Le nom de Hilma af Klint (1862-1944) ne dit pas grand chose dans le monde de l'art sauf que cette artiste suédoise dont la Serpentine
Gallery de Londres exposa actuellement ses oeuvres a été une pionnière de l'art
abstrait des temps modernes bien avant Kandinsky, Mondrian et Malévitch.
Plutôt empreintes d'ésotérisme,
ses peintures sont méconnues pour la simple raison qu'elle était restée plutôt dans
l'ombre et qu'elle avait refusé de les faire exposer durant les vingt années
qui suivirent sa mort.
Af Klint s'était formée à la
réalisation de portraits, de paysages et de natures mortes à l'Académie royale
de Stockholm entre 1882 et 1887 avant de se détourner de l'académisme et de
former avec d'autres femmes le groupe De Fem (les cinq) pour organiser des
séances hebdomadaires sur les religions et les philosophies ésotériques.
Elle réalisa alors des oeuvres expérimentales
à partir du langage automatique pour exprimer le langage secret de la nature
sous ses aspects terriens ou cosmiques et communiquer avec des forces
spirituelles et immatérielles à travers une abstraction pour le moins étonnante
et parfois psychédélique entre 1906 et 1915 comme si elle avait été en transes
ou possédée.
Dans un style méthodique et
géométrique, elle utilisa plusieurs palettes de couleurs chromatiques chaudes en représentant sur des fonds noirs ou gris des constructions et des emboîtements de formes géométriques issues du carré et du cercle es cercles et des triangles, simples à première vue mais profondément
mystérieux qui interpellent le spectateur comme s'il se retrouvait face à des
cartes ou des diagrammes à déchiffrer.
Il est
cependant difficile de définir cette artiste vraiment à part qui se servit de
l'ésotérisme pour exprimer sa vision du monde et de la vie à travers des
oeuvres étranges assurément narratives et propres à la rendre inclassable sinon
croire qu'elle était un peu timbrée sauf qu'elle avait abordé l'abstraction
bien avant les grands maîtres de l'ère moderne sans nullement chercher à en revendiquer
la paternité en laissant la place à une spiritualité latente chargée de symboles.