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Il n'y a que la culture qui peut sauver un être humain en ce bas monde (Frederico Zeri)
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Le journal d'un fou d'art
Chapitre :
12 titres
IVème Chapitre
UNE MOUCHE DANS LA SOUPE
01 Novembre 2000 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Le contemporain semble devenir la nouvelle vache à lait du marché de l'art puisque les pièces modernes de qualité se font de plus en plus rare mais la ruée sur les nouvelles stars de l'an 2000 ne laisse pas d'inquiéter. Voilà que chez Christie's au début du mois de novembre, un amateur a osé payer plus de 88,000 dollars pour une mouche grandeur nature en plastique et métal de l'artiste Tom Friedman, un nouveau venu dans le cercle des vedettes actuelles du marché, une simple réplique de ce qu'on peut trouver dans une boutique de farces et attrapes pour moins de quinze francs. De qui se moque-t-on ? Mieux encore, au cours de la même vente, un rideau de perles en plastique comparable à ceux qu'on trouve dans l'encadrement de portes de cuisines dans les pays chauds, a été enlevé pour 1,6 million dollars. Il est vrai que son créateur, l'artiste Félix Gonzales-Torres, est mort du Sida il y a quatre ans et qu'on a trouvé là le moyen de le faire passer à la postérité. Il ne resterait plus qu'à coller la mouche de Friedman sur ce rideau pour accroître la valeur de l'ensemble. Mais, me direz-vous, cela reviendrait moins cher de créer un rideau avec de véritables boules d'or. Mais voilà, il faudrait bénéficier d'une belle campagne médiatique de la part des petits génies du service marketing de chez Christie's et faire parler de soi amplement dans la presse pour espérer réaliser un beau score dans une vente. Le problème est qu'il y a des gens qui ont gagné de l'argent à ne plus savoir qu'en foutre et qui misent des sommes colossales sur des artistes qui risquent finalement de n'être que des étoiles filantes. Décidément, il est temps d'imposer l'histoire de l'art comme matière obligatoire dans toutes les écoles de la planète pour permettre aux jeunes d'acquérir plus tard des notions valables en matière d'art. Le drame est que la plupart des «Golden Boys» savent à peine rédiger une lettre et que leurs goûts s'arrêtent carrément au décor des toilettes de leurs bureaux. Fermons le ban… Je préfère évoquer l'enchère de plus de onze millions FF prononcée sur un dessin attribué à Bronzino représentant un Christ pour une Piéta qui n'avait été estimé que 600 000 FF avant la vente. Autant dire que l'expert n'a pas voulu prendre de risque avec ce dessin dont le prix dépasse allègrement celui qui serait atteint pour une peinture de cet artiste de la Renaissance. On s'excite toujours autant à l' Hôtel Drouot quand passent en vente des œuvres rares. Question : acheté par Jean-Luc Baroni pour le compte de la Galerie Colnaghi de Londres, combien sera-t-il revendu ? Le 1er décembre, encore à Drouot, un tableau pouvant être de Renoir et représentant un portrait de femme, a été vendu pour 200 000 FF après que les enchères eurent démarré à 800 FF. Il reste à l'acheteur, surnommé «La Limace» par les habitués de la salle des ventes, à trouver le moyen d'obtenir un certificat d'authenticité. Voilà ce qu'on appeler du quitte ou double encore que si cette œuvre était bien de Renoir, elle vaudrait à coup sûr plus de 4 millions FF.
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Le contemporain semble devenir la nouvelle vache à lait du marché de l'art puisque les pièces modernes de qualité se font de plus en plus rare mais la ruée sur les nouvelles stars de l'an 2000 ne laisse pas d'inquiéter. Voilà que chez Christie's au début du mois de novembre, un amateur a osé payer plus de 88,000 dollars pour une mouche grandeur nature en plastique et métal de l'artiste Tom Friedman, un nouveau venu dans le cercle des vedettes actuelles du marché, une simple réplique de ce qu'on peut trouver dans une boutique de farces et attrapes pour moins de quinze francs. De qui se moque-t-on ? Mieux encore, au cours de la même vente, un rideau de perles en plastique comparable à ceux qu'on trouve dans l'encadrement de portes de cuisines dans les pays chauds, a été enlevé pour 1,6 million dollars. Il est vrai que son créateur, l'artiste Félix Gonzales-Torres, est mort du Sida il y a quatre ans et qu'on a trouvé là le moyen de le faire passer à la postérité. Il ne resterait plus qu'à coller la mouche de Friedman sur ce rideau pour accroître la valeur de l'ensemble. Mais, me direz-vous, cela reviendrait moins cher de créer un rideau avec de véritables boules d'or. Mais voilà, il faudrait bénéficier d'une belle campagne médiatique de la part des petits génies du service marketing de chez Christie's et faire parler de soi amplement dans la presse pour espérer réaliser un beau score dans une vente. Le problème est qu'il y a des gens qui ont gagné de l'argent à ne plus savoir qu'en foutre et qui misent des sommes colossales sur des artistes qui risquent finalement de n'être que des étoiles filantes. Décidément, il est temps d'imposer l'histoire de l'art comme matière obligatoire dans toutes les écoles de la planète pour permettre aux jeunes d'acquérir plus tard des notions valables en matière d'art. Le drame est que la plupart des «Golden Boys» savent à peine rédiger une lettre et que leurs goûts s'arrêtent carrément au décor des toilettes de leurs bureaux. Fermons le ban… Je préfère évoquer l'enchère de plus de onze millions FF prononcée sur un dessin attribué à Bronzino représentant un Christ pour une Piéta qui n'avait été estimé que 600 000 FF avant la vente. Autant dire que l'expert n'a pas voulu prendre de risque avec ce dessin dont le prix dépasse allègrement celui qui serait atteint pour une peinture de cet artiste de la Renaissance. On s'excite toujours autant à l' Hôtel Drouot quand passent en vente des œuvres rares. Question : acheté par Jean-Luc Baroni pour le compte de la Galerie Colnaghi de Londres, combien sera-t-il revendu ? Le 1er décembre, encore à Drouot, un tableau pouvant être de Renoir et représentant un portrait de femme, a été vendu pour 200 000 FF après que les enchères eurent démarré à 800 FF. Il reste à l'acheteur, surnommé «La Limace» par les habitués de la salle des ventes, à trouver le moyen d'obtenir un certificat d'authenticité. Voilà ce qu'on appeler du quitte ou double encore que si cette œuvre était bien de Renoir, elle vaudrait à coup sûr plus de 4 millions FF.
«La Limace», courtier en tableaux depuis une trentaine d'années, aime prendre des risques comme le jour où il osa payer plus de 85 000 FF ce tableau signé «LC», acheté 50 FF par «Ben Claude», le découvreur du paysage de Sandviken par Monet, passé dans une vente courante à Drouot. Las, ce n'était qu'un faux… Le voilà reparti pour un tour avec son «Renoir» mais au bout du compte, cette somme de 200 000 FF, sur un budget annuel de plusieurs millions, ne représente qu'une goutte d'eau pour ce dernier. Plus de nouvelles de «J.R» depuis quelques semaines. Aurait-il fait fortune ou sombré entre-temps ? J'ai plutôt tendance à penser que le bougre a simplement trouvé un gogo à plumer. En attendant, j'ose avouer que ce personnage me fascine malgré son côté cupide et sa fausseté, ne serait-ce déjà par sa capacité à rebondir et à survivre. Samedi 2 décembre, Le marché aux Puces de Saint-Ouen ressemble à une morne plaine, à croire qu'il agonise lentement. Déjà, les chineurs semblent préférer hanter le marché de la porte de Vanves depuis la rentrée quoique là aussi il n'y ait pas grand chose de valable à se mettre sous la dent.
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