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Le journal d'un fou d'art

Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.

  • Introduction et chapitres de 1 à 2
  • Chapitres 3 à 5
  • Chapitres 6 à 8
  • Chapitres 9 à 11
  • Chapitres 12 à 14
  • Chapitres 15 à 17
  • Chapitres 18 à 20
  • Chapitres 21 à 23
  • Chapitres 24 à 26
  • Chapitre 27 à 29
  • Chapitre 30 à 32
  • Chapitre 33 à 35
  • Chapitre 36 à 38
  • Chapitre 39 à 41
  • Chapitre 42 à 44
  • Chapitre 45 à 47
  • Chapitre 48 à 50
  • Chapitre 51 à 53
  • Chapitre 54 à 56
  • Chapitre 57 à 59
  • Chapitre 60 à 62
  • Page précédente 51/1346
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    XXIIème Chapitre
    Raz de marée à Venise
    01 Décembre 2004
    Dimanche 26 décembre 2004, un raz de marée connu sous le nom de tsunami et provoqué au large de Sumatra par un séisme sous-marin de force 9 sur l'échelle de Richter, a submergé les plages d'une dizaine de pays du sud-est asiatique en causant la mort de plus de 150 000 personnes dont plus de 5 000 touristes, une catastrophe sans précédent qui a mobilisé le monde entier pour venir au secours des survivants.

    Horrifiés par la perspective d'un nouveau cataclysme, les touristes européens se sont rués vers des destinations offrant des séjours plus tranquilles. Venise a ainsi fait l'objet d'un incroyable raz de marée de visiteurs qui ont envahi ses endroits les plus légendaires, la place Saint Marc et le Rialto finissant par prendre des airs de métro aux heures de pointe.

    Les touristes sont la seule pompe oxygène de cette cité extraordinaire menacée d'être engloutie mais aussi sa plaie, car tout amoureux de ses vieilles pierres et de ses splendeurs s'y sent sans cesse mal à l'aise parmi les foules compactes agglutinées dans les plus beaux endroits de la lagune.

    Au détour d'un quai le long du Rialto, je suis tombé nez à nez avec un grand collectionneur américain fou d'œuvres du XVIIIe siècle venu réveillonner au Danieli alors qu'à l'Accademia, l'expert René Millet a fait pour le compte d'amis un exposé impromptu sur un merveilleux Bellini et qu'au palais Gritti, le marchand Guy Ladrière s'est offert une petite collation avant d'aller dénicher des pièces rares chez ses confrères les plus huppés.

    Dans Venise exhalant ses mystères omniprésents, j'ai aussi rencontré des marchands de Saint-Ouen et un ancien brocanteur reconverti dans l'immobilier qui m'a raconté qu'il avait brutalement abandonné le métier suite à une méchante dénonciation au fisc de la part d'un associé qui le soupçonnait d'avoir empoché un joli bénéfice sur son dos en vendant des tableaux d'un peintre espagnol supposé très coté.

    Tout en s'extasiant devant des œuvres sublimes de Bellini, Carpaccio, le Tintoret ou Tiepolo exposées à l'Accademia, l'ex marchand a subitement déballé des choses pas très propres au sujet de certains antiquaires parisiens qui, en adoptant parfois des comportements de voyous, avaient fini par tenir le haut du pavé.

    A Venise, les fameuses « bouches du lion » ou « bouches de la vérité » étaient aménagées le long des rues ou sur les murs des édifices publics. Elles se composaient d'un bas-relief représentant un visage déformé par un mauvais rictus. Une ouverture à la hauteur de la bouche permettait d'y glisser des dénonciations anonymes qui permettaient aux autorités de la cité de se débarrasser des individus jugés traîtres à la cité. Si elles existaient encore aujourd'hui, on ne serait vraisemblablement pas surpris d'y découvrir des missives visant à éliminer des antiquaires gênants surtout qu'à Venise, les trésors se comptent par milliers. A Paris, quelques marchands pas très sympathiques ont pour leur part utilisé d'autres méthodes machiavéliques pour éliminer des marchands rivaux, tel mon interlocuteur qui m'a affirmé que certaines manigances dans le domaine de l'immobilier pouvaient toutefois être bien pires. Bref, il faut de tout pour faire un monde…

    Chaque église, chaque palais ou chaque musée vénitien recèle d'innombrables chefs d'œuvre qui laissent les visiteurs pantois et donnent l'indicible impression que là d'où on vient, il n'y a pas grand chose de valable à admirer et encore moins à chiner.

    A Venise, les trahisons furent innombrables jusqu'à la fin du XVIe siècle lorsque la république sérénissime perdit peu à peu de son influence sur l'Adriatique et les pays limitrophes pour se replier sur elle-même et ne devenir qu'une perle fragile dont la gloire ne fut plus reflétée qu'en peinture ou par le Grand Tour institué par les nobles anglais au début du XVIIIe siècle. En 1797, elle se rendit sans combattre aux Français puis fut soumise aux Autrichiens durant plus d'un demi siècle avant d'être ravalée au rang de province au sein de la nouvelle république italienne.

    Venise est cependant restée par excellence une ville phare pour les passionnés d'art en s'affirmant comme l'endroit le plus riche au monde en chefs d'œuvre artistiques et architecturaux et sa visite vaut le détour rien que pour ses quatre chevaux en bronze doré datant approximativement du IIe siècle avant J.-C. ramenés de Constantinople au tout début du XIIIe siècle, des sculptures magistrales dans un merveilleux état de conservation qu'on ne se laisse pas d'admirer.

    On ne peut connaître Venise et ses recoins qu'en la visitant au moins une cinquantaine de fois, de préférence en dehors des invasions touristiques pour y humer son atmosphère, se laisser pénétrer par sa longue histoire et marcher dans les pas des doges, de ses grands artistes et de Casanova, son enfant turbulent. Chaque quartier, chaque maison, chaque canal possède sa magie propre sous les reflets d'une lumière sans pareille qui subjugua tant d'artistes, de Canaletto à Monet en passant par Marieschi, Monsu Desiderio, Bellotto, les Guardi, Turner, Bonington, Corot, Boudin ou Ziem. L'enchantement est permanent jusqu'au moment où les jambes flagellent et où la tête se met à tourner à l'issue d'une longue journée de marche. Il y a tant à voir et à admirer qu'à la fin, on se sent saturé et exsangue au point de vouloir revenir chez soi reprendre des forces pour revenir redécouvrir cette cité mystérieuse avec une envie décuplée.

    Devant l'église Saint Marc, pause au café Florian dont le décor créé en 1720 a peu changé. On aimerait être seul mais la foule piétine dehors dans l'attente d'une place libre. Dans le brouhaha des conversations, un ami marchand m'a rapporté qu'un galeriste parisien avait de gros problèmes liés à une affaire de blanchiment d'argent. Il ne m'en a pas dit plus tout en se contentant de me signaler que l'année 2004 avait été franchement exécrable pour nombre de professionnels et que celui-ci s'était laissé à commettre des bêtises.

    A minuit le 31 décembre 2004, Venise a célébré sagement et sans fioritures le passage à l'an 2005, à croire que la Saint Sylvestre serait un jour comme les autres pour ses habitants plus promptes à faire la fête au moment du carnaval mais le coeur n'y était pas à cause des victimes du tsunami dans le sud-est asiatique.

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