André Malraux n'était qu'un imposteur, un fumiste, un résistant de pacotille, bref un faussaire de génie selon Olivier Todd, auteur du livre «André Malraux, une vie» que viennent de publier les éditions Gallimard. L'homme qui fut la voix de De Gaulle et le grand ordonnateur de la culture en France, se révéla dès le début un as de l'affabulation. Quand en 1921, il rencontra Clara Goldschmidt, l'amour de sa vie, il se prétendit fils de banquier alors que son père était en fait un spéculateur mythomane qui se finit par se suicider après avoir été ruiné.
Malraux dilapida la dot de son épouse en peu de temps tout en lui annonça sa ferme intention de ne pas travailler. En 1923, il se rendit en Indochine où il déroba des sculptures du temple de Banteay Srai lors d'une prétendue mission archéologique. Il fut arrêté et condamné à trois ans de prison ferme mais parvint à rentrer à Paris grâce à une campagne en sa faveur orchestrée par sa femme.
En 1929, il monta une galerie avec l'aide de Gaston Gallimard et rapporta des trésors archéologiques sans dire comment il les avaient obtenues lors de voyages effectués à l'étranger. En 1933, il obtint le Goncourt pour son livre «La Condition humaine» avec l'aide du vote d'un juré grâce à la publication par Gallimard d'un livre de recettes de cuisine de la femme de ce dernier. Les déclarations de Malraux sur les révolutionnaires chinois étaient de pures inventions car il n'avait pratiquement pas mis les pieds en Chine.
En 1934, il prétendit avoir découvert les ruines du palais de la reine de Saba dans le sud de l'Arabie mais rien ne vint étayer ses dires. Quelques semaines plus tard, il fit l'apologie du régime stalinien à Moscou alors que les purges battaient leur plein en Union Soviétique. Revenu à Paris, il devint le défenseur zélé de Staline et l'allié des agents soviétiques qui y chassaient les dissidents.
Dès le début de la guerre d'Espagne, Malraux s'engagea aux côtés des Républicains et se nomma lieutenant-colonel. Toutefois, ne parlant pas espagnol et ne connaissant de surcroît rien au pilotage, il ne se signala par aucune action guerrière significative. Un pilote français qui le rencontra en octobre 1936, raconte aujourd'hui qu'il n'était ni important ni décisionnaire et n'avait aucune compétence en ajoutant qu'on le considérait comme un «rigolo» qui jouait une carte personnelle.
Malraux prétendit avoir été gravement blessé, ce qui ne fut pas le cas, alors que Clara, déjà dépitée d'apprendre qu'il ne l'avait épousée que pour son argent, avoua à son entourage qu'il était inhumain.
Au début de la Seconde Guerre Mondiale, il ne fit pas grand chose pour aider Clara, juive cachée, et leur fille Florence tandis qu'il ignora la Résistance jusqu'au printemps de 1944. Résistant durant deux mois, il fit plus tard en sorte de faire croire qu'il l'avait été depuis 1942 après avoir trouvé le moyen d'être fait compagnon de la Libération et d'être nommé ministre de l'Information par De Gaulle.