Frédéric Bazille (1841-1870) serait peut-être devenu le plus grand des peintres impressionnistes s'il n'avait pas eu le malheur de tomber à 29 ans sous les balles prussiennes sur le champ de bataille de Beaune-la-Rolande alors qu'il avait peint des oeuvres encore plus remarquables que celles de Renoir ou de Monet dont le talent n'était pas encore aussi affirmé que le sien.
Bazille ne traversa l'histoire de la peinture que comme un météore sans connaître la gloire qu'il aurait amplement méritée avant d'être progressivement redécouvert et de faire l'objet d'une grande rétrospective au musée Fabre de Montpellier qui s'est achevée le 16 octobre pour aller ensuite au Musée d'Orsay du 15 novembre au 5 mars.
L'historien d'art Michel Schulman a grandement permis à Bazille de sortir de l'oubli en publiant le catalogue raisonné de son oeuvre et surtout en cherchant avec acharnement à retrouver des toiles disparues pour déjà en découvrir une douzaine depuis 1995.
Né dans une famille de notables (son père fut avocat et sénateur) qui vécut entre Nîmes et Montpellier, Bazille vint en 1862 à Paris où il abandonna vite ses études de médecine pour se consacrer à l'art en étudiant le dessin dans l'atelier de Charles Gleyre en compagnie de Monet, Renoir et Sisley qui, rétifs à son enseignement qu'ils jugeaient trop académique, préférèrent vite voler de leurs propres ailes.
Attiré par les artistes d'avant-garde, Bazille fréquenta les cafés de la Nouvelle Athènes entre Pigalle et les Grands Boulevards pour échanger des vues avec ces derniers, dont Monet qui vécut quelque peu à ses crochets, tandis qu'il peignit en l'espace de sept ans de nombreuses oeuvres, notamment de superbes scènes intimistes dans des jardins,avant de mourir bêtement en combattant au sein d'un régiment de zouaves.