A
Berlin, 250 experts se sont réunis au début du mois de décembre 2014 pour
discuter des moyens d'aider la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan ,l'Egypte et
d'autres régions soumises à des conflits pour protéger leurs patrimoines
culturels qui n'ont pas cessé d'être pillés depuis des années.
Les
combats dans ces pays ont été dévastateurs pour nombre de sites archéologiques devenus la proie de pillages mais aussi détruits ou négligés avec pour résultat un trafic inquiétant
de pièces volées à travers le monde.
De
nombreux participants ont réclamé le renforcement des lois pour empêcher
l'acquisition de pièces archéologiques importantes par des collectionneurs ou
des marchands d'art peu scrupuleux et
protéger de nombreux sites historiques, comme la mosquée des Omeyades en Syrie
.
Pour sa
part, Irina Bokova, la directrice générale de l'UNESCO a suggéré l'interdiction pure et simple de la vente de pièces archéologiques provenant notamment d'Irak ou de Syrie
tandis que de nombreux directeurs de musées ont demandé une intensification de
la lutte contre les trafics illicites et les destructions de sites légendaires.
Le
problème a été qu'à l'occasion de guerres, les pillages de trésors artistique ont eu lieu depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, ce qui a provoqué des différends
entre plusieurs pays des siècles après leur survenance comme dans le cas de la
Grèce qui a réclamé le retour des frises du Parthenon possédées par le British
Museum depuis plus de 200 ans ou de celui de la Russie qui a constamment refusé
de restituer des oeuvres saisies par les troupes soviétiques lors de l'invasion
de l'Allemagne nazie en 1945.
De son
côté, l'Allemagne a été loin de régler le problème des confiscations nazies
effectuées à travers l'Europe occupée entre 1933 et 1945 ainsi qu'on l'a
constaté avec la ténébreuse affaire Gurlitt qui avait conduit à la découverte à Munich et en Autriche de plus de 1500 tableaux, dont près de 500 auraient été saisis à des
collectionneurs juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.
De ce
fait, l'Allemagne envisage désormais de faire adopter une nouvelle loi
requérant de la part de marchands des documents sur la provenance de toute
oeuvre importée ou exportée du pays mais Vincent Gerling, le président de
l'association international des professionnels spécialisés dans l'art ancien a
rétorqué qu'il n'y avait nul besoin d'une nouvelle loi en considérant que les
musées et les collectionneurs étaient aptes à faire eux-même la police.
Pour
leur part, la Suisse et plusieurs pays européens ont renforcé leur législation
sur les oeuvres d'art mais pas autant que les Etats-Unis qui ont signé des
accords avec une douzaine d'Etats pour contrer les transactions illicites
d'oeuvres culturelles.
La
signature en 1970 de la Convention de l'Unesco fut la première mesure
importante destinée à lutter contre le trafic de pièces archéologiques mais celle-ci n'a pas eu l'effet
escompté pour divers pays comme l'Egypte qui a indiqué que plus d'un marchand trouvait aisément le moyen de contourner celle-ci en faisant croire que les objets qu'il achetait avait quitté le pays
avant cette date butoir.
Les
participants à cette réunion ont par ailleurs tous été d'accord pour dire que
le trafic d'antiquités était facilité par le désir de gens riches d'obtenir des
pièces importantes pour asseoir leur statut social et que sans cette attitude,, il n'y
aurait plus de pillages et donc plus de
crime organisé.
Le
problème est que nombre d'experts se laissent abuser par des individus aptes à fabriquer de fausses provenances en prêtant indirectement leur concours à des
transactions illicites et ce, sans trop chercher à voir le mal alors que des
alertes sont sans cesse émises dans la presse et sur Internet où des oeuvres pillées sont
ouvertement proposées sur des sites de vente.
Les
divers conflits qui ont essaimé certaines parties du globe ont ainsi provoqué le
départ précipité d'équipes d'archéologues qui ont laissé des sites exposés à
des pillages profitant à des trafiquants et des djihadistes qui ont monnayé leurs butins pour se financer, comme en Afghanistan, un pays dont le patrimoine s'est évaporé
au fil des années.