La chance a encore souri à Chester Fielx le dimanche 24 juin puisqu'en chinant du côté de Viroflay, ce gros veinard de Luxembourgeois a trouvé un tableau de Willy Eisenchitz pour 350 FF qu'il a pu revendre au prix de 17 000 FF à un marchand durant la semaine. Mercredi 28 juin, une peine de trois ans et demi de prison a été requise à l'encontre de l'ex-commissaire-priseur Guy Loudmer, accusé d'avoir détourné une partie du produit de la vente de la collection Bourdon organisée en mars 1990 et cataloguée comme « la vente du siècle » à Drouot.
Cette vente de tableaux modernes avait rapporté 509 millions de FF et grâce au produit de celle-ci, les époux Bourdon avaient alors manifesté l'intention de créer une fondation pour œuvrer en faveur de la SPA, des enfants déshérités et des artistes dans le besoin.
Guy Loudmer, qui avait prélevé plus de 50 millions d'honoraires sur cette vente, s'était fait nommer trésorier de cette fondation et ne s'était semble-t-il pas privé de puiser dans la caisse en organisant des ventes fictives tout en s'octroyant en prime des commissions faramineuses.
Devant le tribunal, l'ex-roi du marteau a affirmé qu'il n'avait rien fait de mal puisque les époux Bourdon, aujourd'hui nonagénaires, n'avaient rien trouvé à redire à tout ce qu'il faisait. N'empêche, on s'est demandé pourquoi son fils Philippe avait pris la fuite à l'étranger s'il n'avait rien eu à se reprocher.
Spécialisé dans les tableaux modernes et en art africain, Loudmer, rêvait de fonder une dynastie après avoir fait de son étude la troisième de France. C'est foutu puisque cette étude a été liquidée en 1998 tandis que cet homme déchu risque de retourner en prison où il a déjà passé six mois en détention préventive. Triste sort…
Samedi 30 juin et dimanche 1er juillet, situation morose au marché aux Puces de Saint-Ouen où plusieurs marchands me disent que les clients sont aussi rares que des trèfles à quatre feuilles.
Il ne reste plus qu'à attendre septembre et les derniers mois précédant le passage à l'euro qui forceront nombre de gens à convertir en tableaux et en objets les paquets de billets qu'ils auront planqués durant des années et qu'ils n'oseront pas changer à leur banque de peur d'attirer l'attention du fisc. En attendant, la dépression qui sévit maintenant aux Etats-Unis a atteint l'Europe où l'inflation est devenue plus forte tandis que les dégraissages se sont multipliés au sein de nombreuses entreprises.
A cela s'ajoute la mauvaise réputation du marché aux Puces, un lieu mal famé où les agressions sont monnaie courante, ce qui n'a pas manqué de faire fuir de nombreux habitués.
Et pour conclure, la bonne marchandise a fini par se raréfier cruellement, ce qui explique le nombre croissant de boutiques spécialisées dans la vente de copies ainsi que le découragement des amateurs, peu enclins à venir perdre leur temps dans ce marché qui a terriblement perdu de son attrait.