Comme nous l'avions annoncé sous forme de scoop en avril 2001 un scandale concernant des contrefaçons d'œuvres du sculpteur César Baldaccini dit "César", mort il y a près de trois ans, vient d'éclater au grand jour suite à l'annonce faite le 19 novembre par la gendarmerie de Marseille de l'arrestation d'un groupe de faussaires.
L'enquête de la police et de la gendarmerie a démarré depuis près de deux ans et concerne non seulement un réseau de faussaires mais également plusieurs marchands qui ont écoulé des faux au risque de faire chuter la cote du célèbre sculpteur sur le marché.
Des dizaines de faux (environ 200) ont été saisis dans des galeries et chez des commissaires-priseurs suite au démantèlement du réseau de faussaires en septembre dernier.
Trois personnes ont été mises en examen, dont le faussaire et le revendeur principal alors que d'autres ont été longuement entendues par les enquêteurs qui ont mis la main sur de faux tampons de l'atelier de César ainsi que sur l'empreinte contrefaite de son pouce- sa marque distinctive.
Cette nouvelle affaire de faux éclabousse le marché de l'art parisien et les proches de l'artiste. Agée d'une trentaine d'années, a dernière compagne de César, en conflit avec la famille de ce dernier au sujet de sa succession, a été ainsi placée en garde à vue durant 36 heures alors que Denyse Durand-Ruel, responsable du catalogue raisonné des oeuvres de l'artiste, a été longuement interrogée par les enquêteurs.
Cette dernière avait été notamment approchée par le principal faussaire du réseau, Eric Piedoie, alias « Le Tiec » qui fabriquait des compressions « à la César » en y ajoutant la signature contrefaite de l'artiste. Par ailleurs, un journaliste parisien, soupçonné d'avoir fabriqué de faux certificats d'authenticité, a été mis en examen tout comme Guy Pieters, l'un des plus grands marchands d'œuvres contemporaines en Belgique et ami de César, qui aurait écoulé des contrefaçons dans son pays et en France.
Les enquêteurs tentent actuellement de retrouver les acheteurs de ces faux et de déterminer si d'autres professionnels du marché de l'art n'ont pas trempé dans cette vaste escroquerie. Il y aurait eu ainsi plusieurs centaines de faux sur le marché depuis la mort de César en 1998 et le préjudice pourrait dépasser plus d'une centaine de millions de francs.
Ce n'est que quelques semaines après la disparition de César que le réseau de faussaires a fonctionné, «Le Tiec» trouvant des clients au cours de soirées de la jet-set parisienne. Résultat : les œuvres de César ne se vendent pratiquement plus sur le marché actuellement et les commissaires-priseurs bloquent les ventes de celles-ci pour éviter d'éventuels problèmes de recel. Pour leur part, les gendarmes de la section de recherche de Marseille, épaulés par des policiers du service de la répression des fraudes, poursuivent leurs investigations et annoncent que d'autres interpellations auront probablement encore lieu.
(Le 21.11.2001 13heures50)
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