Soirée de gala donc chez Enrico Navarra qui présente une exposition décapante et détonante intitulée «Le Corps Mutant» avec des photos géantes de personnages rafistolés au bistouri, hymnes au lifting ou plutôt au Dr Frankenstein. Des œuvres propres à glacer d'effroi les visiteurs quoique le spectacle est à cet instant dans la salle avec une flopée de personnages monstrueux bien réels, filles rafistolées et déguisées comme pour «Halloween», transsexuels maquillés à outrance, relookés au scalpel avec des lèvres qui semblent gonflées à l'hélium, des pommettes rechapées et des seins siliconés à la limite du volume toléré, des nanas aux coiffures style «Guerre des Etoiles» et des individus qui semblent sortis du «Bal des Vampires» de Roman Polanski au milieu de quelques invités bien comme il faut qui cachent mal leur étonnement.. Sanglé dans un impeccable costume trois pièces, Richard Rodriguez se marre doucement au sein d'une folle cohorte qui sirote du champagne en faisant mine de s'extasier devant des œuvres aux effets par trop chirurgicaux à mon goût.
Il faut de tout pour faire un monde me direz-vous, mais il n'en reste pas moins que l'art contemporain semble de plus en plus verser dans la démesure comme cette exposition le prouve. Assurément, Enrico Navarra a réussi un joli coup médiatique avec l'aide de nos confrères de Nart mais en même temps, son happening n'offre pas de solution vraiment alléchante pour l'avenir. Les mutants sont aujourd'hui de plus en plus parmi nous mais il n'est pas certain que l'art contemporain gagne grand chose en faisant sa mue à travers ces phénomènes de foires…
Vendredi 13 octobre, le marché aux Puces est comme une mer calme et les chineurs sont condamnés à ramer parmi de vagues objets (sic). Personne n'a donc fait de pêche miraculeuse ce matin.
A 19 heures, la soirée annuelle des Puces commence à battre son plein. Les rues et les marchés grouillent de monde et les buffets installés dans quelques stands sont pris d'assaut par des affamés qui ont l'art de jouer des coudes. A Malassis, les visiteurs sont accueillis au son de tam-tams africains créant une ambiance propre à leur donner l'envie de se déhancher. Il faut bien que les Puces soient enfin en fête après avoir vécu des semaines plutôt moroses...