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Un Picasso à 179 millions de dollars, mieux vauy Qatar que jamais pour un tel record
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXXVIème Chapitre
UNE HISTOIRE BELGE PAS DU GOÛT DU MUSEE DES BEAUX-ARTS DE NANTES
13 Novembre 2011
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Cet article se compose de 2 pages.
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Vendredi 11 novembre, jour plutôt sombre pour le Musée des beaux-arts de Nantes qui a appris avec stupeur que la commission de la Culture du Parlement de la Fédération de Wallonie avait décidé d'engager une procédure de récupération pour un tableau de Pierre Paul Rubens, intitulé "Le Triomphe de Judas Macchabée" dérobé à la cathédrale de Tournai en 1794 par les troupes françaises avec "La Délivrance des âmes du Purgatoire" du même artiste.
Ces tableaux avaient été commandés à Rubens par l'évêque de Tournai et livrés en 1635 pour orner le maître-autel de la cathédrale mais lors des guerres révolutionnaires, ils furent volés par l'armée française. En 1816, seule "La Délivrance des âmes du Purgatoire" fut restituée en étant toutefois envoyée par erreur à Gand où elle fut détournée tandis que "Le Triomphe de Judas Macchabée" resta en France..
Encore heureux que la commission de la Culture du parlement de la fédération de Wallonie ait indiqué que sa demande de restitution ne concernait que le tableau de Rubens et non les milliers d'objets d'art dérobés en Belgique lors de la Révolution, du Consulat et de l'Empire. Ne se préoccupant pas de savoir si les oeuvres d'art volées durant la période révolutionnaire peuvent être réclamées officiellement du fait que la Belgique n'existait pas en tant qu'Etat à cette époque, la commission a chargé le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de négocier cette restitution avec la France. Affaire à suivre donc. L'organisation du gala des donateurs du Museum of Contemporary Art de Los Angeles par l'artiste serbe Marina Abramovic qui a mis en scène des artistes performers nus, a notamment provoqué la colère et l'indignation de la chorégraphe Yvonne Rainer qui a estimé que cette performance était grotesque et avilissante. Au moment de passer à table, les 750 invités ont découvert avec surprise des artistes performers nus se tenant agenouillés sous les tables rectangulaires dressées pour le dîner, la tête sortant d'un trou, de quoi faire croire à ceux qui avaient déjà un coup dans le nez qu'ils étaient invités à une orgie...
Tournant sur eux-mêmes, ces artistes devaient attirer le regard des convives qui, s'ils le désiraient, pouvaient leur offrir à manger alors que d'autres performers étaient allongés nus sur des tables rondes au milieu de faux squelettes. Yvonne Rainer a dénoncé le show osé de Marina Abramovic en le jugeant obscène et humiliant pour les acteurs de cette soirée et ajouté que le musée aurait mieux fait de s'abstenir d'exploiter la nudité de cette façon pour lever des fonds auprès de ses donateurs. Mardi 15 novembre, quelques heures avant la vente d'un des plus gros diamants du monde par Sotheby's qui promettait de faire un tabac, des manifestants ont protesté devant un hôtel de luxe de Genève et ce, pour montrer leur solidarité avec des travailleurs grévistes du quartier-général new-yorkais de la prestigieuse maison de ventes. "Sotheby's is bad for Art", ont clamé en anglais des syndicalistes helvétiques protestant contre le renvoi de 43 manutentionnaires de Sotheby's à New York coupables d'avoir fait grève dans le but de réclamer une hausse de leurs salaires. La manif a dû jeter un froid sur la vente en soirée puisque le diamant en question, une pierre d'un jaune profond pesant 110,3 carats portant le nom de "Sun drop" ("goutte de soleil"), n'a pu dépasser son estimation basse en atteignant seulement 12,282 millions de dollars avec les frais. Mercredi 16 novembre, vente salle 4 à Drouot de quelques oeuvres d'artistes russes, plutôt des oeuvrettes même, signées Larionov, Poliakoff ou Gontcharova dont un minable tableau de fleurs a atteint plus de 55 000 euros avec les frais. Si on voudrait placer son argent dans l'art, il y aurait certainement mieux à faire. Seulement voilà, il y avait dans la salle un jeune Russe portant casquette au visage émacié et aux yeux fiévreux d'un personnage de roman de Dostoïevski qui prenait apparemment des ordres au téléphone de la part d'un mystérieux oligarque pour faire monter les enchères à qui mieux mieux, notamment pour un lot de lettres d'artistes, estimé 200 à 300 euros, qui a culminé à plus de 4000 euros. La vente s'est poursuivie comme aux plus beaux jours de Drouot, comme si la crise n'était plus d'actualité, notamment lorsqu'une minuscule croûte- il n'y a pas d'autre mot- représentant des pâtés colorés de l'artiste indien Nejjad, estimée à 100 euros, a fusé à 3000 pour faire croire que l'argent était désormais tout juste bon à jeter par les fenêtres. Vendredi 18 novembre, poursuivi par le fisc de son pays, l'artiste dissident Ai Wei Wei s'est retrouvé à nouveau inquiété par les autorités chinoises qui l'ont accusé de pornographie pour avoir posé nu il y a deux ans en compagnie de quatre femmes également dans le plus simple appareil pour une photographie intitulée "One Tiger, Eight Breasts" (Un tigre, huit seins) dans des attitudes n'ayant toutefois rien de lascives. L'artiste a rétorqué que la nudité n'était en rien de la pornographie tout en qualifiant les accusations des autorités de ridicules. N'empêche, la police chinoise a ouvert une enquête et mis son assistant en garde à vue au sujet de cette photographie. Stupéfait, Ai Wei Wei a d'abord cru qu'il était victime d'une blague avant de comprendre que les autorités avaient trouvé un prétexte pour le harceler à nouveau.
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Vendredi 11 novembre, jour plutôt sombre pour le Musée des beaux-arts de Nantes qui a appris avec stupeur que la commission de la Culture du Parlement de la Fédération de Wallonie avait décidé d'engager une procédure de récupération pour un tableau de Pierre Paul Rubens, intitulé "Le Triomphe de Judas Macchabée" dérobé à la cathédrale de Tournai en 1794 par les troupes françaises avec "La Délivrance des âmes du Purgatoire" du même artiste.
Ces tableaux avaient été commandés à Rubens par l'évêque de Tournai et livrés en 1635 pour orner le maître-autel de la cathédrale mais lors des guerres révolutionnaires, ils furent volés par l'armée française. En 1816, seule "La Délivrance des âmes du Purgatoire" fut restituée en étant toutefois envoyée par erreur à Gand où elle fut détournée tandis que "Le Triomphe de Judas Macchabée" resta en France..
Encore heureux que la commission de la Culture du parlement de la fédération de Wallonie ait indiqué que sa demande de restitution ne concernait que le tableau de Rubens et non les milliers d'objets d'art dérobés en Belgique lors de la Révolution, du Consulat et de l'Empire. Ne se préoccupant pas de savoir si les oeuvres d'art volées durant la période révolutionnaire peuvent être réclamées officiellement du fait que la Belgique n'existait pas en tant qu'Etat à cette époque, la commission a chargé le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de négocier cette restitution avec la France. Affaire à suivre donc. L'organisation du gala des donateurs du Museum of Contemporary Art de Los Angeles par l'artiste serbe Marina Abramovic qui a mis en scène des artistes performers nus, a notamment provoqué la colère et l'indignation de la chorégraphe Yvonne Rainer qui a estimé que cette performance était grotesque et avilissante. Au moment de passer à table, les 750 invités ont découvert avec surprise des artistes performers nus se tenant agenouillés sous les tables rectangulaires dressées pour le dîner, la tête sortant d'un trou, de quoi faire croire à ceux qui avaient déjà un coup dans le nez qu'ils étaient invités à une orgie...
Tournant sur eux-mêmes, ces artistes devaient attirer le regard des convives qui, s'ils le désiraient, pouvaient leur offrir à manger alors que d'autres performers étaient allongés nus sur des tables rondes au milieu de faux squelettes. Yvonne Rainer a dénoncé le show osé de Marina Abramovic en le jugeant obscène et humiliant pour les acteurs de cette soirée et ajouté que le musée aurait mieux fait de s'abstenir d'exploiter la nudité de cette façon pour lever des fonds auprès de ses donateurs. Mardi 15 novembre, quelques heures avant la vente d'un des plus gros diamants du monde par Sotheby's qui promettait de faire un tabac, des manifestants ont protesté devant un hôtel de luxe de Genève et ce, pour montrer leur solidarité avec des travailleurs grévistes du quartier-général new-yorkais de la prestigieuse maison de ventes. "Sotheby's is bad for Art", ont clamé en anglais des syndicalistes helvétiques protestant contre le renvoi de 43 manutentionnaires de Sotheby's à New York coupables d'avoir fait grève dans le but de réclamer une hausse de leurs salaires. La manif a dû jeter un froid sur la vente en soirée puisque le diamant en question, une pierre d'un jaune profond pesant 110,3 carats portant le nom de "Sun drop" ("goutte de soleil"), n'a pu dépasser son estimation basse en atteignant seulement 12,282 millions de dollars avec les frais. Mercredi 16 novembre, vente salle 4 à Drouot de quelques oeuvres d'artistes russes, plutôt des oeuvrettes même, signées Larionov, Poliakoff ou Gontcharova dont un minable tableau de fleurs a atteint plus de 55 000 euros avec les frais. Si on voudrait placer son argent dans l'art, il y aurait certainement mieux à faire. Seulement voilà, il y avait dans la salle un jeune Russe portant casquette au visage émacié et aux yeux fiévreux d'un personnage de roman de Dostoïevski qui prenait apparemment des ordres au téléphone de la part d'un mystérieux oligarque pour faire monter les enchères à qui mieux mieux, notamment pour un lot de lettres d'artistes, estimé 200 à 300 euros, qui a culminé à plus de 4000 euros. La vente s'est poursuivie comme aux plus beaux jours de Drouot, comme si la crise n'était plus d'actualité, notamment lorsqu'une minuscule croûte- il n'y a pas d'autre mot- représentant des pâtés colorés de l'artiste indien Nejjad, estimée à 100 euros, a fusé à 3000 pour faire croire que l'argent était désormais tout juste bon à jeter par les fenêtres. Vendredi 18 novembre, poursuivi par le fisc de son pays, l'artiste dissident Ai Wei Wei s'est retrouvé à nouveau inquiété par les autorités chinoises qui l'ont accusé de pornographie pour avoir posé nu il y a deux ans en compagnie de quatre femmes également dans le plus simple appareil pour une photographie intitulée "One Tiger, Eight Breasts" (Un tigre, huit seins) dans des attitudes n'ayant toutefois rien de lascives. L'artiste a rétorqué que la nudité n'était en rien de la pornographie tout en qualifiant les accusations des autorités de ridicules. N'empêche, la police chinoise a ouvert une enquête et mis son assistant en garde à vue au sujet de cette photographie. Stupéfait, Ai Wei Wei a d'abord cru qu'il était victime d'une blague avant de comprendre que les autorités avaient trouvé un prétexte pour le harceler à nouveau.
Dimanche 20 novembre, Le Caire a été de nouveau le théâtre d'affrontements entre la police et des milliers de manifestants venus sur la place Tahrir pour réclamer l'abandon du pouvoir par les militaires. La répression policière a provoqué la mort de plus de vingt personnes avec pour conséquence d'accroître l'instabilité en Egypte pour aviver les craintes de nouveaux pillages dans les sites antiques du pays. Le même jour, un faucon en or et pierres précieuses offert par l'Arabie Saoudite a été dérobé dans la nuit au Musée du président Jacques Chirac à Sarran en Corrèze. D'après la police, le vol de cet objet estimé à plus de 150000 euros serait l'œuvre de cambrioleurs aguerris qui ont commis leur forfait en moins de trois minutes après avoir fracturé la porte du musée à l'aide d'un appareil spécial. Serti de 1400 pierres précieuses, dont 1200 en diamant, ce faucon en or avait été offert à Jacques Chirac du temps où il était Président de la République. Celui-ci avait remis au musée tous les cadeaux offerts au cours de ses voyages officiels et réceptions de chefs d'Etat étrangers. Lundi 21 novembre, la terrible mousson qui a fait 600 victimes et causé de graves inondations à travers la Thaïlande a menacé les ruines de sites bouddhistes antiques dans la région d'Ayutthaya, au sud de Bangkok. Les dégâts constatés dans ces sites datant du 14e au 18e siècle ont fait craindre l'effondrement de certains temples, comme la pagode de Wat Chaiwatthanaram. Principale attraction touritisque de la Thaïlande, Ayutthaya, qui compta trois palais et plus de 400 temples détruits en majorité au cours de l'invasion des Birmans au 18e siècle, fut l'une des capitales du royaume de Siam entre 1350 et 1767.
A New York, un tribunal a condamné à six ans d'emprisonnement Thomas Doyle, co-propriétaire d'un tableau de Camille Corot soi-disant égaré par un courtier à Manhattan en juillet 2010 et retrouvé deux mois plus tard dans un buisson près d'une résidence. Le tableau représentant le portrait d'une jeune fille avait été confié à James Carl Haggerty, un courtier chargé de le présenter à un client, qui avait déclaré l'avoir perdu après avoir une soirée trop arrosée. Celui-ci s'était alors retrouvé poursuivi en justice par Krystin Trudgeon, la propriétaire qui possédait la majorité des parts de l'œuvre, laquelle lui avait réclamé des dommages et intérêts équivalents à la valeur de l'œuvre. Au cours de son enquête, la police avait interpellé Thomas Doyle, l'autre co-propriétaire du tableau qui avait déjà été condamné dans plusieurs autres affaires, pour l'accuser ensuite d'escroquerie et de collusion avec Haggerty. Déjà condamné à onze reprises au cours de ces 35 dernières années, Doyle avait été inculpé pour avoir voulu escroquer l'acheteur du tableau en le proposant à 1,1 million de dollars, un prix bien supérieur à celui réclamé par Krystin Trudgeon, et en faisant croire à ce dernier qu'il pourrait le revendre avec un bénéfice de 600 000 dollars alors qu'il ne valait pas plus que cette somme. Un sacré coco...
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