Dimanche 12 août, j'apprends que Simone Galland, la marchande de tableaux du marché Vernaison, est morte dans son sommeil le 7 août à Saint-Malo. Cela faisait près de 60 ans qu'elle exerçait aux Puces où sa boutique regorgeait d'œuvres intéressantes. Il y a deux semaines à peine, cette figure légendaire de Saint-Ouen était venue comme d'habitude au volant de sa voiture pour ouvrir son stand où de nombreux marchands avaient l'habitude de s'approvisionner en tableaux anciens et du XIXe siècle. Courbée par l'âge mais ayant conservé une rare vivacité d'esprit, elle se plaisait souvent à rappeler qu'elle s'était constituée une belle collection tout en ayant vendu de nombreux tableaux importants durant sa carrière. Associée à son fils, elle cultivait un formidable bagout et avait l'art et la manière de séduire ses clients lesquels ne mettaient pas longtemps pour ouvrir leur portefeuille et partir avec un tableau sous le bras.
Mme Galland vivait son métier avec passion et ne supportait pas les périodes de calme. Apparemment, le manque d'activité durant ce mois d'août lui a été fatal.Inutile de dire que ses voisins ont été sous le choc d'apprendre sa disparition et qu'il sera probable que l'allée principale de Vernaison restera longtemps hantée par le fantôme de cette charmante reine de la brocante.
Le temps, inexorable, modifie le paysage du marché aux Puces où tant de vieux marchands ont disparu au fil des ans. D'ici une décennie, il n'y aura pratiquement plus aucun stand où l'on pourra trouver des œuvres valables alors que les autres boutiques n'offriront plus que de vulgaires copies à vendre. C'est moche, mais c'est ainsi et les chineurs ont intérêt à profiter des quelque dix années qui restent pour faire des trouvailles qui deviennent déjà malheureusement de plus en plus rares.