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La SNCF, c'est s'offrir parfois un film d'horaires (AD)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XVIIème Chapitre
L'Etat n'a plus de fric dans ses fouilles
01 Décembre 2002 |
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Mercredi 18 décembre, l'Assemblée nationale et le Sénat ont réduit de 25% le budget des fouilles archéologiques préventives, une décision qui a écœuré les archéologues dont la mission de préservation du patrimoine est menacée. L'Etat n'a semble-t-il plus de fric dans ses fouilles, ce qui est plutôt mauvais signe. En attendant, les promoteurs vont pouvoir accélérer les travaux menés sur des chantiers où seront découverts des vestiges qui ne pourront dès lors être examinés avec soin. On imagine alors que de nombreux trésors archéologiques seront perdus à jamais faute de disposer de l'argent nécessaire pour recenser des découvertes importantes pour l'histoire du pays. Autant dire que les politiciens ne se creusent pas beaucoup lorsqu'il s'agit de se pencher sur des questions culturelles. Cela posé, le trou budgétaire est déjà béant, ce qui entraînera des fouilles préventives dans les poches des contribuables… Jeudi 19 décembre, « Michael le puits de science » est plutôt déconfit. On vient de lui refuser les authentifications de sept œuvres, pas moins, ce qui le rend amer vis à vis de certains experts qui à ses yeux ne veulent plus délivrer des certificats en se mouillant pour des prunes. « A mon avis, les experts ne veulent pas se fouler en échange de quelques centaines d'euros pour un certificat censé rapporter gros à ceux qui leur présentent des œuvres à authentifier et je me demande, comme bien des amateurs me l'ont dit, si on ne doit pas les arroser pour vaincre leur réticence. A moins que ces messieurs aient été abonnés à un de ces restaurants ayant servi de la vache folle durant quelques années en prenant ensuite le risque de ramollir leurs cerveaux», me dit-il d'un ton fataliste. Ce n'est plus le « puits de science » qu'il faudra l'appeler mais le « puits des désillusions » si ses déboires continuent… Dimanche 22 décembre, brève rencontre avec Martin Dieterle, l'expert de Corot, qui me dit que ses confrères n'aiment pas voir débarquer chez eux des gens qui ont préparé des dossiers volumineux sur des œuvres à expertiser. « Les experts n'apprécient guère qu'on fasse leur travail ou pire, qu'on tente de les convaincre avec des arguments trop poussés. Ils ont simplement une œuvre à expertiser et ne désirent pas être décontenancés par des suggestions emberlificotées. Récemment, un jeune homme de 19 ans m'a apporté un Corot trouvé aux Puces et je n'ai pas mis cinq minutes pour me rendre compte qu'il était authentique, ce qui fait que mon visiteur n'avait nul besoin de préparer un quelconque dossier d'autant plus qu'à mon sens, il n'y a que l'œuvre qui parle. Quant à ceux qui insisteraient sur la présence de cachets de collection ou d'étiquettes d'exposition au dos de certains tableaux, je répondrais que souvent des petits malins ont cru bon de les rajouter pour se donner les chances d'obtenir un certificat. Un bon expert ne s'arrête pas sur ces indices qui peuvent être trompeurs », me dit-il en me lançant un clin d'œil. Bref, il n'y a que l'œuvre à examiner qui compte sauf que certains experts sont parfois si tatillons au sujet de sa provenance et si on avoue l'avoir trouvée dans une foire à la brocante, leur verdict vire au négatif. Il est donc malheureux de constater que tous n'aient pas le talent de Dieterle lequel possède un œil infaillible pour reconnaître un tableau de Corot, qui fut le peintre le plus copié au monde.
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Mercredi 18 décembre, l'Assemblée nationale et le Sénat ont réduit de 25% le budget des fouilles archéologiques préventives, une décision qui a écœuré les archéologues dont la mission de préservation du patrimoine est menacée. L'Etat n'a semble-t-il plus de fric dans ses fouilles, ce qui est plutôt mauvais signe. En attendant, les promoteurs vont pouvoir accélérer les travaux menés sur des chantiers où seront découverts des vestiges qui ne pourront dès lors être examinés avec soin. On imagine alors que de nombreux trésors archéologiques seront perdus à jamais faute de disposer de l'argent nécessaire pour recenser des découvertes importantes pour l'histoire du pays. Autant dire que les politiciens ne se creusent pas beaucoup lorsqu'il s'agit de se pencher sur des questions culturelles. Cela posé, le trou budgétaire est déjà béant, ce qui entraînera des fouilles préventives dans les poches des contribuables… Jeudi 19 décembre, « Michael le puits de science » est plutôt déconfit. On vient de lui refuser les authentifications de sept œuvres, pas moins, ce qui le rend amer vis à vis de certains experts qui à ses yeux ne veulent plus délivrer des certificats en se mouillant pour des prunes. « A mon avis, les experts ne veulent pas se fouler en échange de quelques centaines d'euros pour un certificat censé rapporter gros à ceux qui leur présentent des œuvres à authentifier et je me demande, comme bien des amateurs me l'ont dit, si on ne doit pas les arroser pour vaincre leur réticence. A moins que ces messieurs aient été abonnés à un de ces restaurants ayant servi de la vache folle durant quelques années en prenant ensuite le risque de ramollir leurs cerveaux», me dit-il d'un ton fataliste. Ce n'est plus le « puits de science » qu'il faudra l'appeler mais le « puits des désillusions » si ses déboires continuent… Dimanche 22 décembre, brève rencontre avec Martin Dieterle, l'expert de Corot, qui me dit que ses confrères n'aiment pas voir débarquer chez eux des gens qui ont préparé des dossiers volumineux sur des œuvres à expertiser. « Les experts n'apprécient guère qu'on fasse leur travail ou pire, qu'on tente de les convaincre avec des arguments trop poussés. Ils ont simplement une œuvre à expertiser et ne désirent pas être décontenancés par des suggestions emberlificotées. Récemment, un jeune homme de 19 ans m'a apporté un Corot trouvé aux Puces et je n'ai pas mis cinq minutes pour me rendre compte qu'il était authentique, ce qui fait que mon visiteur n'avait nul besoin de préparer un quelconque dossier d'autant plus qu'à mon sens, il n'y a que l'œuvre qui parle. Quant à ceux qui insisteraient sur la présence de cachets de collection ou d'étiquettes d'exposition au dos de certains tableaux, je répondrais que souvent des petits malins ont cru bon de les rajouter pour se donner les chances d'obtenir un certificat. Un bon expert ne s'arrête pas sur ces indices qui peuvent être trompeurs », me dit-il en me lançant un clin d'œil. Bref, il n'y a que l'œuvre à examiner qui compte sauf que certains experts sont parfois si tatillons au sujet de sa provenance et si on avoue l'avoir trouvée dans une foire à la brocante, leur verdict vire au négatif. Il est donc malheureux de constater que tous n'aient pas le talent de Dieterle lequel possède un œil infaillible pour reconnaître un tableau de Corot, qui fut le peintre le plus copié au monde.
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