Le corps, présenté dans de multiples expositions à Paris, a fait durant la semaine écoulée l'objet de nombreux articles dans la presse qui d'un autre côté n'a pas manqué de publier moult commentaires sur le livre détonant de Catherine Millet, directrice du magazine Art Press. Celle-ci révèle sans honte de long en large ses tendances exhibitionnistes et sa grande liberté sexuelle alors que parallèlement, son compagnon a publié un ouvrage de photographies la montrant nue. Provocation ? Que nenni ! Juste une envie de s'affirmer et de se mettre en avant puisque la mode est au corps dévoilé.
«Picasso érotique» au Musée du Jeu de Paume, Botéro et ses grosses dondons à poil à la galerie Hopkins avenue Matignon, «La Vérité Nue» avec le provocateur Schiele et d'autres peintres autrichiens au Musée Maillol, Arlan et ses photos décapantes la montrant subir ses transformations par la grâce du scalpel d'un chirurgien esthétique, Paris regorge aujourd'hui d'expositions sur le corps montré sans compromissions. On est loin de la censure de naguère mais depuis quelque temps, la publicité avait déjà franchi le pas de la permissivité avec des clichés propres à réveiller des morts.
Tout cet étalage de chair fraîche fait couler beaucoup d'encre dans la presse mais la réaction du public n'est finalement que passagère. Tout cela alimente un temps les dîners mondains et le soufflé retombe jusqu'à la prochaine exposition.
La nudité qui éclabousse les yeux est présente partout. Dans les romans, au cinéma et en art qu'à la fin on a le sentiment d'être blasé. Chacun continue en fait de cultiver son jardin secret, même si la provocation devient sans cesse plus outrancière et si jamais Catherine Millet ou Orlan font des émules, ceux-ci sont loin de former un gros contingent.
Il y a vingt ans, on s'inquiétait de la pornographie. Aujourd'hui, elle s'est banalisée grâce à la levée des interdits mais au lieu des dérapages attendus on assiste maintenant à la faillite des sex-shops à Paris, à croire que le vulgaire ne fait pas vraiment recette…