Le soir, j'ai rendez-vous avec un amateur d'art qui chine souvent sur Internet. Celui-ci m'explique de quelle manière il a acquis un lot de peintures de petit format de Basquiat ou de Haring qu'il a revendu avec un bon petit bénéfice afin de pouvoir s'offrir des pièces plus intéressantes. Il me raconte qu'il s'intéresse à des artistes comme Blais, Boisrond ou Combas, le pape de la Figuration Libre dont il a acheté plusieurs œuvres importantes et qu'il considère comme le meilleur peintre contemporain de l'Hexagone en regrettant toutefois qu'il soit un peu trop prolifique.
Ce jeune collectionneur paraît être un fieffé fou d'art qui s'efforce d'acheter des œuvres en les payant en plusieurs fois car il n'a pas les moyens de se les offrir d'un coup. Là, j'applaudis car cette façon de se mettre en quatre pour acquérir ce représente ni plus ni moins de la passion à l'état pur.
Samedi 9 décembre, le marché aux Puces de la porte de Vanves ressemble à une véritable fourmilière de chineurs mais ceux qui déballent sur le trottoir paraissent de plus en plus gourmands en annonçant des prix dignes de ceux du Louvre des Antiquaires. Ainsi, l'un d'eux demande 25 000 FF pour une paire de lavis du XVIII e siècle qu'on pourrait acheter à Drouot pour moins de 8000 alors que d'autres ne vendent que des copies de tableaux exécrables.
Lors d'un détour à Saint-Ouen, j'entame une causette avec un marchand qui m'apprend qu'un de ses confrères a vendu pour 500 000 FF un lot de peintures d'un artiste nommé Wallis. Je tombe des nues du fait que Jean Wallis, né en 1938, peint des courses automobiles et d'autres scènes dans un style qui se situe entre le naïf et la caricature, un peu à la manière d'un peintre du dimanche, mais il paraît que les Américains raffolent de ce genre de peinture. Finalement, je constate que le marché a toujours fonctionné d'une manière irrationnelle et que les choses ne changeront pas de sitôt.
Au fait, j'allais oublier d'évoquer tous ces artistes pasticheurs ou copieurs de grands peintres qui n'ont pas tellement d'originalité sinon un bon coup de pinceau, tel Thuillier dont les toiles, exposées en ce moment rue de Seine, ne sont apparemment que des reprises d'œuvres de Bonnard.
Voilà un artiste à qui il manque le génie d'un créateur et dont le talent ne s'exprime pas comme il faudrait (dommage!) alors que les galeries de la Rive Gauche montrent les productions d'autres peintres semble-t-il plus intéressants mais à des prix qui donnent plutôt à réfléchir car les oeuvres de ces derniers ne vaudraient pas plus de deux mille ou trois mille francs à Drouot, où l'on ne mise d'habitude que sur des bonnes pointures confirmées et consacrées.