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LA LAUREATE DU TURNER PRIZE 2017 EST UNE ARTISTE TRES ENGAGEE
22 Avril 2018
Catégorie : News

Première artiste de couleur à remporter le célèbre Turner Prize à 62 ans en 2017, la Britannique Lubaina Himid s'est activement engagée pour faire connaître ses semblables sur la scène artistique lors de ses participations à plusieurs expositions en Europe et notamment à Serignan, en France.

Lubaina Himid tient par dessus tout à inciter les galeries qui la représentent à promouvoir les artistes noirs et même à éveiller les consciences de conservateurs de musées pour mieux les exposer.

Née à Zanzibar mais installée très tôt en Angleterre après la mort soudaine de son père, l'artiste a souvent eu recours à des thèmes liées à l'histoire des Africains et des gens de couleur en utilisant toutes sortes de supports pour créer des oeuvres colorées.

A Serigan, elle présentera des oeuvres se rattachant au passé colonial de l'Europe et de la richesse tirée de l'esclavagisme. Dans "Cotton.com", une série de 85 peintures datant de 2002, elle rappela un incident survenu durant les années 1860 lorsque des ouvriers d'une cotonnerie refusèrent de traiter du coton des Etats confédérés du sud des Etats-Unis pour faire un parallèle entre ces protestataires et les esclaves noirs des plantations américaines.

Pour sa participation à la Biennale de Berlin, Lubaina Himid a demandé aux organisateurs de présenter des traductions en allemand de textes du poète activiste noir américain Essex Hamphill et de l'artiste et auteure britannique d'origine ghanéenne Maud Sulter alors que pour l'exposition "Liberté et changement" à Serignan sera présentée une conversation entre Françoise Vergès, une historienne connue pour son travail sur l'héritage du colonialisme et de l'esclavage et la conservatrice d'origine camerounaise Christine Eyene. Directrice artistique de la Biennale internationale de Casablanca. Cette dernière a déclaré dans une interview que de telles conversations étaient importantes en France où il était toujours difficile d'aborder des questions sur le passé colonial du pays.

Christine Eyene a rappelé que lorsqu'elle étudiait l'histoire de l'art à la Sorbonne durant les années 1990 il n'y avait pas de conservateurs de couleur dans les musées français et qu'elle avait rapidement compris qu'elle aurait peu de chances d'obtenir un poste dans une institution alors que des expositions consacrées à l'art africain ne servent toujours pas à réduire le fossé entre la diaspora et les artistes restés en Afrique.

A Serignan, Lubaina Himid présentera une oeuvre inspirée de "Femmes courant sur la plage", un tableau peint en 1922 par Picasso lequel fit de nombreux emprunts à l'art africain, notamment avec les "Demoiselles d'Avignon" qu'il réalisa en 1907.

L'artiste a également peint un tableau percutant en 2004, "Naming the Money", dans lequel elle a montré des dizaines d'esclaves noirs donnés en cadeau par le roi de France au roi d'Espagne, chaque personnage portant un panneau avec son nom et son occupation à la cour: joueur de luth, maître chien, danseur etc. Revêtus de riches habits, ceux-ci servaient à masquer avantageusement la réalité de l'esclavage en Europe.
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