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Courbet et l'Origine du Monde
01 Juin 2005



Cet article se compose de 2 pages.
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Durant des siècles, les peintres n'osèrent jamais représenter une femme les jambes écartées, exhibant crûment son vagin entouré de poils pubiens ou du moins, aucun d'entre eux se permit de montrer une telle œuvre mais il est de fait que nombre d'artistes produisirent en secret des dessins érotiques, voire pornographiques, notamment plus fréquemment au XVIe siècle que durant les époques qui suivirent, à l'instar des artistes romains de l'Antiquité, auteurs de fresques très suggestives trouvées plus tard à Pompéi ou Herculanum.

Rembrandt produisit probablement en secret des œuvres érotiques alors qu'au XVIIIe siècle, considéré comme celui du libertinage, Boucher et Fragonard, tout comme Füssli, peignirent des œuvres franchement suggestives et durent aussi exécuter quelques dessins à caractère pornographique destinés à n'être montrés qu'à leurs proches amis. On sait par ailleurs que Joseph William Mallord Turner réalisa aussi de pareils dessins en quantité mais que Ruskin, farouche gardien de son œuvre, détruisit rageusement après sa mort.

Le XIXe siècle connut l'avènement de la bourgeoisie qui imposa d'emblée une morale rigoureuse et rejeta de ce fait l'érotisme en peinture en fixant un critère strict de décence pour la représentation de la nudité, à savoir des poses non suggestives et une imagerie classique pratiquement semblable à celle des statues en marbre de l'Antiquité.

Les peintres durent alors faire assaut d'ingéniosité pour représenter érotiquement des femmes nues dans leurs œuvres comme Ingres avec son «Bain Turc» et d'autres tableaux suggestifs qui frappèrent les esprits de son époque. Il faut dire que la censure était terriblement vigilante, à tel point qu'elle s'exerça avec férocité peu après l'apparition de la photographie lorsque des photographes osèrent réaliser des clichés de nus mais aussi de scènes pornographiques qui les exposaient à des peines de prison lorsque la police mettait la main dessus à l'issue de descentes fréquentes dans leurs studios.

Le sculpteur Rodin dut de son côté affronter de sévères critiques concernant certaines de ses œuvres jugées par trop perverses mais la tentation resta forte pour de nombreux artistes de faire la nique à la moralité en produisant des œuvres proprement scandaleuses. Dès le 1er Empire, inspirés par leurs aînés du XVIIIe siècle, des peintres avaient d'ailleurs réalisé des miniatures érotiques dissimulées dans le double-fond de boîtes en écaille cerclées d'or alors qu'un artiste comme l'Autrichien Peter Fendi (1796-1842) peignit des œuvres ouvertement pornographiques dès 1830.

Il fallait néanmoins être un peintre anti-conformiste et rebelle pour tenter de faire un pied de nez à la société très victorienne du Second Empire et braver ainsi les interdits pour réaliser une œuvre franchement osée mais nul autre que Gustave Courbet (1819-1877), critique enragé de la société et contestataire dans l'âme, ne fut en mesure de franchir le pas.

C'est ainsi qu'en 1866, ce dernier s'attela à peindre l'œuvre mythique qu'est devenue « L'Origine du Monde », un tableau qui, faute à cette sacro-sainte morale imposée jusqu'au début des années 1970, resta cependant longtemps caché avant d'être finalement accroché au Musée d'Orsay en 1995. Son dernier possesseur, le psychanalyste Jacques Lacan, qui l'avait acquis en 1955, n'osa pourtant jamais le montrer et le dissimula dans un cadre à double fond derrière un volet orné d'une œuvre de son beau-frère André Masson peinte à sa demande.

Inspiration ou oeuvre de commande ? On ne sait vraiment ce qui poussa Courbet à peindre une œuvre si sulfureuse qui pendant plus d'un siècle resta seulement connue de quelques privilégiés à cause du trouble qu'elle pouvait provoquer.

Cet incroyable tableau de Courbet montre le corps d'une femme, cambrée dans les plis d'un drap blanc, sans tête, comme décapitée, juste un corps féminin qui s'arrête à mi-cuisses mais qui dévoile une sensualité outrageuse et impudique. Courbet a réussi là le tour de force de représenter la Femme avec son sein nourricier et son sexe, réceptacle de l'amour charnel et creuset de l'existence humaine, d'où le titre « L'Origine du monde ».

Courbet a mis à nu la femme pour la glorifier et a montré ce sexe ouvert pour pointer à l'évidence l'origine de notre existence et exalter aussi la mère et si ce tableau resta si longtemps dissimulé pour être éloigné des regards ce fut pour la simple raison qu'il représenta non pas une femme dans sa simple nudité provocatrice mais une amante prête à s'offrir avec volupté ou ayant déjà éprouvé un orgasme après un acte sexuel et ce, dans une posture équivoque que nulle mère de famille bourgeoise n'aurait osé adopter entre 1815 et 1970.

Ce tableau était tellement osé et troublant que n'importe qui aurait pu avoir l'esprit dérangé en le voyant. D'ailleurs, le fait que Lacan lui-même imagina plus convenable de le dissimuler aux regards des autres, témoigne de l'anxiété même du psychanalyste face à la vision d'une mère s'abandonnant comme une fille de mauvaise vie aux délices de l'amour. Une vision choquante pour un bourgeois et encore plus pour un enfant issu d'une famille bien sous tous rapports et élevé dans le culte d'une maman idéale.

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