"On a toujours le droit, parce que c'est amusant et facile, de transformer la Tamise en mer rouge mais c'est dangereux. Il faut ensuite être capable de la traverser à pied sec comme les Hébreux" (Derain)
Dès lors, les milieux monarchistes crurent à tort que l'évasion de Louis XVII avait été organisée secrètement et qu'il avait longtemps vécu caché pour échapper à toute tentative d'élimination de la part de ceux qui s'étaient acharnés à détruire la dynastie des Bourbons.
Une imposture longtemps entretenue
Cette prétendue disparition mystérieuse de Louis XVII favorisa rapidement l'apparition de nombreux imposteurs plus ou moins convaincants qui contestèrent la version officielle de sa mort afin de revendiquer la succession de Louis XVI.
Le plus célèbre d'entre eux fut un Prussien nommé Naundorff qui fut suffisamment crédible aux yeux de nombreux princes et nobles émigrés pour être considéré comme le fils du roi assassiné au point que ses descendants purent même obtenir de la Hollande le droit de porter le nom de Bourbon.
L'entreprise menée par Naundorff et reprise par ses descendants aurait pu aboutir et peut-être changer le cours de l'histoire en perpétuant une légende fabriquée de toutes pièces et entretenue par plus de deux siècles d'incertitudes. Mais le petit roi martyr sortit de l'affreux oubli dans lequel il était plongé grâce à la science venue au secours du rétablissement de la vérité.
En effet, le cœur momifié de l'enfant avait été par miracle conservé, grâce au médecin légiste Philippe-Jean Pelletan qui avait mis celui-ci subrepticement dans sa poche à l'issue de l'autopsie qu'il avait conduite. Celui-ci expliqua par la suite qu'il avait voulu par son geste honorer la mémoire du dernier des rois de France. Ce fut au deuxième étage de la grande tour du Temple, édifiée en 1212 et haute de 45 mètres, que les docteurs Pelletan, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, Dumangin, médecin-chef de l'hospice de la Charité, Lassus, professeur de médecine légale à l'Ecole de santé de Paris et Jeanroy, professeur à la Faculté de médecine pratiquèrent le 9 juin 1795 à l'autopsie du cadavre de Capet fils, ainsi nommé selon l'état civil révolutionnaire.Les médecins découpèrent le corps, en dégageant le ventre et l'estomac et en sciant le crâne au niveau des orbites.
Leur verdict fut que Louis XVII était mort d'une tuberculose généralisée probablement très douloureuse puisqu'il avait des tumeurs au genou droit et au poignet gauche gorgées du même liquide « puriforme et lymphatique » trouvé dans les intestins, le péritoine, la paroi externe de l'estomac et la plèvre entourant les poumons.Le corps de l'enfant ayant été refermé, le docteur Pelletan, profitant d'un moment inattention de ses confrères, subtilisa le cœur en le glissant dans sa poche après l'avoir roulé dans le son qui couvrait la table sur laquelle le cadavre était allongé.
Pelletan garda secrètement le cœur de l'enfant et ne révéla son existence que bien plus tard. Après des pérégrinations souvent rocambolesques, ce cœur déposé dans la basilique Saint-Denis a été examiné par des experts qui ont pu l'authentifier en comparant son ADN (acide désoxyribonucléique) à ceux de la reine Marie-Antoinette et à deux de ses sœurs. Les conclusions de leurs recherches ont été présentés à la presse le 19 avril 2000 et exposées dans un livre de l'historien Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité. Cette analyse a mis fin à une énigme vieille de 205 ans qui a divisé les partisans d'une substitution et ceux qui étaient convaincus que l'enfant mort au Temple était bien le roi Louis XVII. Désormais, les derniers restes de l'enfant royal Louis XVII reposeront le 8 juin 2004 dans la nécropole royale de Saint-Denis.
Le 8 juin 1795 à Paris, le dauphin Louis XVII mourut à la prison du Temple dans la solitude et l'abandon le plus complet après les exécutions de ses parents qui lui causèrent un choc psychologique terrifiant et les conditions de sa détention qui l'amenèrent à subir ensuite un martyre abominable.
Né le 27 mars 1785, Louis-Charles, duc de Normandie, fils cadet de Louis XVI, était devenu l'héritier du trône à la suite de la mort de son frère aîné le 4 juin 1789. Il ne connut donc qu'une enfance choyée durant quatre années marquées cependant par le déclin de la royauté, mise à mal par la crise économique et l'affaire du collier de la reine Marie-Antoinette qui vit l'opinion se retourner contre elle et s'exposa alors à la vindicte populaire.Le roi, qui avait notamment écrit dans son journal de chasse « RIEN » le 14 juillet 1789, ne sentit pas venir la révolution ou du moins ne parvint pas à imposer des réformes urgentes pour l'éviter et ne put dès lors échapper à la tourmente qu'elle avait enclenchée. Sa fuite, avortée à Varennes, entraîna la chute de la royauté et le 13 août 1792, le dauphin fut enfermé à l'âge de 7 ans avec ses parents, sa tante, Madame Elisabeth, et sa sœur aînée, Madame Royale, dans l'enclos du Temple.
Jugé et dans l'incapacité de se défendre car son sort était scellé par avance, Louis XVI fut condamné à mort et exécuté alors que les chefs révolutionnaires, sous la conduite de Robespierre, avaient instauré un climat de terreur avec la volonté d'effacer les symboles de la monarchie. Les tombes royales furent ainsi profanées, le trésor de Saint-Denis pillé, les châteaux vidés, les statues royales déboulonnées et fondues, de nombreuses églises détruites ou vandalisées et les membres de la noblesse traqués ou au mieux, contraints à l'exil.
Le dauphin devint donc Louis XVII à la mort de son père le 21 janvier 1793, et les grands royaumes européens reconnurent d'emblée la légitimité du petit roi à peine âgé de huit ans, monarque fantôme d'un pays livré à l'anarchie, naguère respecté et influent, désormais entouré d'ennemis et comptable du massacre les opposants à la révolution sous la férule d'un gouvernement miné par les luttes intestines et les rivalités entre les représentants de diverses factions.
Le petit roi n'eut guère la possibilité de faire valoir son titre, ni même de vivre sous la protection de sa mère puisqu'il fut enlevé quelques mois plus tard à Marie-Antoinette et détenu dans des conditions déplorables et inimaginables dans la prison du temple sous la garde du cordonnier Simon qui, chargé par le gouvernement révolutionnaire de le surveiller, demanda notamment ce qu'il convenait de faire de cet enfant et reçut mission de la Convention de le faire disparaître.
En attendant, il prépara cette disparition physique par le biais d'une rééducation appropriée avec lavage de cerveau à l'appui, ses bourreaux lui apprenant à haïr ses parents et le monde qui l'avait vu grandir alors que son seul crime reposait sur sa naissance.
Le cordonnier Simon ne se priva pas de le battre parfois et surtout de l'humilier en lui apprenant à chanter et jurer comme un vrai sans-culotte tout en lui faisant dire qu'il aurait eu des rapports incestueux avec sa mère. Ces aveux, extorqués d'une manière ignoble, furent ainsi présentés comme des pièces à charge accablantes au procès de Marie-Antoinette laquelle fut traînée dans la boue devant le tribunal révolutionnaire et jugée sans aucune chance d'équité.L'exécution de la reine, victime expiatoire d'une révolution alors sanguinaire, laissa l'enfant encore plus démuni face aux brutes qui l'entouraient et l'humiliaient sans cesse en brisant ce qui pouvait lui rester de résistance.
Alors que la Terreur jacobine battait son plein, Louis XVII fut enfermé en janvier 1794 dans une prison insalubre, ce qui ne manqua pas de briser sa santé physique et mentale. La chute de Robespierre et la fin de la dictature jacobine amenèrent toutefois les nouveaux maîtres de la France à envisager de le remettre aux Autrichiens en échange de prisonniers français mais l'enfant-roi était déjà à l'article de la mort laquelle survint pour cause de scrofule, une forme particulière de tuberculose que les rois capétiens, selon la légende, pouvaient néanmoins guérir en touchant les plaies des malades le jour de leur sacre.
A quelques semaines près, le petit roi aurait pu connaître le un sort moins funeste puisque sa sœur Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, fut échangée contre des prisonniers français en étant livrée à l'Autriche le jour de ses 17 ans, le 19 décembre 1795. Cette dernière épousa en 1799 son cousin, Louis d'Artois, duc d'Angoulême. Toutefois, son comportement bizarre concernant sa détention et les rapports qu'elle avait eus avec ceux qui l'avaient connue en France favorisèrent la rumeur d'une mystérieuse substitution de son frère. Dès lors, les milieux monarchistes crurent à tort que l'évasion de Louis XVII avait été organisée secrètement et qu'il avait longtemps vécut caché pour échapper à toute tentative d'élimination de la part de ceux qui s'étaient acharnés à détruire la dynastie des Bourbons.
Dès lors, les milieux monarchistes crurent à tort que l'évasion de Louis XVII avait été organisée secrètement et qu'il avait longtemps vécu caché pour échapper à toute tentative d'élimination de la part de ceux qui s'étaient acharnés à détruire la dynastie des Bourbons.
Une imposture longtemps entretenue
Cette prétendue disparition mystérieuse de Louis XVII favorisa rapidement l'apparition de nombreux imposteurs plus ou moins convaincants qui contestèrent la version officielle de sa mort afin de revendiquer la succession de Louis XVI.
Le plus célèbre d'entre eux fut un Prussien nommé Naundorff qui fut suffisamment crédible aux yeux de nombreux princes et nobles émigrés pour être considéré comme le fils du roi assassiné au point que ses descendants purent même obtenir de la Hollande le droit de porter le nom de Bourbon.
L'entreprise menée par Naundorff et reprise par ses descendants aurait pu aboutir et peut-être changer le cours de l'histoire en perpétuant une légende fabriquée de toutes pièces et entretenue par plus de deux siècles d'incertitudes. Mais le petit roi martyr sortit de l'affreux oubli dans lequel il était plongé grâce à la science venue au secours du rétablissement de la vérité.
En effet, le cœur momifié de l'enfant avait été par miracle conservé, grâce au médecin légiste Philippe-Jean Pelletan qui avait mis celui-ci subrepticement dans sa poche à l'issue de l'autopsie qu'il avait conduite. Celui-ci expliqua par la suite qu'il avait voulu par son geste honorer la mémoire du dernier des rois de France. Ce fut au deuxième étage de la grande tour du Temple, édifiée en 1212 et haute de 45 mètres, que les docteurs Pelletan, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, Dumangin, médecin-chef de l'hospice de la Charité, Lassus, professeur de médecine légale à l'Ecole de santé de Paris et Jeanroy, professeur à la Faculté de médecine pratiquèrent le 9 juin 1795 à l'autopsie du cadavre de Capet fils, ainsi nommé selon l'état civil révolutionnaire.Les médecins découpèrent le corps, en dégageant le ventre et l'estomac et en sciant le crâne au niveau des orbites.
Leur verdict fut que Louis XVII était mort d'une tuberculose généralisée probablement très douloureuse puisqu'il avait des tumeurs au genou droit et au poignet gauche gorgées du même liquide « puriforme et lymphatique » trouvé dans les intestins, le péritoine, la paroi externe de l'estomac et la plèvre entourant les poumons.Le corps de l'enfant ayant été refermé, le docteur Pelletan, profitant d'un moment inattention de ses confrères, subtilisa le cœur en le glissant dans sa poche après l'avoir roulé dans le son qui couvrait la table sur laquelle le cadavre était allongé.
Pelletan garda secrètement le cœur de l'enfant et ne révéla son existence que bien plus tard. Après des pérégrinations souvent rocambolesques, ce cœur déposé dans la basilique Saint-Denis a été examiné par des experts qui ont pu l'authentifier en comparant son ADN (acide désoxyribonucléique) à ceux de la reine Marie-Antoinette et à deux de ses sœurs. Les conclusions de leurs recherches ont été présentés à la presse le 19 avril 2000 et exposées dans un livre de l'historien Philippe Delorme, Louis XVII, la vérité. Cette analyse a mis fin à une énigme vieille de 205 ans qui a divisé les partisans d'une substitution et ceux qui étaient convaincus que l'enfant mort au Temple était bien le roi Louis XVII. Désormais, les derniers restes de l'enfant royal Louis XVII reposeront le 8 juin 2004 dans la nécropole royale de Saint-Denis.