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LETTRE OUVERTE AUX GOGOS DU MARCHE DE L'ART PAR ADRIAN DARMON
02 Décembre 2013
Catégorie : Editorial
Indifférent à la crise économique qui a mis nombre de pays de la planète à genoux, le marché de l'art a affiché une insolente santé durant cette année 2013 grâce à une pluie d'enchères millionnaires enregistrées par Christie's ou Sotheby's à New York, Londres ou en Asie et ce, grâce à des acheteurs possédant d'incroyables réserves d'argent.

Les super riches ont donc fait du marché de l'art leur chasse réservée au grand dam des véritables collectionneurs qui n'ont plus guère les moyens de rivaliser avec eux dans les salles de vente quand bien même la plupart des enchères sont portées dans le domaine de l'art contemporain qui est l'objet de tous les excès.

On aura beau vouloir relativiser, dire que les plus belles oeuvres d'art ont été pour la plupart raflées par des nantis depuis des lustres, que ce soit par les les monarques, les princes et les aristocrates du 15e à la fin du 18e siècle, puis par les bourgeois et les nouveaux riches au 19e et au 20e siècle, il n'en reste pas moins que la démesure a été atteinte depuis deux décennies avec l'émergence d'acheteurs ayant fait fortune à travers le monde dans les nouvelles technologies, le pétrole ou le commerce.

Les milliardaires du Golfe ou des pays émergents d'Asie ou d'Amérique du Sud ont modifié la donne en misant des sommes folles, essentiellement dans le domaine de l'art contemporain qui par essence est inépuisable, sur des oeuvres d'artistes dont les cotes ne cessent pas d'exploser sans qu'on parvienne à expliquer le pourquoi du comment de ce phénomène.

Au 18 e siècle, les nobles anglais considéraient comme un devoir de faire le Grand Tour en allant visiter l'Italie et d'autres pays méditerranéens d'où ils ramenaient des sculptures ou des peintures, notamment des vues de Venise comme celles peintes par le talentueux  Canaletto qu'ils payaient à prix d'or mais certainement pas à ceux-ci qui sont atteints aujourd'hui.

Au 19e et au début du siècle, les aristocrates russes et les riches Américains qui avaient fait fortune dans les mines ou les chemins de fer jetèrent leur dévolu sur les oeuvres de peintres modernes de leur époque restés longtemps ignorés dans leurs pays d'origine pour alors se constituer des collections sans pourtant dépenser des sommes monstrueuses.

Il convient de souligner que même s'il fut fréquenté principalement par des nantis, le marché de l'art resta jusqu'à la fin des années 1970 un domaine où la spéculation était absente vu que les prix obtenus pour des oeuvres importantes étaient relativement modestes par rapport à ceux enregistrés depuis la fin des années 1980. A titre comparatif, un beau Cézanne valait à peine trois ou quatre millions de francs en 1972 (il faut compter bien plus de 25 millions d'euros à présent), un magnifique Renoir ne coûtait pas plus d'un million et demi de dollars, un superbe Pissarro tout juste 260 000 dollars et un sublime Monet moins de 500 000 dollars. On est donc à des années lumières des quelque 260 millions de dollars payés en privés par l'Emir du Qatar pour une version des "Joueurs de cartes" de Cézanne, l'oeuvre d'art considérée comme la plus chère au monde devant le triptyque de Francis Bacon représentant Lucian Freud vendu également au Qatar, cette fois aux enchères, pour 152,5 millions de dollars en novembre 2013 chez Christie's à New York.

Malgré la crise, les records d'enchères n'ont pas cessé de tomber, notamment pour des peintres chinois dont certains étaient complètement négligés il y a vingt ans, pour les expressionnistes abstraits américains, pour Lucian Freud, pour Andy Warhol dont une oeuvre a dépassé les 104 millions de dollars en novembre 2013 ou pour Jeff Koons dont un chien en forme de ballon conçu par l'artiste mais créé par des assistants a culminé à 58 millions de dollars.

Regorgeant de liquidités, les acheteurs n'ont pas lésiné à la dépense pour acquérir des oeuvres que les critiques ont tendance à considérer comme nulles sinon superfétatoires. Qu'un Jeff Koons vaille l'équivalent de trois beaux Rembrandt laisse plutôt songeur, à moins de comprendre que ses oeuvres font l'objet d'une spéculation sans bornes, ce qui veut dire que les amateurs ont pour seule motivation de réaliser de juteux bénéfices lors de leurs reventes.

Bref, le marché de l'art est devenu en trente ans une véritable entité économique là ou précédemment il ne restait fréquenté par des collectionneurs désirant avant tout se faire plaisir avec des choses acquises à des prix qui restaient alors décents.

On finirait donc par croire que les acheteurs d'aujourd'hui ne seraient que des gogos manipulés par les grandes maisons de vente et les grandes galeries. Se prenant pour de fins connaisseurs,  ils ont en fait pour seul souci d'asseoir leur standing comme ceux de la génération des années 1970-80 qui achetaient des Ferrari ou des Rolls Royce pour épater la galerie avant de se rendre compte que leurs égaux pouvaient faire de même, ce qui réduisait quelque peu leur ambition d'en imposer aux autres.

Il en va différemment lorsque les amateurs d'aujourd'hui achètent un Warhol ou un Basquiat à plus de 50 millions de dollars pour organiser de temps à autres des réceptions visant souvent à rendre leurs invités jaloux de leur réussite. Ces gens là n'ont pour leurs oeuvres que les yeux de financiers faisant le compte de leurs bénéfices engrangés durant leur carrière sans avoir le regard admiratif d'un amoureux de l'art, heureux de posséder quelque chose qui le fait vibrer intérieurement.

Issu du monde de la publicité, Andy Warhol avait eu le génie de trouver la recette idéale pour attirer nombre de gogos dans ses filets en leur proposant alors au tarif unique de 25 000 dollars de tirer leur portrait en photo et de l'idéaliser sur la toile via le procédé de la sérigraphie qui lui permettait de multiplier les oeuvres à l'envi avec l'ambition de faire de l'art un véritable produit de consommation. Pari plus que réussi pour Warhol qui se contenta la plupart du temps de concevoir des oeuvres dont la réalisation était effectuée par de nombreux assistants.

En imposant son système de duplication, Warhol est parvenu à révolutionner le marché de l'art et à se mettre dans la poche un énorme contingent de collectionneurs d'art contemporain au grand plaisir des grands galeristes et des maisons de vente qui ont su faire grimper sa cote tout en misant sur ses héritiers, notamment Maurizio Cattelan et Jeff Koons pour faire décoller le marché de l'art après l'entrée en scène des acheteurs du Golfe, de Russie et d'Asie, des milliardaires qui l'ont propulsé vers de nouveaux sommets en faisant fi de tout esprit de raison.

La déraison est néanmoins vite apparue sur le marché, précisément en 1987 lorsque le businessman australien Alan Bond acheta au prix record de 53,9 millions de dollars les "Iris" de Van Gogh, une somme dont il ne put s'acquitter, avant le rachat de cette toile par le Getty Museum trois ans plus tard. Cela a déjà eu tendance à prouver que certains acheteurs avaient les yeux plus gros que le ventre alors que d'autres frisaient la démence en se ruant sur des oeuvres qui esthétiquement ne valaient pas tripette.

Messieurs les gogos, il est donc plus que temps de faire preuve de bon sens pour réaliser qu'un tableau de Botticelli, Caravage, Rubens, Vélasquez, Rembrandt, Goya ou d'un autre grand maître est plus magique qu'une prétendue toile de Warhol ou d'autres oeuvres d'artistes contemporains vendues à des prix astronomiques pour aller ainsi insulter la mémoire de ces génies de l'histoire l'art parce qu'on aura beau dire, les prix obtenus pour l'art contemporain sont devenus proprement indécents.

Vous pouvez être riches à millions, acheter sans compter sur le marché de l'art avec l'aide de conseillers issus de Christie's ou de Sotheby's que vous rétribuez grassement, vous resterez des gogos tant que vous n'aurez pas compris que l'argent ne fait pas tout et que le seul moyen de revenir sur terre réside dans une meilleure compréhension de l'histoire de l'art sauf qu'il faut du temps et des années pour ce faire. 

En attendant, les connaisseurs et critiques du marché ont baissé les bras face à vos orgies d'achats qui ont fini par faire croire que Warhol était l'égal de Picasso pour donc sonner le glas du vrai, celui censé provoquer un choc émotionnel et marquer nos esprits à jamais pour nous amener à célébrer la quintessence des grandes réalisations artistiques, ce qui ne sera pas vraisemblablement pas le cas pour de nombre d'artistes contemporains, aujourd'hui au zénith, lesquels, comme les Meissonier ou les Bouguereau qui furent encensés à la fin du XIXe siècle, pourraient plus tard  bien finir aux oubliettes si vos héritiers ne parvenaient plus à trouver les moyens de s'activer autant que vous sur le marché pour les soutenir.

Adrian Darmon
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