La galerie La Cymaise présente jusqu'au 16 février 2005 une exposition consacrée à André Derain (1880-1954). Le marchand Nicolas Silin a sélectionné une cinquantaine d'huiles, dessins et sculptures pour faire redécouvrir Derain, un artiste qui fut à son zénith entre 1904 et 1913 avant d'abandonner le fauvisme en faveur d'un classicisme en général plutôt mièvre.
Pourtant admiré par Giacometti et Balthus, Derain commit en outre l'erreur de participer en 1941 avec Vlaminck, Van Dongen, Belmondo et Despiau à un voyage en Allemagne, une initiative malencontreuse qui valut à ces artistes d'être soupçonnés de sympathie pour les nazis.
En fait, Derain ne vendit aucune œuvre aux Allemands et, blessé, préféra se muer dans le silence après la guerre. Comme Vlaminck, il manqua le coche après s'être imposé comme un grand maître du Fauvisme en n'adhérant pas au Cubisme et surtout en se cantonnant dans un genre de peinture qui fit croire qu'il avait gâché à jamais son talent. Après 1914, le magnifique fauve qu'il fut perdit brutalement sa griffe alors que le Fauvisme parvint à survivre grâce aux Expressionnistes allemands jusqu'à 1930.
Digne héritier de Seurat, il avait produit des œuvres exceptionnelles en compagnie de Vlaminck tout en exerçant une profonde influence sur Matisse et Braque avant de marquer le pas dès le début de la Première Guerre Mondiale. A part quelques œuvres intéressantes produites au début des années 1920, Derain, probablement victime des critiques qui réclamèrent avec insistance un retour salutaire au classicisme, ne parvint jamais à retrouver la verve de sa jeunesse.