporains. C'est là la rançon du succès qui provoque aussi la prolifération de simples copies. Mais de la copie au faux, il n'y a qu'un pas et celui-ci peut être facile à franchir lorsque certains individus se rendent compte qu'il est légalement moins risqué d'écouler des plagiats que des billets de banque contrefaits.

Il n'existe pas de profil type du faussaire et cela vaut autant pour les gogos car parmi eux figurent aussi des amateurs décrits comme avertis.

On ne peut néanmoins considérer comme faux les copies réalisées dans le cadre d'un enseignement ou d'une formation artistique ou les œuvres créées partiellement par des maîtres dans leurs ateliers et terminées par leurs élèves. De nombreux grands peintres eurent ainsi recours à des assistants pour répondre à un trop-plein de commandes, ce qui fut le cas notamment de Rubens et dans une moindre mesure de Rembrandt. Et puis, bien que cela puisse déboucher sur une erreur d'expertise, toute copie n'est par essence qu'une reproduction fidèle de l'oeuvre d'un maître alors que le faux nécessite la création d'une composition qui ne soit pas le duplicata d'une autre et ce, dans le but de tromper un amateur ou un spécialiste.

Sorti de là, on peut décréter qu'un faussaire est celui qui crée une œuvre en la faisant passer pour celle de l'artiste qu'il a plagié et en la revendant à un prix conséquent mais pour faire un faux et gagner de l'argent facilement, il est nécessaire de choisir un artiste dont la cote est établi. Mais pour ce faire, il faut surtout avoir du talent, bien connaître les techniques anciennes, les composants chimiques despigments utilisés par les maîtres d'autrefois et aussi être capable de créer une composition fidèle à l'esprit exhalé par ces derniers et de bâtir ensuite une histoire crédible concernant un tableau soudainement « redécouvert ».

Pour faire un faux, il est donc nécessaire d'avoir du talent pour peindre tout en sachant bien cerner la vie et l'œuvre de l'artiste qui sera plagié pour déjouer les questionnements d'un expert, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Toutefois, à moins d'être redoutables en affaires, les faussaires n'ont pas toujours tous les atouts en main pour mener à bien leur entreprise malhonnête. Une fois qu'ils ont exécuté un faux, il leur faut partir à la recherche de gogos pour le vendre mais ayant pour la plupart une âme d'artiste, ils se retrouvent bien en peine à se mettre dans la peau d'un Legros.

Pour écouler un faux, il est donc nécessaire d'avoir un caractère bien trempé pour tromper des amateurs. La plupart du temps, les faussaires se retrouvent donc dans une impasse et se débarrassent souvent à vil prix de leurs plagiats en faveur du premier venu.

Tout en remarquant que certains grands de ce monde n'hésitèrent pas à se permettre des écarts de conduite, comme le pape Clément VII qui se permit de faire faire une copie du portrait de Léon X par Raphaël en l'offrant à Frédéric II Gonzague tout en lui faisant croire qu'il s'agissait de l'oeuvre originale, il convient de rappeler que le trafic de faux ne serait pas ce qu'il est sans l'intervention de personnages à l'esprit tordu qui ont le don de magouiller et qui profitent de la naïveté des gens pour les tondre à loisir. Cela a notamment été le cas de P. R., un personnage à l'air très sympathique qui a fini progressivement par quitter la voie de l'honnêteté pour se vouer à l'art de l'escroquerie.

Présentant bien et jouant le rôle d'un cadre bien nanti demeurant dans une belle villa située dans une banlieue chic, marié de surcroît à une séduisante jeune femme très attentionnée avec ses enfants, ce personnage redoutable avait mis au point un stratagème bien huilé pour attirer les gogos.

Passant des annonces dans les journaux et les magazines d'art, il faisait croire à ses victimes qu'il avait besoin de vendre une partie de son impressionnante collection pour se construire une piscine ou encore pour financer des travaux urgents. Pour les mettre en confiance, il leur vendait une œuvre authentique à un prix séduisant tout en ne manquant pas de les appâter au passage en leur montrant d'autres toiles ou des objets d'art de qualité qu'il serait peut-être amené plus tard à vendre en cas de besoin. Pour garnir sa splendide demeure, il n'hésitait pas aussi à faire appel à des marchands de la capitale pour se faire confier des œuvres que ceux-ci avaient du mal à vendre en boutique mais en faisant croire qu'elles lui appartenaient et qu'elles n'étaient jamais apparues sur le marché, celles-ci devenaient alors bien tentantes pour ses visiteurs.

P. R. ne manquait pas par ailleurs de fréquenter assidûment des marchands et l'Hôtel Drouot où il n'hésitait pas à lever le doigt de temps à autre pour enchérir au point de susciter l'intérêt de commissaires-priseurs avec il avait pris l'habitude de discuter avant ou après une vente en se faisant passer pour un personnage important.

Une fois ferré, un client revenait le voir et faisait alors l'acquisition d'œuvres prétendument authentiques jusqu'au moment où il fit l'objet de plaintes puis d'un article assassin dans « Le Point » qui exposa sa combine de long en large.

Il fit des dizaines de victimes durant plus d'une dizaine d'années mais la justice se montra fut plutôt lente pour lui mettre la main au collet. Entre-temps, l'aigrefin se permit même de participer en tant que marchand à de grands salons d'antiquaires tout en continuant à recevoir d'autres gogos dans sa villa. Généreux, il offrait le champagne alors que sa tendre épouse, un enfant dans les bras, se mêlait gentiment à la conversation pour mettre le visiteur plus en confiance. Rattrapé par la justice, ce spécialiste de la vente de faux s'est retrouvé en prison pour cinq ans au début de juillet 2005 alors que son épouse et complice a été mise en résidence surveillée.

D'autres courtiers véreux sont encore en activité de par le monde et peuvent espérer avoir de beaux jours devant eux tant qu'il y aura des amateurs excités par l'idée d'acheter des œuvres importantes à bon compte. Il suffit de se rappeler que les fausses pierres ont commencé à circuler à partir du moment où les diamants ont été convoités. Il en va ainsi de même pour les objets d'art.

Adrian Darmon

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