Biographies

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UN EXPRESSIONNISTE A PART

Armand Nakache ne recherchait ni les honneurs ni la gloire, ne vivant en fait que pour sa peinture, intensément et sans concessions.Nakache n'a pas voulu plaire mais plutôt montrer avec dérision et violence l'Homme dans tous ses états.

Il a été avant tout le chantre de l'Expressionnisme en France, un domaine si injustement boudé par le public qui a été plus attiré les charmes de la peinture classique, de l'Impressionnisme, du post-Impressionnisme ou même par les mystères du cubisme.

Il a opté pour la réalité de la vie en faisant appel à l'hallucinant, le burlesque ou la violence, et ce sans aucune tricherie. Dur et tendre à la fois, il sait nous émouvoir profondément par le côté fantastique qu'il a donné à ses oeuvres, flirtant parfois avec Jérome Bosch, Breughel, Goya, Daumier ou Rouault.

Armand Nakache, tourmenté par l'horreur de la guerre, certainement irrité par l'insouciance de ses contemporains, a voulu à travers son œuvre nous laisser un message, une sorte de mise en garde contre les errements de notre société.

Dérangeant et attachant à la fois, Armand Nakache n'a pas été seulement un témoin de son temps, mais aussi un visionnaire hors pair et ce maître de l'extraordinaire et de la couleur, déjà présent dans les musées, mérite une fois pour toutes l'admiration du plus grand nombre.

UN GRAND PEINTRE A DECOUVRIR

"L'apprenti sorcier", h.s.t. - 1959 "L'homme traqué", h.s.t 1943-44

Armand Nakache, c'est un nom qui ne dit malheureusement plus grand chose aux amateurs de peinture moderne. Pourtant, dans les années cinquante, les toiles de ce peintre étaient plus chères que celles de Bernard Buffet ou d'autres grands de la peinture. Ce maître de l'Expressionnisme fantastique, a produit des œuvres aussi fortes sinon plus, que celles d'Ensor, Kokoschka, Rouault, Soutine, voire Vlaminck.

Plusieurs fois blessé,il termine la guerre comme lieutenant. Son retour vers la peinture est difficile et il lui faut exercer un second métier pour subsister.

Travaillant sans relâche, il participe à la création du Salon Populiste dont il devient le Secrétaire général. Son art est alors austère et sa première préoccupation est de dessiner sans cesse. Il s'essaie aussi à la gravure puis sa palette se libère et devient nettement plus colorée.

Un moment Nakache rejoint et dépasse le "fauve" éblouissant que fût Vlaminck à ses débuts en essayant d'aller au delà des limites fixées de l'Expressionnisme.

Parallèlement Nakache se remet sans arrêt en question et sa peinture devient alors de plus en plus poignante. En 1947, il inaugure la série des clowns et des couples peints sans complaisance aucune comme si l'humanité était née sous le signe de la malédiction.

Le conflit de 1914-1918 et celui de 1939-1945 ont laissé leurs traces chez Nakache qui peint comme pour exorciser un démon invisible venu l'habiter. Etrangement, la vie palpite derrière les masques grotesques ou lugubres et on sent que Nakache a peint ses toiles avec une pas-sion démesurée et une envie acharnée de se surpasser.

A aucun moment, Nakache ne recherche les honneurs. Il expose surtout aux Indépendants, aux Peintres témoins de leur temps, parfois à la Biennale de Venise ou en Belgique et ne s'occupe que de sa peinture. Il regimbe lorsqu'on veut le porter aux nues ou le célébrer et se moque de ce que ses toiles valent. Son seul souci aura été d'évoluer, de chercher des réponses à des questions lancinantes et de trouver les moyens de faire sortir des cris de ses tableaux.

Sans la longue bataille menée par son fils Francis et sa belle-fille Suzanne, on aurait oublié jusqu'à son nom et aujourd'hui on le redécouvre avec éblouissement et l'on se rend compte de son extraordinaire dimension. Cela n'ira pas sans conséquence et l'on peut rêver à la cote future de Nakache, laquelle s'envolera rapidement lorsque des amateurs avisés s'intéresseront à son oeuvre.

Dans quelques années, certaines de ses toiles pourraient atteindre des prix conséquents et ceux-ci seront à coup sûr justifiés par le génie incontestable d'un artiste solitaire qui se révèle comme un grand maître de l'Expressionnisme du XXème siècle.