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Une oeuvre d'art n'appartient pas à celui qui la regarde mais à celui qui sait la regarder (Marcel Duchamp)
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Le journal d'un fou d'art
Chapitre :
12 titres
Vème Chapitre
AFFAIRE CONCLUE...
01 Janvier 2001
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Mercredi 24 janvier, rendez-vous à 6 heures 20 avec Chester Fielx pour aller à la foire du Bourget. Il est exact au rendez-vous, fringué comme un milord et pour cause, c'est à midi qu'il a rendez-vous pour toucher l'argent de son autoportrait de Corot. Il a la mine réjouie d'un joueur qui vient de faire sauter la banque au casino et doit vraisemblablement faire mentalement le compte à rebours des quelques heures qui le séparent du moment où il va toucher la bagatelle de 2,5 millions FF. Alors qu'on roule sur le périphérique, il m'explique d'un ton hilare que sa petite huile peinte sur papier a fait l'objet d'enchères répétées entre des musées et des marchands pour atteindre finalement cette somme. «Au départ, le prix avait été fixé à 1,5 million puis un musée américain a fait une offre à 2,2 millions avant qu'un grand marchand n'emporte le morceau,» me dit-il en gloussant tout en me rappelant, histoire de tourner le couteau dans la plaie, qu'il m'avait proposé de lui acheter pour 3500 FF ce petit tableau peu après qu'il l'eût chiné. Je lui réponds que ce jour-là, je n'avais pas été suffisamment séduit pour sauter sur l'occasion et que rien ne dit que j'aurais eu la chance de convaincre l'expert qu'il s'agissait bien de l'autoportrait de Corot peint alors que celui-ci n'avait qu'une vingtaine d'années. D'ailleurs, personne parmi les chineurs à qui il avait montré sa trouvaille n'avait pris la peine de le harceler pour essayer de le lui arracher des mains. Fielx a en fait bénéficié d'un coup de bol comparable à celui qui sourit à un joueur ayant héroïquement laissé sa mise sur un numéro à la roulette qui serait sorti alors plusieurs fois de suite. C'est simplement une histoire de baraka et voilà comment Corot rime avec Carat. La chance se résume en fait à l'intervention de l'expert qui a droit de vie et de mort sur une œuvre. Sans le précieux sésame que représente un certificat d'authenticité, elle ne vaudrait presque rien. Je pense alors à mon aquarelle de Cézanne représentant un pot de gingembre et des fruits pour laquelle l'expert en titre n'a pas voulu se prononcer. Authentifiée, elle aurait valu encore plus que la trouvaille de Chester. Encore un rêve qui passe à moins que l'expert ne change miraculeusement d'avis un de ces quatre … Maintenant, il ne reste plus qu'à se concentrer sur cette foire du Bourget où je constate pour commencer que le prix de la place de parking augmente de plus de 7% tous les semestres. Comparée au coût de la vie, cette augmentation paraît plutôt scandaleuse. A sept heures tapantes, des centaines de marchands et de chineurs partent à l'assaut des stands mais il ne faut pas plus d'un quart d'heure pour s'apercevoir qu'il n'y a rien de valable aux alentours. Rien que des copies, des croûtes et des nanars à perte d'horizon. C'est à en pleurer, à croire qu'il n'y a plus grand chose d'intéressant à trouver au royaume des antiquités. Voilà des mois que cela dure sur les foires et du côté des boutiques de Paris ou de province alors que le marché de l'art semble encore euphorique au niveau des ventes aux enchères. Il n'y a plus qu'à plier bagage tout en soupçonnant que la foire de Vincennes, programmée deux jours plus tard, sera malheureusement du même tonneau.
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Mercredi 24 janvier, rendez-vous à 6 heures 20 avec Chester Fielx pour aller à la foire du Bourget. Il est exact au rendez-vous, fringué comme un milord et pour cause, c'est à midi qu'il a rendez-vous pour toucher l'argent de son autoportrait de Corot. Il a la mine réjouie d'un joueur qui vient de faire sauter la banque au casino et doit vraisemblablement faire mentalement le compte à rebours des quelques heures qui le séparent du moment où il va toucher la bagatelle de 2,5 millions FF. Alors qu'on roule sur le périphérique, il m'explique d'un ton hilare que sa petite huile peinte sur papier a fait l'objet d'enchères répétées entre des musées et des marchands pour atteindre finalement cette somme. «Au départ, le prix avait été fixé à 1,5 million puis un musée américain a fait une offre à 2,2 millions avant qu'un grand marchand n'emporte le morceau,» me dit-il en gloussant tout en me rappelant, histoire de tourner le couteau dans la plaie, qu'il m'avait proposé de lui acheter pour 3500 FF ce petit tableau peu après qu'il l'eût chiné. Je lui réponds que ce jour-là, je n'avais pas été suffisamment séduit pour sauter sur l'occasion et que rien ne dit que j'aurais eu la chance de convaincre l'expert qu'il s'agissait bien de l'autoportrait de Corot peint alors que celui-ci n'avait qu'une vingtaine d'années. D'ailleurs, personne parmi les chineurs à qui il avait montré sa trouvaille n'avait pris la peine de le harceler pour essayer de le lui arracher des mains. Fielx a en fait bénéficié d'un coup de bol comparable à celui qui sourit à un joueur ayant héroïquement laissé sa mise sur un numéro à la roulette qui serait sorti alors plusieurs fois de suite. C'est simplement une histoire de baraka et voilà comment Corot rime avec Carat. La chance se résume en fait à l'intervention de l'expert qui a droit de vie et de mort sur une œuvre. Sans le précieux sésame que représente un certificat d'authenticité, elle ne vaudrait presque rien. Je pense alors à mon aquarelle de Cézanne représentant un pot de gingembre et des fruits pour laquelle l'expert en titre n'a pas voulu se prononcer. Authentifiée, elle aurait valu encore plus que la trouvaille de Chester. Encore un rêve qui passe à moins que l'expert ne change miraculeusement d'avis un de ces quatre … Maintenant, il ne reste plus qu'à se concentrer sur cette foire du Bourget où je constate pour commencer que le prix de la place de parking augmente de plus de 7% tous les semestres. Comparée au coût de la vie, cette augmentation paraît plutôt scandaleuse. A sept heures tapantes, des centaines de marchands et de chineurs partent à l'assaut des stands mais il ne faut pas plus d'un quart d'heure pour s'apercevoir qu'il n'y a rien de valable aux alentours. Rien que des copies, des croûtes et des nanars à perte d'horizon. C'est à en pleurer, à croire qu'il n'y a plus grand chose d'intéressant à trouver au royaume des antiquités. Voilà des mois que cela dure sur les foires et du côté des boutiques de Paris ou de province alors que le marché de l'art semble encore euphorique au niveau des ventes aux enchères. Il n'y a plus qu'à plier bagage tout en soupçonnant que la foire de Vincennes, programmée deux jours plus tard, sera malheureusement du même tonneau.
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