ArtCult : Les actualités du marché de l'art .
Rechercher dans le site :
  Accueil
  Actualités
  Dossiers
  Marché de l'art
  Outils d'experts
  Communication
Recherche
Rechercher dans la page News :
Rechercher dans le site :

Citation
Découvrir quelque chose qui a tout d'un trésor est à la portée du premier venu. Le faire authentifier par un expert ne l'est souvent pas...

Actuellement
Dernieres petites annonces
15/10: UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE
UN MOMENT DE DECOUVERTE ARTISTIQUE SUR ferse.hubside.frA très bientot sur le site!!! ...
24/07: RECHERCHE OEUVRES MAJEURES
We are a consulting firm of Art and Antiques, whose main activity is themanagement of p...
08/04: RECHERCHE OEUVRES D'ARTISTES ROUMAINS
Collectionneur recherche oeuvres importantes d'artistes roumains: Pascin, Janco, Maxy...
> Passer une annonce
Estimation d'oeuvre d'art
Envoyez nous une photographie accompagnée d'une description afin de bénéficer de notre expertise.
Soumettre une estimation

Lettre d'information
Entrez votre email pour souscrire à notre lettre d'information :

News

L'intégralité des nouvelles 2008, 2009, 2010 , 2011 et 2012

Par ailleurs, ArtCult met à votre disposition l'intégralité des news depuis sa création dans la rubrique archive.magazine

Partenaire de: envoyersms.biz






                                       Contactartcult@wanadoo.fr

Page précédente 51/1993
Retour
UN MARCHE DE L'ART EN EBULLITION MAIS L'ART LUI-MEME POSE QUESTION Par Adrian Darmon
15 Mai 2015
Catégorie : Editorial

Ebouriffant, il n'y a pas d'autre mot pour saluer les trois jours de ventes d'oeuvres impressionnistes, modernes et contemporaines de Christie's qui ont totalisé près de 1,4 milliard de dollars, du jamais vu jusqu'à présent dans le monde des enchères.

La frénésie manifestée par certains riches acheteurs a eu de quoi interpeller les analystes du marché aujourd'hui plus que jamais considéré comme une annexe des marchés financiers où la spéculation va plus que bon train puisque certaines oeuvres achetées pour 1,5 million de dollars il y a dix ans se vendent aujourd'hui dix fois plus cher.

Après avoir vendu pour 705,9 millions de dollars d'oeuvres modernes, Christie's a récidivé le 13 mai en enregistrant 658,5 millions de dollars pour sa vacation d'oeuvres d'après-guerre et contemporaines pour asséner un coup de massue à Sotheby's, sa principale rivale qui n'avait totalisé que 379,7 millions de dollars pour sa vente d'oeuvres contemporaines du 12 mai après avoir engrangé 368 millions la semaine précédente avec une vacation d'oeuvres impressionnistes et modernes.

Cela dit, les deux maisons de vente ont joué la carte de prix garantis à leurs vendeurs pour assurer le succès de tels événements sans qu'on puisse savoir si elles ont vraiment tiré profit d'un jeu jugé hautement dangereux par les observateurs.

Néanmoins, elles ont bénéficié de l'arrivée sur le marché d'une nouvelle catégorie d'acheteurs prêts à batailler férocement pour des oeuvres considérées comme exceptionnelles qui parfois se vendent en privé au double des prix enregistrés aux enchères.

L'art est de plus en plus devenu synonyme de réussite sociale pour ainsi attirer les nouveaux millionnaires de la planète bien qu'ils n'y connaissent pas grand chose en voyant principalement à travers leurs achats de bons investissements et cela a eu l'effet pervers de pénaliser les véritables connaisseurs qui n'ont pas les moyens de s'offrir ce qui pour eux représentent les rêves de leur vie.

A cet égard, on ne se rend pas encore compte que l'art est simplement en train d'agoniser pour ne plus être qu'un produit financier même si les musées et les grandes foires font sans cesse le plein de visiteurs sauf qu'on oublie qu'ils ont fini par s'y rendre en les considérant comme des passages obligés à l'image de la Tour Eiffel, Notre-Dame ou Disneyland car rares sont ceux qui ont des connaissances dans ce domaine.

Il n'y a qu'à voir les milliers de touristes qui se pressent au Louvre devant la Joconde de Léonard de Vinci pour se faire une idée du phénomène, les uns et les autres posant pour une photo comme un chasseur devant son trophée sans trop se préoccuper du tableau et de ses détails et ce n'est donc pas en parcourant un musée au pas de course qu'on peut admirer une oeuvre à loisir et encore moins l'analyser pour essayer de bien la comprendre.

Les nouveaux acheteurs ne cherchent pas vraiment à collectionner des oeuvres pour l'amour de l'art mais à les posséder avec le désir de conforter leur statut social et de faire des profits comme on l'a constaté mercredi chez Christie's lorsqu'une sculpture de Giovanni Anselmo a culminé à 6,4 millions de dollars sur une estimation de 900 000 sans qu'on comprenne vraiment le pourquoi d'un tel engouement tandis qu'un tableau de Mark Rothko titré "N° 10" a été enlevé à 81,9 millions de dollars, un prix qui aurait bien surpris cet artiste lequel batailla toute sa vie pour atteindre le succès avant de finir par se suicider.

Il y a dix ans, Rothko atteignait au mieux 15 millions de dollars alors que Lucian Freud, dont un tableau titré "Benefits Supervisor Resting" (1994) a été vendu pour 56,2 millions de dollars, peinait à dépasser le million.

Au cours de cette vente, "Colored Mona Lisa" (1963) d'Andy Warhol a également atteint 56,2 millions de dollars tandis que "Field Next to the other Road" de Jean-Michel Basquiat a été adjugé pour 37,1 millions de dollars, des sommes qui affolent les compteurs en transformant le marché comme un casino réservé à des ultra-riches qui misent à tout-va sur des oeuvres propres à leur rapporter des martingales.

Le fait d'offrir des garanties à leurs vendeurs a donc placé Christie's et Sotheby's sur la corde raide étant donné que les oeuvres vendues en-dessous de celles-ci les oblige à leur payer la différence. Pour l'instant, le système est compensé par les ventes de celles qui dépassent les estimations mais le jour où une vacation sera franchement mauvaise, l'une ou l'autre se retrouvera peut-être le dos au mur en priant pour ne pas subir d'autres déconvenues.

Lors de sa vente du mercredi, Christie's avait garanti les prix de 49 lots sur les 82 proposés et 18 sur 35 le lundi lors de la vente record du tableau de Picasso et de la sculpture de Giacometti  tandis que les garanties de Sotheby's le mardi concernaient 16 lots.

Ce système de garanties reste très opaque et personne ne sait si Christie's et Sotheby's  parviennent à tirer leur épingle du jeu sauf de dire qu'ils tirent pour l'instant avantage des prix obtenus actuellement sur le marché et de la présence active des gros acheteurs de la planète.

Les enchères faramineuses obtenues à New York ou à Londres font bien entendu les choux gras de la presse qui évoque rarement les difficultés rencontrées dans le secteur médian du marché où les pièces de moyenne qualité se vendent désormais très mal alors que des dizaines de galeries et de boutiques d'antiquités ferment chaque année à travers le monde faute de réaliser des C.A convenables.

Il suffit ainsi d'analyser la situation du marché aux puces de Saint-Ouen, le plus grand marché d'antiquités au plan international, pour se faire une idée du marasme ambiant qui y règne pour constater que les marchands spécialisés dans l'ancien ne sont plus qu'une petite centaine sur 2000 après avoir été supplantés par des spécialistes du Design et de l'art contemporain qui parviennent encore à tenir le coup en séduisant une clientèle encore jeune.

Dans ce contexte, il convient également de prendre en compte non seulement la crise économique qui a affecté les classes moyennes mais aussi le changement de génération avec une catégorie des 30-50 ans qui inclut désormais de plus en plus d'individus  issus de l'immigration,  moins enclins à acheter de l'art ancien ou carrément  peu intéressés par l'art tout court, pour enfin saisir que les enchères incroyables enregistrées par les grandes maisons de vente sont trompeuses puisque celles enregistrées par ailleurs, notamment à Paris où Drouot est en net recul, sont plutôt minables par rapport aux résultats d'il y a dix ans.

En conclusion, le marché de l'art ne repose que sur des ventes réservées aux quelque 2000 millionnaires de la planète qui pour la plupart mettent leurs acquisitions à l'abri dans des ports francs en attendant de les remettre en vente quelques années plus tard avec l'ambition de faire de juteux profits, ce qui veut dire que la race des vrais collectionneurs est en train de s'éteindre à cause de gens cupides qui moralement ne valent pas beaucoup mieux que les obscurantistes qui ont détruit de mythiques sites antiques  en Syrie ou en Irak d'autant plus que le marché n'a pas été épargné ces dernières années par moult scandales de faux et d'escroqueries.

Adrian Darmon



Mentions légales Conditions d'utilisation Rédaction Annonceurs Plan du site
Login : Mot de passe ArtCult - Réalisé par Adrian Darmon