Jeudi 14 septembre 2000, visite des journalistes à la Biennale. Du beau, du chic, du prestigieux à chaque coin de stand mais peu d'objets ou de tableaux extraordinaires par rapport aux éditions des années 1990. La qualité est toujours présente mais les marchands ont de plus en plus de mal à dénicher des pièces somptueuses. En fait, les grands collectionneurs et les musées ont presque tout raflé depuis une décennie alors que la foire de Maastricht a petit à petit damé le pion à Paris. Néanmoins, les 116 exposants de la Biennale n'ont pas eu à se plaindre puisque la plupart ont pu dès le premier jour couvrir les frais prohibitifs de leur présence à cette manifestation d'envergure.
On a vu d'autre part une arrivée en masse de journalistes collaborateurs de sites Web venus couvrir cette manifestation. Cela a fait sourire quelques exposants qui ont le sentiment que certains sites d'art sont dirigés par des «charlatans» ou plus simplement des incompétents. N'est pas spécialiste qui veut et dans le domaine de l'Internet, rares sont les animateurs de sites qui ont une connaissance approfondie du marché de l'art. Je dirai finalement que c'est tant mieux car après une période d'évaluation, on pourra faire le tri entre le bons et les mauvais.
Pour le reste, le succès attendu de la Biennale ne parviendra pas à masquer les difficultés actuelles d'un marché français, certes en pleine ébullition, mais dont le réservoir s'épuise inexorablement. Ajoutez à cela la réforme prochaine de la profession de commissaire-priseur et les taxes, trop lourdes, qui freinent l'évolution internationale de ce marché, et vous aurez en conclusion un résultat mitigé.
Vendredi 15 septembre 2000, la rumeur a couru que Charles Bailly, le découvreur d'œuvres perdues depuis des lustres considéré comme le galeriste le plus en vue, songerait à s'expatrier en Suisse. On imagine aisément que Bailly soit l'un des marchands les plus imposés de France et que la pression fiscale à laquelle il est soumis pourrait avoir fini par le lasser. Il laisserait ainsi un grand vide en décidant de s'installer à l'étranger alors que d'autres professionnels en vue pourraient être ensuite tentés de l'imiter. Face à pareil scénario, Paris perdrait alors toute illusion quant à regagner sa place de capitale mondiale du marché de l'art.