Le monde de l'art, si mal compris par les profanes, est fréquenté par des personnages de tous horizons, du haut et du bas de l'échelle humaine, avec ses seigneurs et ses valets qui n'hésitent pas parfois à utiliser des méthodes peu orthodoxes pour mener à bien des affaires qui peuvent être juteuses et la question est de savoir comment le fréquenter en évitant de se faire piéger.
Les intervenants du marché ne luttent pas toujours à armes égales parce qu'ils évoluent dans un système qui n'a rien de démocratique. Dans cette jungle particulière, les puissants font la loi.
Les règles sont ainsi définies par des clans qui font que le marché ressemble souvent à un club privé. D'un côté, il y a les riches collectionneurs. Certains font partie d'une vieille dynastie, d'autres ont fait fortune récemment. Leurs collections servent fréquemment à asseoir leur position sociale. Elles sont le reflet de leur réussite. On parle ainsi de la « Collection X » ou « Y» qui assure un pedigree aux oeuvres qui y figurent. En matière d'art, la provenance est un «must ». Certains de ces
« nababs » sont à la tête de véritables empires industriels et l'achat d'oeuvres prestigieuses se double souvent d'une opération médiatique à moindres frais pour un acquéreur de poids. A ce niveau, les prix faramineux enregistrés aux enchères sont autant d'opérations spéculatives réalisées par des individus fortunés qui ne sont pas plus d'un millier à travers la planète. Dans ce contingent, on peut ajouter quelques institutions, comme le Fonds de Retraite des Chemins de Fer anglais, qui ont réalisé des dizaines de placements de gros calibres ces vingt dernières années.
Les privilégiés de cet « Olympe » du marché de l'art ont toujours eu tendance à se considérer comme des dieux car ils ont goûté au plaisir ineffable de miser des millions sur des oeuvres ou sur des noms d'artistes qui ont laissé leur empreinte sur le monde de l'art. En frisant l'orgasme, ils ont acquis ce que d'autres ont convoité avec en prime la satisfaction de voir leurs noms être imprimés dans les journaux au lendemain de grandes ventes. Chaque grande acquisition est comme une victoire militaire et la vente d'une collection bâtie à coups d'enchères mirobolantes représente une consécration.
A l'étage du dessous résident les maisons de vente, les grands marchands et les experts de renom. Ils sont la roue de transmission avec le Gotha de l'art et leur rôle est de réserver le plus gros du butin à l'élite des acheteurs. Les commissaires-priseurs font le tri, les grands marchands font le ménage, les experts veillent au grain et les magnats de l'art n'ont plus qu'à rafler la mise en faisant de temps à autre un bras de fer avec quelque musée ou institution disposant de crédits rondelets.
Il existe une relation aussi solide que l'acier entre ces seigneurs, les grandes maisons de vente, les grands marchands et les experts et si on devait se référer à une parabole il suffirait d'imaginer comment se comportaient les monarques et leurs courtisans au XVIIe ou XVIIe siècle.
Sotheby's ou Christie's, les maisons de vente anglo-saxonnes, emploient ainsi de nombreuses personnes appartenant à la noblesse européenne. Leur éducation, leurs origines et leurs relations sont des passeports pour s'ouvrir les portes de collections convoitées. Entre une tasse de thé, des petits fours et une causerie guindée elles préparent ainsi des ventes qui feront date.
Pour conserver leur carte de membre du club, les grands marchands( ils sont moins de 200 dans le monde) sont obligés de participer aux grandes manifestations comme la Biennale, la Foire de Maastricht ou celle de New York. Cela coûte très cher mais le standing se paie au prix fort. Tout ce qui vaut plus de 300.000 dollars (1.6 million de FF) se négocie dans la cour des grands mais il ne faut pas oublier que les transactions importantes ne représentent qu'un pourcentage négligeable par rapport à l'ensemble des ventes sur le marché de l'art.
Ce sont les oeuvres vendues entre 10.000 et 75.000 FF qui de loin constituent les principales recettes annuelles de ce domaine dont le chiffre d'affaires global atteint environ 280 milliards de FF, soit 30 milliards de moins que le montant des impôts directs payés chaque année en France...
Mises bout à bout, les miettes laissées par l'élite représentent près des 9/10e de ce chiffre d'affaires. Quand on sait qu'un seul tableau a dépassé les 10 millions de FF dans une vente en France durant l'année 1996, on peut alors mesurer l'impact de l'addition de ces prix relativement modestes et imaginer la puissance virtuelle de l'acheteur moyen.
L'union fait la force mais dans le cas du marché de l'art chaque intervenant, en dehors de l'élite, fait preuve d'un individualisme forcené. Néanmoins, cette constatation peut se vérifier également dans le cas des ventes de biens de consommation ou dans l'immobilier . Quoiqu'il en soit, l'élite du marché de l'art restera encore longtemps aux commandes parce qu'elle a édicté des règles qu'elle suit dans l'ensemble.
Hors de l'élite, que certains comparent à une sorte de mafia, c'est la tour de Babel avec ceux qui lui font des ronds de jambe aux grands pontes du marché, ceux qui veulent jouer les ténors et ceux qui cherchent à tirer parti d'une situation un peu folle. Mais la plupart se heurtent aux barrières érigées autour du club privé et si on veut s'y inviter pour une courte visite il faut alors user de maints subterfuges qui font parfois ressembler un endroit comme Pigalle à un aimable parc d'attractions.
Hors de «l'Olympe», le marché de l'art est comme un marécage où l'on peut s'embourber à tout instant sous l'œil vigilant des experts, gardiens des trésors, ou celui amusé des grands marchands, prêts à profiter de tout faux pas. Et dans ce marécage barbotent les collectionneurs, les chineurs, les naïfs, les petits commissaires-priseurs, les brocanteurs et toute une faune qui aurait donné une inspiration sans bornes à Balzac ou Alexandre Dumas.
Crise ou pas, l'objet rare fait encore recette parmi les amateurs qui rêvent toujours à l'Eldorado mais il ne suffit pas de le découvrir, il faut l' authentifier et sur vingt trouvailles propres à faire rêver, une seule trouvera peut-être grâce auprès d'un expert et elle se vendra souvent à un prix bien inférieur à celui qui sera atteint une fois mise à la disposition de l'élite. Les chineurs s'échinent, c'est le cas de le dire, et voient la plupart du temps leurs illusions se briser sur les récifs de l'expertise.
A mon niveau, en faisant l'inventaire de tout ce qu'ont pu amasser en une année les quelques chasseurs de trésors que je connais, je pourrais écrire des comptes-rendus fabuleux. Entre le Van Gogh trouvé pour 100 F à Montreuil, le Modigliani déniché sur une foire de banlieue à 35 francs, les 15 matisses trouvés dans un débarras à Paris, le Toulouse-Lautrec découvert à St Ouen, le bronze de Jean de Bologne acheté une misère dans un dépôt-vente de Paris, le Soutine sauvé d'une cave à Montparnasse, le Jan Brueghel négocié 20 francs lors d'un déballage à Lagny, les sculptures en terre cuite de Daumier ramassées pour 200 francs dans une vente de charité et le Poussin redécouvert chez une vieille dame à Lyon, j'aurais de quoi additionner des millions à la pelle. Seulement, une fois passés sous les Fourches Caudines des experts, aucun de ces dessins, tableaux ou objets fabuleux n'a été authentifié par ces derniers. Pas de provenance, pas de propriétaire prestigieux, alors pas de certificat d'authenticité pour les (mal)heureux découvreurs. Par contre, s'ils avaient été sortis du grenier de la propriété d'un membre de cette fameuse élite, là la probabilité d'une authentification aurait été vraiment réelle.
Bien sûr, il y a des faux en pagaille sur le marché et du fait qu'ils sont en nombre, les experts préférant émettre des avis négatifs parce qu'ils n'aiment pas prendre de risques inconsidérés et que dans leur rôle de garde-chiourme, ils se sentent plus à l'aise que dans celui de courtisan comme le fut le fameux Berenson à qui l'idée de dire non au grand marchand Duveen - qui le payait grassement - eut été vraiment saugrenue. Si un grand collectionneur vient consulter un expert il sera reçu avec déférence et si l'œuvre qu'il lui présente ne respire pas le faux au premier abord il aura franchi un grand pas vers ce sésame qu'est un certificat. Par contre, en ayant affaire à un gentil quidam qui manque d'aplomb et de relations , l'expert ira vite se muer en inquisiteur partial décidé à ne pas perdre son temps. C'est ainsi que tant d'oeuvres et d'objets authentiques retombent dans l'anonymat suite à une sanction sans appel et que leur salut ne viendra seulement qu'en tombant dans les griffes de ceux qui ont les moyens de leur redonner leur véritable identité.
Les experts pourraient utiliser les méthodes modernes d'analyse que la technologie a mises à leur disposition mais ils préfèrent généralement s'en tenir aux bonnes vieilles méthodes, celle du flair, de la connaissance et de leurs propres certitudes. Alors, la prudence prime dans leur jugement sauf quand ils sont en face de quelqu'un qui peut leur en imposer. Il suffit de lire quelques fables de ce cher Monsieur de la Fontaine pour mieux comprendre.
Et pour rester dans le domaine des fables, il suffit de fixer son regard sur les intervenants du marché de l'art pour saisir à quel point celui-ci peut être un théâtre exemplaire où se joue chaque jour un classique du comportement humain. De la cupidité à la malhonnêteté en passant par la fourberie, la haine, la flatterie, le dénigrement, la mauvaise foi, la tromperie, l'hypocrisie, la maladresse, la naïveté, le mensonge, l'orgueil, la vanité, la suffisance, l'espoir, le dégoût, l'excitation ou la peur , le choix des attitudes est plutôt vaste pour définir tel ou tel acteur du marché.
On finit donc par mieux comprendre pourquoi les luttes intestines au sein de la Chambre des Commissaires -Priseurs Parisiens ont brisé leur pseudo-unité et pourquoi la fin de leur monopole en janvier 1998 ne laissera plus que les plus grosses études en piste face à la concurrence des maisons de vente anglo-saxonnes.
Mais on n'a pas fini de s'étonner de voir la piétaille du marché de l'art se comporter de la même manière depuis des années. La spéculation est passée, la crise s'est installée durablement en France mais les mauvaises habitudes, les rapaces et les faibles sont toujours là.
On se rue toujours à Drouot comme au bon vieux temps mais la marchandise de qualité manque cruellement, ce qui n'empêche pas les prix d'être soutenus. Par contre, le marché aux Puces de St Ouen crève de langueur.
Les courtiers véreux , les escrocs de tout poil et les gogos ne manquent toujours pas et les affaires de faux n'arrêtent pas d'empoisonner le marché. Malgré tout, des marchands, mieux organisés que les autres, continuent à faire des affaires discrètement.
C'est comme s'il y avait plusieurs marchés. D'un côté les salles de vente, de l'autre des opérations par le biais des fichiers d'adresse et au milieu, des professionnels qui se rongent les sangs perdus au sein d'un Louvre des Antiquaires, d'un Carré Rive Droite ou Rive Gauche déserts et puis autour, ces foires à la brocante par centaines qui drainent les petits chineurs du dimanche, ces sans-grade qui partent aux aurores à la chasse au trésor et qui reviennent la musette vide la plupart du temps. Et tout cela fait le marché de l'art avec ses vieilles contradictions, sans cohérence et sans avenir défini qu'on soit à Paris, New-York, Londres ou Genève.
Il n'y a que l'élite qui a ses certitudes bien ancrées. Elle sait que c'est elle qui fait la pluie et le beau temps sans se soucier de la masse qui piétine sous elle. Tant qu'il y aura des objets et des tableaux valant plus d'un million de dollars à s'offrir, elle vivra dans un cycle immuable. Des fortunes se font et se défont et aussi longtemps qu'on trouvera des Bill Gates pour mettre la main sur des trésors artistiques à coup d'enchères fabuleuses, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes qui n'est pas celui de l'acheteur moyen.
Pour réussir à s'activer dans cet univers déroutant et envoûtant, il ne faut surtout ne pas avoir de scrupules car c'est la loi du plus fort qui domine. Il ne sert à rien de trouver un Braque, un Picasso et encore moins un Van Gogh si on n'a pas les moyens adéquats de les faire reconnaître pour tels. Et on se rend compte que l'art, qui était l'apanage des princes et des gouvernants de jadis reste celui des puissants d'aujourd'hui. Les experts, qui n'existaient pratiquement pas il y a 150 ans, n'ont rien changé au système en ayant oublié qu'ils avaient surtout à examiner un objet ou un tableau plutôt que la personne qui le leur présente. On peut alors se poser la question s'il ne serait pas de bon de les remplacer par des jurys de spécialistes qui auraient à confronter leurs opinions avant de délivrer un jugement définitif.
En attendant, pour corser un peu plus les choses en matière d'expertise, les ayants-droit d'artistes décédés sont venus prêter main-forte aux experts à leur manière. Souvent, ils ne connaissent que superficiellement les oeuvres de ceux dont ils protègent les noms et leurs avis sont parfois autant de couperets pour ceux qui croyaient avoir déniché un chef d'œuvre. En prime, des historiens d'art jouent maintenant aux experts. Ils connaissent tout de la vie d'un artiste mais ils ont eu rarement de ses oeuvres devant leurs yeux. Peut-on alors leur accorder pleine confiance?
On en revient la plupart du temps à cette histoire de provenance, surtout dans le domaine de la peinture, qui protège les puissants et laisse le commun des mortels bloqué devant cet obstacle infranchissable avec pour seul recours de s'en remettre à ceux qui ont les moyens de peser sur la décision d'un expert.
Parfois donc, le marché de l'art ressemble à une partie de poker avec des bluffeurs et des joueurs possédant des cartes truquées alors que d'autres participants sont assurés d'avoir un jeu gagnant. Certains pros de ce marché sont même parfois gagnants d'avance comme ce marchand parisien qui a acheté pour moins de 70.000 F dans une vente de province une vue du Brésil par le peintre du XVIIe siècle Frans Post et qui l'a revendu plus de 22 millions de francs en janvier 1997 à New York.
En plus d'un œil aiguisé, il avait eu un informateur et à sa disposition une volumineuse documentation pour dénicher ce chef d'œuvre ayant appartenu à la collection de Louis XIV. Un autre que lui aurait probablement été bien en peine de reconnaître la patte d'un grand maître dans ce tableau et encore moins courageux pour débourser le prix d'une petite voiture pour l'acquérir. Seulement, notre marchand est en relation étroite avec le fameux Gotha de l'art et de ce fait, il a pu sans trop de peine faire authentifier l'œuvre en question. On ne s'arrêtera pas là puisqu'il y a une suite à cette histoire.
Ayant figuré à l'inventaire des collections royales, le tableau aurait dû être classé au patrimoine par les représentants des Musées de France à sa sortie du territoire. Or, celui-ci aurait été exporté illégalement via un autre pays. Comme le marchand aura du mal à expliquer qu'il ne pensait pas que cette peinture avait au départ une telle valeur, on peut supputer qu'il devra trouver des arguments plus valables pour s'expliquer avec les représentants de l'Etat . On ajoutera que ces derniers oublient parfois de leur côté tout esprit d'honnêteté lorsqu'ils achètent des oeuvres importantes pour les musées en prétendant que celles-ci ont été produites par des artistes mineurs alors que tel n'est pas le cas. Certaines affaires retentissantes ont suffi à rappeler ce fait durant ces 30 dernières années. A certains niveaux, mais surtout à l'étage supérieur, les dés semblent pipés au bénéfice quasi exclusif des puissants du marché. En dessous, il vit sa petite existence en s'alimentant de tout ce qui le compose, ce qui laisse une place importante au flou puisque les faux, les bidouilles, les petites magouilles et j'en passe sont toujours là. Et tout cela n'empêche toujours pas les amoureux de l'art de fréquenter ce marché sauf qu'il pourrait attirer bien plus d'amateurs s'il n'était pas aussi difficile à cerner. Les solutions pour le rendre plus ouvert restent à trouver mais tant que l'élite sera aux commandes, il ne sera vraiment pas possible de révolutionner ce domaine. L'ennui est que les tableaux et les objets les plus chers sont accaparés par celle-ci et que les barrières qu'elle a naturellement érigées entre elle et le reste du marché risquent de rester longtemps immuables. Pour trouver un petit début de solution à une démocratisation du marché de l'art, il serait primordial de donner une place plus importante à l'art dans les études et de faire découvrir celui-ci à un plus grand nombre. Pour ce qui est de l'avenir immédiat, on ne risque pas de changer le comportement des intervenants de base de ce marché, ce qui rend évidemment Monsieur de la Fontaine toujours d'actualité. On n'évitera pas non plus les faux et les vols qui sont à l'art ce qu'est le sida au genre humain et on trouvera toujours en chemin ces personnages troubles qui évoluent comme des microbes dans le ventre de ce marché.
L'essentiel reste de faire bouger les choses, de secouer les vieux tapis, de faire progresser la connaissance, de briser cette notion d'élitisme qui impose des castes, en un mot de démocratiser un univers qui vit toujours comme sous l'Ancien Régime depuis que le marché est devenu une réalité. En attendant, les grandes collections reviennent en moyenne tous les 30 ans sur le marché et le danger est de voir l'art être progressivement annexé par de gros conglomérats financiers ou industriels qui se serviraient de son aura sous prétexte d'oeuvrer pour le bien de l'humanité et en faisant oublier par là même qu'ils sont vrais les maîtres de la planète. On a failli assister à ce phénomène avec des achats massifs effectués par des sociétés nipponnes avant la crise du Golfe survenue en 1991. Les nombreuses faillites enregistrées au Japon depuis lors ont nettement freiné cette tendance mais il suffirait d'une reprise économique sérieuse pour que le danger revienne au galop.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce sont les ventes records qui font le marché et non pas celles effectuées par la masse des acheteurs car ces records sont toujours mythiques et font vibrer la presse à l'unisson. Qui songerait à faire la comparaison avec le chiffre d'affaires global du marché de l'art avec le PNB d'un pays moyennement industrialisé ? On comprendrait alors que ce domaine n'est qu'à l'image du crapaud qui veut se faire aussi gros qu'un bœuf. Ce chiffre ne représente que des cacahuètes mais on ne retient toujours que le Van Gogh , le Picasso ou le Rembrandt qui a passé la barre des 20 millions de dollars dans une vente et on oublie que cela ne représente qu'un verre d'eau versé dans ce grand aquarium où évoluent parfois d'étranges poissons.
Au final, le marché de l'art ne génère que du rêve pour la plupart de ses intervenants sauf pour l'élite qui a su se créer un outil concret : celui de sa promotion et de sa puissance. Ceux qui appartiennent à la plèbe du marché peuvent continuer à se noyer dans leurs fantasmes. Pour l'élite art rime avec argent. Pour les autres il continue à avoir plusieurs facettes, celle de l'espoir déçu, de l'envie d'aimer ce qu'on ne peut posséder et de la certitude que l'art est ce que l'humanité a pu léguer de plus beau aux générations à venir. Au final, l'art reste un plaisir si l'on consent à être lucide. Mais peut-on l'être vraiment à partir du jour où l'on tombe sous le charme d'un bel objet ou d'un tableau qu'on juge splendide ?