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COMMENT DEVENIR UNE STAR DE L'ART CONTEMPORAIN par Adrian Darmon
08 Janvier 2018
Catégorie : Editorial

Le marché de l'art contemporain a pu atteindre les sommets grâce à des artistes devenus légendaires, comme Andy Warhol, Mark Rothko, Jean-Michel Basquiat, Lucian Freud, Francis Bacon pour ce citer que ceux là parmi tant d'autres.

Néanmoins, la célébrité des uns et des autres ne s'est pas faite d'une même manière chacun ayant plutôt bénéficié différemment d'un coup de pouce du destin alors que certains artistes ne l'ont connue qu'après leur mort. Picasso avait été confronté à des moments difficiles avant d'être propulsé sur le devant de la scène par Gertrude Stein puis Ambroise Vollard, Daniel Kahnweiler et d'autres marchands. Pour sa part, Modigliani n'avait jamais pu se sortir de la misère avant de mourir jeune.

Après la guerre, Mark Rothko avait mis du temps à percer, tout comme d'autres peintres de l'expressionnisme abstrait américain, avant de se suicider en se sentant miné par ses interrogations. Puis vint Andy Warhol, un dessinateur publicitaire, qui eut le génie de produire des oeuvres en série en les associant à des produits de consommation mais aussi en devenant le pape de l'Underground new-yorkais qui sut attirer à lui les nantis et les stars.

Warhol trouva ainsi un filon en proposant de faire le portrait de ses riches clients pour 25 000 dollars au milieu des années 1960 et ce, en utilisant des clichés polaroïd pour les projeter sur une toile et reproduire à l'envi ses tableaux à travers le procédé de la sérigraphie avec l'aide de dizaines d'assistants, ce qui signifiait qu'il n'était pas un artiste au sens classique du terme mais simplement le concepteur d'une oeuvre réalisée sous sa direction.

Le principe a fait depuis florès avec Jeff Koons, Maurizio Cattelan, Damien Hirst et d'autres prétendus artistes qui laissent à d'autres le soin de réaliser leurs oeuvres. En attendant, Warhol fut à la base du décollage phénoménal du marché de l'art contemporain, un domaine où le réservoir d'oeuvres disponibles s'avère sans limite.

Toutefois, pour qu'un artiste parvienne à vendre ses oeuvres, il faut avant tout qu'il se fasse connaître. Warhol, lui, après avoir séduit le gotha new-yorkais, n'eut aucune difficulté à convaincre le galeriste Leo Castelli de le représenter tandis que d'autres marchands flairèrent en même temps le filon en allant promouvoir des artistes comme Roy Lichtenstein, Jackson Pollock, Jasper Johns ou Willem de Kooning après que la CIA, oui l'agence de renseignement, eût activement oeuvré après la guerre pour promouvoir en priorité les créateurs américains au détriment des Français ou des Européens, considérés pour la plupart comme proches des communistes, ennemis jurés des Américains. A cela, il fallait ajouter que les Etats-Unis étaient en pleine croissance économique dès le début des années 1950 alors que l'Europe ne s'était pas encore relevée des stigmates d'un conflit sanglant pour que ses artistes puissent sortir de la mouise.

Après que Warhol et d'autres artistes américains eurent fait décoller le Pop Art qui,  rappelons-le, avait été inventé dans une Angleterre exsangue économiquement, ce fut donc à New York que le marché se retrouva en pleine éclosion mais il fallut attendre le milieu des années 1980 pour qu'il explose sous l'impulsion de nouveaux collectionneurs avides de gagner de l'argent.

D'ailleurs, Salvador Dali ne s'était pas plu à utiliser pour rien l'anagramme de son nom, Avidadollars, en manifestant haut et fort son avidité pour l'argent à travers une attitude crasse de dédain vis-à-vis de ses admirateurs. " Je leur dit que la gare de Perpignan est le centre du monde pour qu'ils m'applaudissent. Mes paroles sont ainsi vénérées par des gens dont je me moque au point de pouvoir leur faire gober n'importe quoi," m'avait dit l'artiste à la terrasse des Deux Magots un jour de 1964 alors que je l'interviewais en compagnie de quelques camarades de l'Ecole supérieure de Journalisme située devant l'église de Saint-Germain-des-Prés.

A la différence de nombreux artistes qui occupaient alors le devant de la scène, Dali avait toutefois un immense talent tandis que Picasso, s'il ne dédaignait pas gagner de l'argent, ne cherchait pas à capitaliser à tout prix sur sa gloire tout simplement parce que pour les Français, il était de mauvais ton de révéler sa richesse,  nonobstant le fait que cette légende de la peinture était tout entier voué à son art sans se soucier de savoir ce qu'il avait en banque.

En attendant, le marché de l'art contemporain prit un brusque tournant après la disparition de PIcasso, un artiste hyper prolifique qui avait produit plus de 100 000 oeuvres. Ce fut à partir de ce moment, que s'inspirant du concept  du Ready-Made de Duchamp, Warhol s'imposa avec des oeuvres créées à profusion par ses assistants qui, aujourd'hui, valent des fortunes.

Beaucoup d'artistes ont été influencés par les méthodes de marketing de l'ex-publicitaire pour se mettre eux aussi en avant en ne restant pas confinés dans leurs ateliers pour recourir aux services de galeristes en pointe qui depuis ont su assurer leur promotion avec art et finalement vendre un peu n'importe quoi, c'est à dire des oeuvres ayant peu de rapport avec l'esthétisme tel qu'il avait été défini jadis dans les académies de peintures pour être imposé aux amateurs lesquels, comme les admirateurs de Dali plus tard, ont gobé sans rechigner qu'on leur proposait, ce qui a aussi voulu dire que les critiques ont dû suivre aveuglément le mouvement sans plus pouvoir exprimer leur pensée.

Tout cela parce que le marché est devenu outrageusement élitiste avec des collectionneurs riches à millions qui ont saisi l'opportunité de spéculer sur des noms, comme en achetant des actions, pour découvrir que les oeuvres de certains artistes pouvait leur rapporter bien plus que de mettre leur argent sur un compte-épargne. Dans les années 1980, les riches cherchaient à asseoir leur statut en achetant des Rolls, des Ferrari, des Aston-Martin ou des Bentley avant de s'apercevoir que leurs amis pouvaient en faire autant. Par contre, inviter ces derniers chez eux pour qu'ils découvrent dans leur salon le Warhol récemment acquis pour 50 millions de dollars avait de quoi les rendre jaloux jusqu'à vouloir en posséder un aussi beau et aussi cher.

Ce genre de compétition a pris des proportions encore plus énormes lorsque les millionnaires se sont multipliés, notamment en Russie après l'effondrement du bloc soviétique puis en Chine et d'autres pays émergents où l'argent est sorti à flots des poches des nouveaux riches, pour la plupart des béotiens en matière d'art mais chaudement désireux de faire partie du club des grands collectionneurs quitte à surpayer ce qu'ils ont acheté. A cet égard, le marché contemporain pourrait être comparé à celui du Bitcoin, cette  monnaie virtuelle qui a atteint plus de 20000 dollars l'unité alors qu'elle était vendue pour rien lors de sa mise en circuit. Sur quoi repose la valeur du Bitcoin ? Apparemment sur vent, tout comme celle d'une oeuvre d'art contemporain qui peut s'écrouler à tout moment si son auteur perd l'appui de son galeriste et par ricochet de ceux qui le soutiennent. Serait-ce possible ? Certainement si on prend en exemple certains peintres pompiers du 19e siècle, comme Meissonier, Gérôme, Bouguereau  et d'autres, célèbres en leur temps puis brutalement délaissés après leur mort. Toutefois, le contraire peut arriver si on songe que les oeuvres de peintres russes ou chinois se vendaient pour des bouchées de pain au début des années 1990 pour valoir alors à présent des millions d'euros. Bref, il n'y a que dans le domaine de l'art contemporain que les cotes se font et se défont aussi rapidement tandis que celles des maîtres anciens sont beaucoup moins fluctuantes.

En 1972, la cote moyenne de Warhol, n'était que de 30 000 dollars (plus de 20 millions désormais) En 1982, un tableau de Basquiat ne valait pas plus de 10 000 dollars, contre plus de 10 millions aujourd'hui et un record à 110 millions tandis que les prix pour Modigliani, Picasso, Lichtenstein, Rothko, Johns, de Kooning, Hirst, Koons et d'autres ont explosé en moins de 20 ans. On remarquera donc que cette tendance à la hausse persistera tant que le monde restera à l'abri d'un cataclysme économique et financier. Or, il suffirait d'un krach, comme celui de Wall Street en 1929, d'un conflit majeur au Proche-Orient ou d'une guerre atomique entre la Corée du Nord et les Etats-Unis pour provoquer l'effondrement des places boursières de la planète et celui du marché de l'art.

Pour l'instant, il n'y a eu que des nuages mais ceux-ci restent chargés pour laisser craindre une catastrophe majeure, qu'elle soit économique ou climatique, qui pourrait survenir à tout instant comme lors du déclenchement de la Première et de la Seconde Guerre mondiale en 1914 et 1939, des conflits qui mirent les pays belligérents à bas pour des années.

Maintenant, il s'agit de revenir à nos moutons, à savoir comment un artiste peut devenir une star du marché, ce qui n'est donné finalement qu'à quelques élus. 1) Faire comme Warhol, c'est à dire définir un nouveau genre, comme Banksy, la vedette du Street Art, un artiste (ou des) resté farouchement anonyme depuis la découverte de ses oeuvres dans plusieurs cités du monde et dont les oeuvres s'arrachent maintenant dans les ventes publiques. 2) Mettre la dépouille d'un requin dans un aquarium de formol et s'arranger pour que cette installation soit achetée par un grand musée, tout comme aligner des boîtes de médicaments sur une étagère. C'est ce que Damien Hirst a fait. 3) Promener un grand galeriste en le tenant en laisse et en le faisant marcher à quatre pattes après avoir pris soin de convier la presse à cet événement, ou récréer le sigle géant Hollywood et l'installer sur une colline de charbon en invitant la Jet-Set à la gravir lors de cet événement. C'est ce que Maurizio Cattelan a réalisé en faisant par ailleurs scandale  avec son installation montrant le pape Jean-Paul II terrassé par une météorite ou une autre figurantle petit Adolf Hitler agenouillé en train de prier. 4) Se mettre nu sur la Place Rouge et se clouer les testicules ou mettre le feu à la porte d'entrée du KGB, c'est ce qu'a osé faire l'artiste contestataire russe Piotr Pavlenski sans toutefois devenir un artiste recherché. 5) Saouler ou droguer complètement le grand galeriste Gagosian au cours d'une soirée et lui faire signer un contrat mirobolant, ce qui sera malheureusement difficile à faire. 6) Epouser une star du Porno pour faire la une des journaux à scandales et créer des oeuvres qui rappellent l'enfance, comme un chien en forme de ballon, ou qui collent à des mythes, comme produire une sculpture en porcelaine montrant Michael Jackson dans un bain moussant, ou encore créer d'énormes fleurs en plastique. C'est ce qu'à réalisé Jeff Koons avec, comme Warhol, l'aide d'assistants pour devenir désormais une star du marché. 7) Mettre une sculpture monumentale en forme de plug anal géant en plein milieu de la place Vendôme au risque qu'elle soit vandalisée. C'est ce qu'à entrepris de faire l'artiste américain Paul McCarthy. 8) Placer une installation en résine montrant un carrosse tiré par des chevaux dans les jardins du Château de Versailles, comme l'artiste Xavier Veilhan l'a fait. 8) Emballer l'Arc de Triomphe ou la Tour Eiffel, comme Christo avec le Pont-Neuf 9) Mettre des miroirs convexes ou concaves imposants au Grand Palais pour que les visiteurs se mirent dedans, comme l'a fait Anish Kapoor 10) Créer des oeuvres avec des carrelages en imitant Invader qui cartonne dans les ventes aux enchères.

La liste des installations délirantes pourrait être encore plus longue mais encore faut-il faire preuve d'inventivité pour ne pas être accusé de plagiat. Alors, pourquoi ne pas mettre une énorme machine à sous à la FIAC pour piéger les visiteurs ou placer une oeuvre muni d'un système destiné à les hypnotiser et les forcer ainsi à l'acheter, ou encore  y accrocher un tableau invisible,? Allez, allez chers artistes, un peu d'ingéniosité pour atteindre la célébrité, sachant que l'esthétisme est devenu suranné, l'essentiel étant de pouvoir provoquer et de choquer.

Le plus important est de séduire un galeriste en pointe, celui qui est capable d'accomplir des miracles d'ingéniosité et de berner les grands collectionneurs de la planète, notamment les Chinois dont certains se sont rués sur les oeuvres de l'artiste chinois Qi Bai Shi (1864-1957) qui avait remis à l'honneur la peinture traditionnelle de leur pays pour qu'elles se vendent à présent à plus de 100 millions de dollars alors que ce ne sont finalement que des copies prouvant ainsi que l'innovation dans le domaine de l'art contemporain est plutôt limitée d'autant plus que les acheteurs ne s'y intéressent pour la plupart avec seulement l'idée de spéculer.

Certains des artistes devenus désormais célèbres ne sont d'ailleurs pas dupes de leur imposture, comme l'avisé Jeff Koons qui a consacré une grande partie de son argent gagné si facilement à acheter des oeuvres importantes de maîtres anciens. Mais on ne peut pas leur jeter la pierre s'il existe à travers le monde tant de gogos qui n'ont pas pris la peine de se mettre dans la tête que l'art est avant tout l'expression de la beauté.

Du reste, il n'est pas possible de mettre sur le même pied des artistes contemporains qui ne traduisent que des idées parfois plus que farfelues avec des maîtres comme Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Le Gréco, le Titien, Brughel, Le Caravage, Rubens, Rembrandt, Vélasquez, Vermeer et tant d'autres qui surent se sublimer et dont la revanche pourrait bien être en marche puisqu'un tableau du premier nommé a atteint 450 millions de dollars aux enchères en dépit du fait qu'il était restauré à au moins 80%. Ce qui démontre quelque part que leur légende est loin d'être éteinte.

En conclusion, le domaine de l'art contemporain demeure le plus volatile au sein du marché parce que les modes changent et que comme à la fin du XIXe siècle, des artistes recherchés aujourd'hui pourraient ne plus l'être demain sauf qu'en attendant, ceux qui en misant sur eux ont réalisé des plus-values plus que juteuses en moins de deux décennies sauront vraisemblablement changer de cap comme l'ont d'ailleurs fait certains riches chinois en achetant aussi de l'art ancien, histoire de ne pas mettre leurs oeufs dans le même panier tandis que des maisons de vente comme Christie's ont déjà paru anticiper le mouvement en incluant dans leurs ventes d'art contemporain des oeuvres d'artistes disparus depuis des siècles. Confronter le passé avec le présent semble finalement la meilleure idée qui soit pour que les amateurs aiguisent enfin leur oeil et prennent conscience que certains créateurs devenus avant tout des as du marketing sont loin d'être des génies artistiquement parlant.

Adrian Darmon

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