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Marché

Histoire du marché de l'art

Cet article se compose de 9 pages.
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Peut-on alors croire que dès le début, l'art a été réservé à une élite ? Si on se base sur le nombre des individus qui composaient chaque groupe constitué, si on accepte l'idée que les artistes étaient avant tout des Chamans qui avaient seuls la maîtrise du dessin et le privilège exclusif de pénétrer au fin fond des cavernes, on comprendra peut-être mieux pourquoi ce phénomène d'élitisme s'est perpétué à travers les siècles.

LES PREMIERES DEMARCHES COMMERCIALES

L'art a conservé longtemps un caractère sacré durant les périodes du Mésolithique et du Néolithique et ce n'est que durant le premier millénaire avant J.-C, tout en étant toutefois encore associé au sacré, qu'il a connu un développement important avec l'exportation à travers le Bassin Méditerranéen de statues et de poteries peintes. Mais en général, les destinataires ont été essentiellement des patriciens.

Les objets et statues dévolus aux temples y sont demeurés en permanence et ainsi, ces édifices ont rempli un rôle proche de nos musées actuels. Mais ce contact avec l'art a créé surtout un commerce qui s'est développé rapidement.
De grands centres de production ont vu le jour, notamment à Pergame, à Antioche et à Alexandrie pour ne citer que ces lieux. Les pièces produites se sont vendues cher et les amateurs ont souvent été de grands connaisseurs.


Isis, art religieux égyptien avec une connotation grecque
pour les temples ou les particuliers de l'époque

Cette situation s'est perpétuée et s'est intensivement développée durant l'hégémonie romaine. A Rome, les marchands d'art ont même été très actifs de même que les faussaires, les escrocs et les spéculateurs. Il est d'ailleurs important de signaler que les premières ventes aux enchères (auctiones en latin) ont été organisées à Rome il y a de cela 2000 ans et que leur cérémonial a été pareil à celui qui préside à une vacation d'aujourd'hui.

Quelques siècles plus tard, l'art a été annexé par l'Eglise et par une frange de la noblesse, notamment les chevaliers partis en croisade et qui ont ramené de nombreux trésors de leurs expéditions. Ce n'est toutefois qu'à partir du XIVe siècle qu'un mouvement significatif s'est dessiné en Italie et en France et que l'œuvre d'art, hors du contexte religieux, a commencé à devenir objet de collection. Vers 1400, les familles royales et les grands seigneurs ont favorisé le commerce des objets d'art, des tableaux, des sculptures et des tapisseries. Les artistes, jusqu'alors considérés comme des artisans, ont fini alors par se grouper en corporations tandis que de moins en moins de peintres ont été recrutés chez les moines et que de plus en plus d'artistes ont commencé enfin à laisser leurs noms à la postérité.
Avec les progrès de la navigation, le commerce a pris un essor extraordinaire dans le monde entier et l'art a naturellement profité de ce nouvel élan. Néanmoins, il a mis longtemps à se débarrasser de sa connotation religieuse.

LES PREMIERS COLLECTIONNEURS

Au début du XVe siècle, les miniaturistes se sont mis à flirter avec le maniérisme que les primitifs flamands avaient développé avec l'emploi de couleurs diaprées, d'or et d'argent, tandis que le raffinement des proportions est allé en s'accentuant tout comme la manière de peindre les attitudes et les costumes des personnages.

Ainsi que le suggère Erwin Panofsky, il s'est produit alors une modification des rapports entre producteurs et consommateurs d'art. L'Eglise n'a plus été le seul débouché. Il y a eu aussi les rois, les princes et les nobles, et à un niveau inférieur, certains bourgeois qui se sont mis de la partie tandis que les artistes sont sortis de leur anonymat. Petit à petit, l'Europe a vu le cercle de ses collectionneurs s'agrandir, surtout avec la redécouverte de l'Antiquité suite aux fouilles qui se sont multipliées au début des années 1400.

Dès lors, les amateurs d'objets anciens ont augmenté en nombre, tout comme les marchands. C'est donc tout naturellement qu'à partir de la Renaissance, l'art a fait l'affaire des rois pour servir à asseoir leur gloire.

En quelques décennies, les cours royales et princières se sont mises à rivaliser entre elles créant une formidable émulation chez les artistes dont certains ont bénéficié des plus hautes protections. On connaît le prestige d'un Léonard de Vinci à Milan puis auprès de François 1er en France, on a pu mesurer l'importance du séjour à Londres de Hans Holbein et on sait quel a été le rayonnement de Raphaël et de Michel-Ange de leur vivant et aux époques qui ont suivi.

En fait, l'engouement pour l'art des vieilles aristocraties a trouvé sa source dans la nécessité de s'affirmer face à la montée progressive d'une nouvelle classe protocapitaliste de marchands et de financiers.

Dans ce contexte, les meilleurs artistes sont rapidement devenus des personnages adulés dont la réputation a dépassé les frontières de leurs propres pays.
Les premières peintures à l'huile du XVe siècle ont notamment été à la base de profonds bouleversements tout comme l'apparition de l'imprimerie. A cette époque, ces deux innovations ont contribué à la mise en mouvement d'une fantastique révolution pour l'art.

En moins d'un siècle, les artistes ont évolué vers d'autres dimensions, la plus importante étant probablement la prise de conscience de leur identité propre. La Renaissance a salué l'avènement de l'homme. Elle ainsi permis aux peintres de se dégager alors des cadres rigides dans lesquels on les avait confinés. Ils ont donc pu s'extérioriser et faire exploser leurs dons. Puis, du sacré, certains sont passés à la représentation de l'homme tout en continuant à se servir d'alibis religieux.

On a assisté ensuite à l'éclosion d'un Brueghel qui a influencé les artistes de la fin du XVIe siècle. On a vu aussi Jérôme Bosch jongler avec la folie et l'enfer, cet initiateur de la peinture fantastique devenant un des artistes favoris de Philippe II d'Espagne, roi épris de conquêtes et collectionneur passionné à ses heures perdues.

C'est surtout au XVIIe siècle que de grands bouleversement ont eu lieu. Les rois et les princes ont collectionné de plus en plus d'œuvres d'art tels Charles Ier en Angleterre, Louis XIII et Louis XIV en France et les Habsbourg notamment.


Charles 1er d'Angleterre,
un des plus grands collectionneurs parmi les monarques

La manie de collectionner s'est développée également au sein des populations. Rien qu'en France, on a compté plus de mille collectionneurs mais les plus grands acheteurs sont restés situés au plus haut niveau de la noblesse. Richelieu a ainsi contribué à étoffer les collections royales tout comme Mazarin, son successeur.

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