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Le journal d'un fou d'art

Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.

  • Introduction et chapitres de 1 à 2
  • Chapitres 3 à 5
  • Chapitres 6 à 8
  • Chapitres 9 à 11
  • Chapitres 12 à 14
  • Chapitres 15 à 17
  • Chapitres 18 à 20
  • Chapitres 21 à 23
  • Chapitres 24 à 26
  • Chapitre 27 à 29
  • Chapitre 30 à 32
  • Chapitre 33 à 35
  • Chapitre 36 à 38
  • Chapitre 39 à 41
  • Chapitre 42 à 44
  • Chapitre 45 à 47
  • Chapitre 48 à 50
  • Chapitre 51 à 53
  • Chapitre 54 à 56
  • Chapitre 57 à 59
  • Chapitre 60 à 62
  • Page précédente 45/1346
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    IVème Chapitre
    UN VALADON DANS UNE BOTTE DE FOIN
    01 Novembre 2000
    Mercredi 15 novembre, embouteillage monstre à la sortie de l'autoroute menant au Bourget où se déroule une nouvelle foire à la brocante. Des centaines de voitures roulent pare-choc contre pare-choc vers le centre des expositions avec à leur bord des marchands et des chineurs toujours aussi affamés de trouvailles.

    La marchandise de grande qualité devenant rare, il n'y a pas de miracle à espérer quoiqu'il doit bien y avoir deux ou trois pièces exceptionnelles à découvrir parmi les stands de quelque 800 exposants. Autant dire qu'il s'agit d'une sacrée loterie car il faudra vraiment bénéficier d'une chance inouïe pour se trouver le premier au bon endroit.

    Il fait un froid de canard et les chineurs ne sont pas nombreux à se précipiter vers ces marchands mal inspirés par l'idée de déballer dehors alors que l'immense hall d'exposition, qui offre l'avantage d'être à l'abri du froid, est pris d'assaut par une meute de véritables excités. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin car la drouille foisonne au mètre carré. Seuls les meubles semblent bien se vendre alors qu'on ne voit pas un seul tableau ancien alentour, ce qui est le signe évident d'un manque de bonne camelote. Au bout de deux heures de marche carrément de long en large et en travers cela finit par devenir plutôt énervant.

    Au détour d'une allée, je rencontre Chester Fielx qui est accompagné d'un chineur appelé Michaël "le puits de science". Mon ami luxembourgeois est en train de négocier l'achat d'une huile sur toile marouflée sur carton signée Alexis Vollon dont le sujet, une presse à graver avec parterre des pots contenant des pinceaux, ne casse vraiment pas des briques. Son copain Michaël l'attend en déambulant autour du stand voisin et s'arrête soudainement comme hypnotisé. Il vient d'apercevoir un pastel posé à terre contre un meuble, qui de loin ressemble fort à un Toulouse-Lautrec et hâte le pas pour s'en saisir illico.

    Ce pastel, qui représente une jeune fille nue enfilant un bas, ne porte pas la signature de Lautrec mais celle, certes moins prestigieuse, de Suzanne Valadon, son modèle. Il retourne le cadre, et constate avec un air médusé que le prix affiché sur l'étiquette autocollante n'est que de 800 FF.

    «Combien ?», demande-t-il fébrilement au marchand qui est en train de discuter la vente d'un meuble. Ce dernier lève les yeux machinalement et annonce : «300»…

    A ce tarif là, il n'y a pas à se priver. Michael ne barguigne pas, sort trois billets de cent francs de sa poche et file rapidement savourer son bonheur quelques mètres plus loin. Chester, son Vollon sous le bras, le rejoint et demeure interdit un bon moment en examinant l'achat de son copain alors qu'un autre chineur, attiré comme un fauve par l'odeur du «gibier» capturé, vient se planter devant Michaël et tente férocement, mais sans succès, de lui racheter le pastel.

    Dans la journée, Michaël a été farfouiller dans sa bibliothèque et a trouvé un livre sur Suzanne Valadon dans lequel il a eu la surprise de découvrir une œuvre similaire réalisée en 1896, à ceci près que le pastel reproduit en pleine page de cet ouvrage représente la jeune fille en jupe dans une posture quasiment identique. L'heureux chineur a dû danser de joie à l'idée d'avoir acquis une version nettement plus osée de ce sujet laquelle doit bien valoir plus de cent mille francs au bas mot. Un bien joli coup, surtout en cette période de vaches maigres ….

    Vendredi 17 novembre, Charles Bailly, la mine renfrognée, passe de stand en stand au marché Paul Bert de Saint-Ouen sans prêter attention à ceux qui le croisent. Tout en examinant promptement quelques tableaux, il doit vraisemblablement ruminer au sujet de sa dernière déconvenue qui a suivi son achat d'un tableau attribué aux frères Le Nain que l'Etat a ensuite interdit de sortie du territoire français. Cette semaine, il vient d'apprendre que les œuvres qu'il avait mises en vente aux enchères à New York ont presque toutes été ravalées et cela a de quoi le mettre en rogne.

    Les marchands ne peuvent pas gagner à tous les coups mais là, la déculottée subie par ce grand professionnel est plutôt sévère. Mauvaise galère de galeriste. Bailly en a néanmoins vu d'autres et on peut gager qu'il se rattrapera une autre fois grâce à ses fantastiques connaissances.

    Samedi 18 novembre, Chester a le cœur léger après avoir obtenu un certificat d'authenticité pour une petite huile sur papier, achetée 600 FF dans un au marché aux Puces proche de Paris, laquelle n'est rien d'autre que l'autoportrait de Camille Corot peint lorsque celui-ci n'avait qu'une vingtaine d'années. Cette œuvre n'était pas signée mais le Luxembourgeois avait eu un œil de lynx pour se conforter dans l'idée que ce portrait avait tout pour être celui de Corot. Son certificat en poche, il pourra espérer en tirer une coquette somme. Et dire que quelques heures après l'avoir acheté, il avait failli commettre l'erreur de le revendre pour 3500 FF …

    Conclusion : il faut se montrer patient lorsqu'on acquiert une pièce pour trois fois rien et résister à la tentation de faire ce qu'on pense être un joli bénéfice qui, au final, peut conduire à une énorme bourde. Chester a donc été diablement avisé en sacrifiant une partie de son temps à faire des recherches qui l'ont amené ensuite à obtenir son précieux certificat.

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