Autre changement dans les comportements, celui qui concerne le football qui transcende de plus en plus les populations et provoque des liesses populaires incroyables. L'Euro 2000 a excité les passions avec des rencontres propres à faire chavirer les cœurs. Le match entre l'Italie et la Hollande a confiné au tragique avec l'incroyable malchance des Hollandais et la sublime baraka des Italiens. Celui entre la France et ces derniers a coupé le souffle aux spectateurs et à des millions de gens qui ont eu les yeux rivés sur les écrans de leurs postes de télévision. Du grand jeu entre des maîtres du ballon rond, du sublime avec un but égalisateur marqué par les Français à vingt secondes de la fin et un véritable orgasme suscité chez les supporteurs par leur but en or.
On peut établir un lien entre le football et l'art à travers le happening que représente un match, les arabesques du ballon et celles des joueurs en mouvement, l'opposition des couleurs entre celles des maillots, le vert de la pelouse et les taches composées par les spectateurs dans les tribunes. Un match devient une sorte d'œuvre, aboutie pour l'équipe gagnante, ratée pour la perdante et parfois un chef d'œuvre et pour beaucoup un stade ressemble à un temple et même à un musée par la présence d'artistes considérés comme légendaires. Il semble cependant étonnant que les peintres ou les sculpteurs n'aient pas cherché à mieux exploiter le thème du sport dans leurs œuvres, à croire qu'ils éprouvent des difficultés à interpréter les exploits sportifs avec une acuité suffisante. Il y a là vraiment des sujets à creuser car le sport, tout comme l'art, est fait pour réunir les hommes.
Vendredi 7 juillet, ça sent de plus en plus les vacances aux Puces de Saint-Ouen où de nombreux rideaux de fer sont restés abaissés. Même topo à Drouot où, en dehors de deux vacations de tableaux catalogués, on n'a vendu que de la drouille durant la semaine. Les choses reprendront sérieusement à la fin du mois de septembre après une dernière flambée à Londres qui a connu l'excitation des grands jours chez Christie's qui a vendu pour 84,6 millions FF une étude double face de Michel-Ange pour la Résurrection du Christ. Un record mondial pour la catégorie des dessins...
Michel-Ange avait réalisé cette étude vers 1514 pour la statue de marbre destinée à l'église Santa Maria Sopra Minerva à Rome. Ce dessin ira probablement au musée Getty dont l'appétit pour les pièces exceptionnelles est particulièrement vorace.
Toujours chez Christie's un reliquaire en argent et vermeil fabriqué à Augsbourg en 1497 d'après un dessin attribué à Holbein le Vieux représentant Saint Sébastien, a été acquis pour près de 20 millions FF. Un prix qui décoiffe même si cet objet finira par figurer en bonne place dans une institution et probablement pas dans la collection d'un fou d'art.
J'ai rencontré le même jour un vieil ami qui s'est évertué à garder son calme en apprenant que l' obtention du certificat pour le tableau moderne qu'il avait chiné à Chatou il y a deux ans était en bonne voie. Dûment authentifiée, l'oeuvre vaudra quelque deux millions FF sur le marché, ce qui contituera une belle opération quoique ce chineur sera obligé de laisser la moitié de cette somme à l'intermédiaire qui s'est chargé de la présenter au comité d'expertise idoine.
En prenant seul cette initiative, le découvreur de cette oeuvre aurait réduit ses chances de succès parce qu'il n'est pas fait pour les ronds de jambe et les flagorneries tandis que de son côté, l'intermédiaire ne s'est pas privé de traiter royalement le responsable du comité en l'invitant dans les meilleurs restaurants. N'empêche, un million de francs pour ce genre de service, c'est plutôt cher payé.