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L'art est une histoire sans fin
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXIIIème Chapitre
Le trésor caché de François Heim réapparaît aux enchères
01 Juillet 2005 |
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Vendredi 8 juillet 2005, "Le Figaro" a annoncé la dispersion à Nogent-sur-Marne d'une collection extraordinaire de 25 000 volumes consacrés à l'art dont 18 000 catalogues de ventes aux enchères publiques depuis 1732 amassés à partir du début des années 1960 par le grand marchand parisien que fut François Heim avant sa longue descente aux enfers. François Heim avait très tôt rêvé de gloire mais dut vivre longtemps sous l'ombre tutélaire de son père qu'il voulut à tout prix égaler jusqu'à finir par devenir un fils honni. Son premier rendez-vous avec la gloire fut pris au cours du mois d'août 1944 lors de la Libération de Paris mais il tourna court lorsqu'une grenade qu'il manipulait sur une barricade explosa prématurément. Surnommé plus tard "oeil de verre et jambe de bois" par ses rivaux, il persista à vouloir éblouir son paternel qui le tenait constamment en laisse et parvint malgré les sarcasmes de ce dernier à réaliser de superbes coups au cours de sa carrière. Ce fut lui qui acheta les fonds des frères Gaston et Henry Pannier puis de Marcel Nicolle et qui découvrit "Le Verrou " de Fragonard mais au lieu de faire un don généreux au pays, il le vendit au Louvre à un prix jugé alors prohibitif et s'attira les foudres du ministère des Finances. Harcelé dès lors par le Fisc, François Heim réduisit ses activités et abandonna sa belle boutique pour ne vivre qu'à travers de petites affaires réalisées avec des chineurs impressionnés par ses belles manière et sa faconde. A ce sujet, c'est ainsi qu'il m'authentifia un tableau comme étant de Valdès Léal et qu'il me l'emprunta contre la promesse écrite de me reverser 50% de sa valeur une fois vendu, ce qu'il oublia de faire, occupé qu'il fut à déménager d'un endroit à un autre depuis ces dix dernières années.Il est peut-être possible qu'à 85 ans, il n'ait plus la mémoire aussi bonne. Il m'avait révélé un jour avoir mis à l'abri d'un box sa fabuleuse collection de catalogues de ventes répertoriant toutes les grandes vacations organisées en France depuis 1732, notamment les ventes Crozat, La Pompadour, Choiseul-Praslin, du duc de Gramont, des peintres Coypel, de Troy, Lesueur, Vernet, Hubert Robert, Bouchardon, Boilly, Corot, Delacroix, Ingres, Thiers, Courbet, Millet Les Goncourt, Degas, Henri Rouart ou Jacques Doucet, de véritables mines d'or pour les amateurs de provenances. Cette collection avait attiré les convoitises de nombreux marchands mais y tenant comme à la prunelle de ses yeux (ou de son oeil), François Heim avait fait laisser croire qu'il ne la possédait plus jusqu'au jour ou le Trésor public et d'autres créanciers ont pu réussir à mettre la main dessus.
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Vendredi 8 juillet 2005, "Le Figaro" a annoncé la dispersion à Nogent-sur-Marne d'une collection extraordinaire de 25 000 volumes consacrés à l'art dont 18 000 catalogues de ventes aux enchères publiques depuis 1732 amassés à partir du début des années 1960 par le grand marchand parisien que fut François Heim avant sa longue descente aux enfers. François Heim avait très tôt rêvé de gloire mais dut vivre longtemps sous l'ombre tutélaire de son père qu'il voulut à tout prix égaler jusqu'à finir par devenir un fils honni. Son premier rendez-vous avec la gloire fut pris au cours du mois d'août 1944 lors de la Libération de Paris mais il tourna court lorsqu'une grenade qu'il manipulait sur une barricade explosa prématurément. Surnommé plus tard "oeil de verre et jambe de bois" par ses rivaux, il persista à vouloir éblouir son paternel qui le tenait constamment en laisse et parvint malgré les sarcasmes de ce dernier à réaliser de superbes coups au cours de sa carrière. Ce fut lui qui acheta les fonds des frères Gaston et Henry Pannier puis de Marcel Nicolle et qui découvrit "Le Verrou " de Fragonard mais au lieu de faire un don généreux au pays, il le vendit au Louvre à un prix jugé alors prohibitif et s'attira les foudres du ministère des Finances. Harcelé dès lors par le Fisc, François Heim réduisit ses activités et abandonna sa belle boutique pour ne vivre qu'à travers de petites affaires réalisées avec des chineurs impressionnés par ses belles manière et sa faconde. A ce sujet, c'est ainsi qu'il m'authentifia un tableau comme étant de Valdès Léal et qu'il me l'emprunta contre la promesse écrite de me reverser 50% de sa valeur une fois vendu, ce qu'il oublia de faire, occupé qu'il fut à déménager d'un endroit à un autre depuis ces dix dernières années.Il est peut-être possible qu'à 85 ans, il n'ait plus la mémoire aussi bonne. Il m'avait révélé un jour avoir mis à l'abri d'un box sa fabuleuse collection de catalogues de ventes répertoriant toutes les grandes vacations organisées en France depuis 1732, notamment les ventes Crozat, La Pompadour, Choiseul-Praslin, du duc de Gramont, des peintres Coypel, de Troy, Lesueur, Vernet, Hubert Robert, Bouchardon, Boilly, Corot, Delacroix, Ingres, Thiers, Courbet, Millet Les Goncourt, Degas, Henri Rouart ou Jacques Doucet, de véritables mines d'or pour les amateurs de provenances. Cette collection avait attiré les convoitises de nombreux marchands mais y tenant comme à la prunelle de ses yeux (ou de son oeil), François Heim avait fait laisser croire qu'il ne la possédait plus jusqu'au jour ou le Trésor public et d'autres créanciers ont pu réussir à mettre la main dessus.
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