Vendredi 30 mars, il n'y a pas grand chose d'intéressant à voir au marché aux Puces de Saint-Ouen où une sorte de disette règne depuis des mois. Au bout d'une heure d'une promenade infructueuse, je rencontre mon ami marchand lequel me raconte dans le détail son rendez-vous avec le grand galeriste qui a voulu absolument examiner son «Rembrandt» représentant un portrait de rabbin. «Il est resté béat devant le tableau avant de me dire qu'à son avis, cette œuvre datait de 1630-1635 et ne pouvait donc pas avoir été peinte par Rembrandt, lequel ne vivait pas alors du côté du quartier juif d'Amsterdam. Il a ajouté qu'elle aurait pu être exécutée par un artiste travaillant dans sa mouvance, comme Ferdinand Bol par exemple», me dit-il tout en ne tarissant pas d'éloges sur ce grand marchand en question.
«Je lui ai répondu qu'à mes yeux il s'agissait quand même d'un travail stupéfiant en lui signalant par exemple que la main gauche levée du personnage avait été peinte avec des accents impressionnistes et il m'a avoué qu'effectivement, il s'agissait d'un beau tableau. J'ai poursuivi en lui disant que Rembrandt aurait pu bien prendre un Juif comme modèle bien avant de déménager près du quartier juif, ce qu'il a finalement admis. Bref, j'attends maintenant son offre», ajoute-t-il avec un brin d'espoir dans la voix.