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Le film préféré des cocaïnomanes: "La Bataille du Rail"... (A.D)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
VIème Chapitre
LE JOURNAL DU DIMANCHE AVAIT TOUT FAUX...
01 Mars 2001 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Le Journal du Dimanche s'est en fait planté complètement en racontant comment l'expert Eric Turquin avait découvert en 1998 dans une brocante à Marseille cette "Sainte Françoise Romaine", tableau peint par Poussin qui est aujourd'hui même exposé au Louvre. Je me doutais bien que l'expert n'avait pas lui-même déniché ce tableau perdu depuis des années et qu'en fait, quelqu'un le lui avait apporté. Toutefois, je croyais qu'il s'agissait plutôt d'un chineur. Que nenni, la trouvaille en question n'était qu'une fable. En réalité, c'est une dame âgée qui est venue montrer le tableau à l'expert par l'entremise d'un commissaire-priseur de Marseille et qui s'est ensuite vue conseiller de le vendre directement au Louvre pour la somme de 45 millions FF et non 460 000 FF, chiffre pour le moins ridicule mentionné il y a peu par le JDD. Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisqu'on vient d'apprendre que la vendeuse, Mme Marie-Andrée Chevalier, se voit désormais reprocher par cinq de ses proches d'avoir cédé en catimini et pour son propre compte un bien qui serait commun à sa famille. Le Louvre affiche actuellement sa fierté d'ajouter à ses collections cet important tableau de Poussin redécouvert dans le sud de la France qui avait été peint en 1657 durant le second séjour romain de l'artiste, une oeuvre exposée depuis quelques jours dans l'aile Richelieu, à côté de "l'Annonciation", prêtée par la National Gallery de Londres datant de la même époque. Mais les choses se compliquent subitement dans la mesure où le musée reçu une demande d'annulation de la vente en bonne et due forme de la part des membres de la famille de la vendeuse. Ce tableau de Poussin montre une horrible figure de la peste à tête de méduse portant des cadavres dans sa fuite avec au sol, le corps sans vie d'une jeune femme, dans la posture d'une statue fameuse de Carlo Maderna représentant Cécile martyrisée. En la circonstance, Poussin avait rendu hommage à Sainte Françoise en tant que protectrice de Rome lorsqu'elle se distingua par son dévouement aux malades. En fait, le journal "Libération" avait déjà révélé cette vente et son prix il y a deux ans, ce qui n'avait pas manqué alors de faire tiquer certains descendants d'Alexis Le Go, qui avait ramené le tableau en France au XIXe siècle. Ceux-ci comprirent rapidement qu'il s'agissait bien du tableau qui se trouvait dans le domaine familial de Jeanval, au Val, dans le Var, et apprirent plus tard que le vendeur n'était autre que leur tante septuagénaire, Marie-Andrée Chevalier qui, à la disparition en 1958 de Pierre Le Go, son père, avait seulement hérité par testament de meubles, tapis et tentures à l'exception de six peintures, dont un Carrache, un Corot et un Bouguereau. Pour les autres héritiers de la famille ce tableau de Poussin se trouvait en indivision et l'est resté, ce qui fait qu'à leurs yeux Marie-Andrée Chevalier n'avait donc aucun droit à le vendre. Ces derniers ont notamment indiqué que le domaine avait été vidé en 1997 et que le tableau avait été remis pour inventaire par Mme Chevalier à un commissaire-priseur de Marseille, qui lui-même le confia à Eric Turquin lequel authentifia le Poussin. Les avocats des plaignants ont déposé plusieurs plaintes dont l'une pour «recel successoral» en accusant la vendeuse de s'être livrée avec l'expert à «une fraude caractérisée», afin de soustraire de manière «précipitée» et «clandestine» un bien indivis du patrimoine familial. Ils reprochent notamment à Eric Turquin d'avoir touché des «honoraires astronomiques», de l'ordre de 16 millions de francs (2,44 millions d'euros), qui le font soupçonner de «connivence». Les avocats de la famille s'étonnent en outre que le Louvre ne se soit pas embarrassé de «justifications supplémentaires» lors de l'achat de ce tableau. Finalement, ils demandent l'annulation de la vente ou, à défaut, le remboursement par Eric Turquin et Marie-Andrée Chevalier des 45 millions de francs aux plaignants.
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Le Journal du Dimanche s'est en fait planté complètement en racontant comment l'expert Eric Turquin avait découvert en 1998 dans une brocante à Marseille cette "Sainte Françoise Romaine", tableau peint par Poussin qui est aujourd'hui même exposé au Louvre. Je me doutais bien que l'expert n'avait pas lui-même déniché ce tableau perdu depuis des années et qu'en fait, quelqu'un le lui avait apporté. Toutefois, je croyais qu'il s'agissait plutôt d'un chineur. Que nenni, la trouvaille en question n'était qu'une fable. En réalité, c'est une dame âgée qui est venue montrer le tableau à l'expert par l'entremise d'un commissaire-priseur de Marseille et qui s'est ensuite vue conseiller de le vendre directement au Louvre pour la somme de 45 millions FF et non 460 000 FF, chiffre pour le moins ridicule mentionné il y a peu par le JDD. Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisqu'on vient d'apprendre que la vendeuse, Mme Marie-Andrée Chevalier, se voit désormais reprocher par cinq de ses proches d'avoir cédé en catimini et pour son propre compte un bien qui serait commun à sa famille. Le Louvre affiche actuellement sa fierté d'ajouter à ses collections cet important tableau de Poussin redécouvert dans le sud de la France qui avait été peint en 1657 durant le second séjour romain de l'artiste, une oeuvre exposée depuis quelques jours dans l'aile Richelieu, à côté de "l'Annonciation", prêtée par la National Gallery de Londres datant de la même époque. Mais les choses se compliquent subitement dans la mesure où le musée reçu une demande d'annulation de la vente en bonne et due forme de la part des membres de la famille de la vendeuse. Ce tableau de Poussin montre une horrible figure de la peste à tête de méduse portant des cadavres dans sa fuite avec au sol, le corps sans vie d'une jeune femme, dans la posture d'une statue fameuse de Carlo Maderna représentant Cécile martyrisée. En la circonstance, Poussin avait rendu hommage à Sainte Françoise en tant que protectrice de Rome lorsqu'elle se distingua par son dévouement aux malades. En fait, le journal "Libération" avait déjà révélé cette vente et son prix il y a deux ans, ce qui n'avait pas manqué alors de faire tiquer certains descendants d'Alexis Le Go, qui avait ramené le tableau en France au XIXe siècle. Ceux-ci comprirent rapidement qu'il s'agissait bien du tableau qui se trouvait dans le domaine familial de Jeanval, au Val, dans le Var, et apprirent plus tard que le vendeur n'était autre que leur tante septuagénaire, Marie-Andrée Chevalier qui, à la disparition en 1958 de Pierre Le Go, son père, avait seulement hérité par testament de meubles, tapis et tentures à l'exception de six peintures, dont un Carrache, un Corot et un Bouguereau. Pour les autres héritiers de la famille ce tableau de Poussin se trouvait en indivision et l'est resté, ce qui fait qu'à leurs yeux Marie-Andrée Chevalier n'avait donc aucun droit à le vendre. Ces derniers ont notamment indiqué que le domaine avait été vidé en 1997 et que le tableau avait été remis pour inventaire par Mme Chevalier à un commissaire-priseur de Marseille, qui lui-même le confia à Eric Turquin lequel authentifia le Poussin. Les avocats des plaignants ont déposé plusieurs plaintes dont l'une pour «recel successoral» en accusant la vendeuse de s'être livrée avec l'expert à «une fraude caractérisée», afin de soustraire de manière «précipitée» et «clandestine» un bien indivis du patrimoine familial. Ils reprochent notamment à Eric Turquin d'avoir touché des «honoraires astronomiques», de l'ordre de 16 millions de francs (2,44 millions d'euros), qui le font soupçonner de «connivence». Les avocats de la famille s'étonnent en outre que le Louvre ne se soit pas embarrassé de «justifications supplémentaires» lors de l'achat de ce tableau. Finalement, ils demandent l'annulation de la vente ou, à défaut, le remboursement par Eric Turquin et Marie-Andrée Chevalier des 45 millions de francs aux plaignants.
De son côté, Eric Turquin ne semble pas être perturbé outre mesure par cette affaire parce que selon lui, Il y a eu partage il y a plus de quarante ans, à une époque où la valeur du Poussin était moindre alors que le chiffre faramineux annoncé aujourd'hui suscite maintenant bien des envies dans la famille de la vendeuse. Eric Turquin estime que les accusations à son encontre sont plutôt injustes tout en reconnaissant avoir touché une grosse commission après avoir déconseillé à la vendeuse de vendre le tableau aux enchères. Celle-ci aurait alors accepté de lui reverser l'équivalent des frais d'une vente classique acquittés d'un côté par le vendeur et de l'autre par l'acheteur, soit 9% et 15% plus la TVA, ce qui fait que l'expert aurait en fait touché environ dix millions (au lieu de quelque 1,5 million dans le cadre d'une vente à Drouot) tandis que les six autres millions auraient été versés au commissaire-priseur. Les affaires sont les affaires et Turquin n'est probablement pas le seul expert à se débrouiller de cette manière lorsqu'un chef d'oeuvre doit faire l'objet d'une vente. Dans un cas pareil, il vaut toujours mieux de concrétiser une vente privée qui sera plus juteuse pour l'intermédiaire. Il reste maintenant à connaître la suite de cette affaire en espérant que le Louvre ne sera pas obligé de rendre sa dernière grande acquisition mais ce n'est pas la première fois que le musée est confronté à une affaire de ce genre.
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