Les héritiers Picasso veillent jalousement au respect de leurs droits à travers le monde et engrangent par ailleurs de nombreux pactoles tirés des copyrights liés au nom du célèbre peintre. Protecteurs du nom mythique de Picasso, ils ont ainsi une complète main-mise sur toutes les reproductions de son oeuvre allant des photos aux produits portant celui-ci. Dernièrement, ils ont permis à la firme Citroën de lancer le modèle Xsara Picasso et ont négocié avec les Cognac Hennessy la création d'un Cognac portant une étiquette Picasso ou la société ST Dupont la diffusion d'un briquet Picasso. La Picasso Administration et la société de gestion des droits de l'indivision Picasso regroupant les intérêts des cinq héritiers de l'artiste et présidées par son fils Claude, ont tissé pour ainsi dire leur toile à travers le monde pour récolter toutes sortes de droits avant que le nom ne tombe dans le domaine public, en 2023 à l'étranger, et en 2043 en France, rapporte le quotidien "Le Monde" dans sa livraison du 4 . Selon le journal, 1043 marques ont été déposées dans le monde dont 11 par l'indivision et près de 300 par Paloma Picasso qui fut la première à vendre son patronyme pour une marque de parfums. Il y a donc plus de 700 autres marques qui sont considérées comme illégales. Les héritiers Picasso entendent donc limiter les abus mais n'ont pu empêcher l'Américaine Marilyn Goldberg et sa société Museum Masters International (MMI) d'exploiter les droits vendus par Marina Picasso sur les toiles que lui avait léguées son père Paul, fils aîné du maître, et de les reproduire quelque peu sans vergogne. Finalement, l'indivision a négocié avec MMI pour protéger le droit des marques et a elle-même exploité la marque Picasso pour dissuader d'autres aventuriers de le faire. Mort, Picasso enrichit ainsi sa nombreuse famille bien plus qu'il ne l'avait fait de son vivant. Égocentrique et près de ses sous, il ne combla certainement pas de ses largesses la plupart de ses enfants ou marqua des préférences pour certains allant jusqu'à en ignorer d'autres. Cet aspect un peu sordide de sa vie reste occulté par les héritiers qui ont vite oublié aujourd'hui les humiliations et les disputes homériques pour ne plus penser qu'à faire fructifier son immense héritage. C'est certes de bonne guerre sauf que la famille Picasso ne fait aucun cadeau en ce qui concerne les droits de reproduction de photos pour des magazines, limitant de ce fait l'accès à la connaissance de l'œuvre du peintre par un plus grand nombre d'individus. Picasso n'est cependant pas le seul à être l'enjeu d'une intense bataille de marketing. Le Monde cite d'ailleurs le nom de Dali utilisé en 1982 par la société française de cosmétiques Confinluxe pour une marque de parfum et celui d'Andy Warhol, le roi du Pop Art américain qui détourna tant de marques pour en faire des objets d'art et dont le nom sera aussi bientôt exploitée par cette dernière, associée pour la circonstance avec MMI. On constate que le gâteau est énorme et c'est somme toute une manière comme une autre de faire diffuser l'art à travers le monde quoique la manne ne profite qu'à quelques privilégiés qui jouissent ainsi d'un jackpot énorme.
|