Bernard Buffet, le peintre français le plus célèbre d'après-guerre à l'étranger, s'est suicidé dans sa maison de Tourtour dans le Var le 4 octobre 1999. Buffet, 71 ans, souffrait de la maladie de Parkinson et n'arrivait plus à travailler normalement depuis quelques mois.
Devenu immensément riche après avoir été très recherché au Japon où des musées ont été créés à sa gloire, le peintre était en fait mort pour la critique depuis la fin des années 1950 lorsqu'elle considéra qu'il avait définitivement perdu son génie créateur.
Né à Paris en 1928, il avait suivi des cours de dessin en 1943 avant d'entrer à 16 ans à l'Ecole des Beaux-Arts. Sa première exposition eut lieu en 1947 et Buffet fut vite acclamé comme le meilleur peintre français figuratif de l'après-guerre.
Peignant dans un style qui lui était propre à coups de lignes noires et allongées, il exprima entre 1947 et la fin des années 1950 son angoisse existentialiste à travers de nombreuses œuvres et en abordant divers thèmes comme les portraits, les nus, les paysages, les horreurs de la guerre, la mythologie, le cirque ou les natures mortes notamment.
Durant les dix ans qui suivirent ses débuts, Buffet créa un monde particulier quelque peu glauque et misérabiliste avec un souffle qui fit de lui le digne successeur d'un Goya mais à partir de 1955, ivre de son succès, il devint un peintre essentiellement commercial et ne parvint pas à évoluer.
Très demandé au Japon, il peignit d'une manière prolifique produisant ainsi plus de 8000 œuvres durant sa carrière sous la houlette de son fidèle marchand Maurice Garnier. Bien conseillé par ce dernier qui organisait une exposition annuelle selon un thème défini, Buffet vit sa cote monter au zénith à la fin des années 1980 lorsque certains de ses tableaux dépassérent la barre des cinq millions de francs en vente.
Malgré une chute sensible des prix de ses œuvres – tombés à moins d'un million au milieu des années 1990- Buffet vécut dans un confort douillet auprès de sa femme Annabelle et continua à peindre comme un forcené en ayant cependant perdu la veine de sa jeunesse.
A.D