Gros orage sur le Centre Beaubourg suite à la convocation par un juge de son président Jean-Jacques Aillagon dans le cadre de l'instruction d'une plainte concernant une œuvre majeure de Georges Braque volée durant la Seconde Guerre Mondiale par les nazis. Depuis près de vingt ans, le Musée possède le « Joueur de Guitare », peint en 1910 par Braque, tableau qui avait appartenu au collectionneur Alphonse Kann et dont les héritiers prétendent qu'il avait été dérobé en 1941.
Jusqu'à présent, les responsables du Musée Pompidou ont affirmé que cette œuvre avait été cédée en toute légalité par le marchand Heinz Berggruen qui l'avait acquise lui-même auprès du collectionneur André Lefèvre. En conséquence de quoi, ils n'entendent pas la restituer aux héritiers d'Alphonse Kann, mort en 1948. On peut à priori fort bien comprendre l'attitude d'Aillagon puisque le tableau de Braque vaut au bas mot plus de 300 briques, 300 millions FF pour être plus clair…
Il serait évidemment inconcevable de voir le Musée rendre une telle œuvre historique, ce qui conduirait ses responsables à subir l'affront d'avoir à procéder à sa restitution et donc de perdre la face.
Voilà déjà plus de quatre ans que Francis Warin, représentant des héritiers du collectionneur, s' est échiné à récupérer cette toile alors que le Musée a utilisé de son côté tous les moyens pour faire barrage à sa demande.
Les héritiers ont tour à tour été snobés, traités d'emmerdeurs ou d'affabulateurs avant d'être invités à mots couverts à faire preuve de bons sentiments et d'acte de citoyenneté en laissant le tableau là où il se trouve.
Snobés, car au début on les a simplement pris de haut, traités d'emmerdeurs parce que par l'intermédiaire de Warin ils se sont montrés terriblement pugnaces puis considérés comme des affabulateurs pour la simple raison que le tableau qu'ils réclament serait tout simplement une version différente de celui conservé à Beaubourg.
Francis Warin n'a pas eu trop de mal à démontrer que le «Joueur de Guitare» figurait bien dans la collection Kann en 1940, ce que les responsables du Musée ne nient plus, à cette nuance près que selon ces derniers le tableau aurait été vendu par Kann avant le début de la guerre surtout que le conflit terminé, il avait omis de le réclamer, tout comme ses héritiers après sa mort.
Bref, les preuves fournies par Warin ne paraissent jamais assez suffisantes alors qu'on laisse croire du côté de Beaubourg qu'André Lefèvre a été un collectionneur dont la probité n'est pas à mettre en doute, mais l'honnêteté de ce dernier peut être sujette à caution car il s'avère qu'il avait acheté beaucoup d'œuvres importantes durant la guerre auprès de marchands qui s'étaient compromis avec les occupants allemands et ce, sans trop se soucier de leur provenance.