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Le succès ne dure pas, l'échec n'est pas fatal. C'est le courage de continuer qui importe (Winston Churchill)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
VIème Chapitre
PAUL BERT, NID A TERMITES
01 Février 2001 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Vendredi 16 février, le marché aux Puces de Saint-Ouen offre toujours son visage de morne plaine alors qu'il y règne un froid de canard. La bonne marchandise manque cruellement et ce constat vaut également pour Drouot où on ne vend que de la drouille depuis la rentrée de janvier. La rumeur a enflé depuis des jours puis s'est précisée. Le marché Paul Bert est infesté de termites qui ont trouvé une formidable nourriture dans les stands. Tout ce qui est en bois y passe, meubles, cadres, boîtes et ces insectes ne s'arrêtent pas là puisqu'ils s'attaquent également à tout ce qui est en plâtre. Un désastre… A chaque achat, les termites émigrent bien entendu ailleurs et élargissent ainsi leur terrain d'attaque. Il faut avouer que ces bestioles ravageuses ont de la suite dans les idées puisqu'elles ont choisi les Puces, synonyme de cousinage, pour faire leur nid et se répandre d'étal en étal pour «lyophiliser» les meubles à leur manière et offrir ainsi à la clientèle du Henri II, du Louis XV ou du Napoléon III en poudre… A 8 heures, Michael le chineur fou est parvenu quand même à acheter un tableau de l'Ecole de Paris et une gouache du XVIIe siècle représentant une scène mythologique. Il pensait s'en être arrêté là lorsque Radovan, un brocanteur d'origine roumaine, l'a alpagué rue Paul Bert pour lui montrer une œuvre du peintre Issachar Rybak (1897-1935) qui fut un temps le rival de Chagall. Cela faisait des semaines que le brocanteur lui avait parlé de sa trouvaille, un chef d'œuvre paraît-il, trouvé avec six autres toiles lors du débarras d'une cave dans le XVIe arrondissement en octobre 2000. Ce dernier a enfin le tableau, qu'il a dû faire restaurer car la partie inférieure avait été rongée par l'humidité durant des dizaines d'années. Michaël consent à voir la « bête » que Radovan a laissé en dépôt dans un stand de Saint-Ouen et pour laquelle il demande un prix faramineux. Le brocanteur l'entraîne vers le stand où trône un magnifique tableau représentant une scène du folklore juif. Michael retient alors son souffle tout en émettant des réserves au sujet de l'état de la toile, craquelée et légèrement boursouflée à certains endroits. Cependant, il n'y a pas de doute, il s'agit bien d'un splendide Rybak peint en 1927. Radovan lui déclare qu'il est disposé à vendre cette oeuvre car les affaires ont été nulles depuis deux mois et qu'il lui faut rembourser plusieurs créanciers. En s'exprimant de la sorte, il se met d'emblée dans une situation de faiblesse qui ne va pas manquer de profiter à son interlocuteur. Michael lui offre la moitié de la somme qu'il réclame, ce qui le fait renâcler mais le chineur lui précise qu'il a pour principe de ne jamais dépasser ses capacités financières. C'est donc à prendre ou à laisser mais le brocanteur, qui a l'air d'être tellement pendu, se met à réfléchir tout en essayant de le convaincre mollement de se montrer plus généreux.
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Vendredi 16 février, le marché aux Puces de Saint-Ouen offre toujours son visage de morne plaine alors qu'il y règne un froid de canard. La bonne marchandise manque cruellement et ce constat vaut également pour Drouot où on ne vend que de la drouille depuis la rentrée de janvier. La rumeur a enflé depuis des jours puis s'est précisée. Le marché Paul Bert est infesté de termites qui ont trouvé une formidable nourriture dans les stands. Tout ce qui est en bois y passe, meubles, cadres, boîtes et ces insectes ne s'arrêtent pas là puisqu'ils s'attaquent également à tout ce qui est en plâtre. Un désastre… A chaque achat, les termites émigrent bien entendu ailleurs et élargissent ainsi leur terrain d'attaque. Il faut avouer que ces bestioles ravageuses ont de la suite dans les idées puisqu'elles ont choisi les Puces, synonyme de cousinage, pour faire leur nid et se répandre d'étal en étal pour «lyophiliser» les meubles à leur manière et offrir ainsi à la clientèle du Henri II, du Louis XV ou du Napoléon III en poudre… A 8 heures, Michael le chineur fou est parvenu quand même à acheter un tableau de l'Ecole de Paris et une gouache du XVIIe siècle représentant une scène mythologique. Il pensait s'en être arrêté là lorsque Radovan, un brocanteur d'origine roumaine, l'a alpagué rue Paul Bert pour lui montrer une œuvre du peintre Issachar Rybak (1897-1935) qui fut un temps le rival de Chagall. Cela faisait des semaines que le brocanteur lui avait parlé de sa trouvaille, un chef d'œuvre paraît-il, trouvé avec six autres toiles lors du débarras d'une cave dans le XVIe arrondissement en octobre 2000. Ce dernier a enfin le tableau, qu'il a dû faire restaurer car la partie inférieure avait été rongée par l'humidité durant des dizaines d'années. Michaël consent à voir la « bête » que Radovan a laissé en dépôt dans un stand de Saint-Ouen et pour laquelle il demande un prix faramineux. Le brocanteur l'entraîne vers le stand où trône un magnifique tableau représentant une scène du folklore juif. Michael retient alors son souffle tout en émettant des réserves au sujet de l'état de la toile, craquelée et légèrement boursouflée à certains endroits. Cependant, il n'y a pas de doute, il s'agit bien d'un splendide Rybak peint en 1927. Radovan lui déclare qu'il est disposé à vendre cette oeuvre car les affaires ont été nulles depuis deux mois et qu'il lui faut rembourser plusieurs créanciers. En s'exprimant de la sorte, il se met d'emblée dans une situation de faiblesse qui ne va pas manquer de profiter à son interlocuteur. Michael lui offre la moitié de la somme qu'il réclame, ce qui le fait renâcler mais le chineur lui précise qu'il a pour principe de ne jamais dépasser ses capacités financières. C'est donc à prendre ou à laisser mais le brocanteur, qui a l'air d'être tellement pendu, se met à réfléchir tout en essayant de le convaincre mollement de se montrer plus généreux.
Michael reste ferme et signale à Radovan qu'il est pressé car il doit s'en aller d'urgence à un rendez-vous. Il lui file donc sa carte de visite et l'invite à l'appeler plus tard sur son portable au cas où ce dernier accepterait son offre. Trois heures plus tard, Radovan n'a pas manqué de rappeler Michael pour l'informer qu'il acceptait sa proposition, ce qui ne manquera pas de lui faire gagner un joli pactole une fois qu'il aura revendu ce splendide tableau. Dimanche 18 février, déjeuner avec Chester Fielx qui est de retour du Luxembourg. Il m'annonce entre le hors d'œuvre et le plat principal qu'il a encore chiné un tableau qui pourrait être de Corot en faisant un crochet à Bruxelles durant la semaine. «Corot me colle à la semelle», me dit-il d'un ton malicieux tout en dégustant un magret de canard. Chester est en passe d'avoir un bol incroyable si ce tableau est bien de Corot et si cela est le cas, il pourra faire sien l'adage «jamais deux sans trois"...
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